La Délivrance des Flamants - Tome 4

Chapitre 3 : Seul avec tout le monde (Cole)

— Heather, soupirai-je, enthousiaste de la revoir.

Malgré son délicat masque rouge, je pus apercevoir la surprise et le soulagement dans ses prunelles grises. Immédiatement, j'en fus hypnotisé. Un an que je n'avais pas croisé son regard. Un an qui m'avait paru plus long que l'éternité.

Elle se leva de son tabouret et ne cessa de me fixer. J'avais l'impression qu'elle allait en pleurer, mais avant même qu'elle n'en ait eu le temps, je la pris dans mes bras, la serrant fermement. Je humais son doux parfum qui m'avait tant manqué et ne m'avait pas quitté durant tout ce temps. Elle s'accrocha à ma veste dans mon dos et sanglota sur mon épaule.

— C'est fini, murmurai-je. Je suis là, je ne partirai plus jamais.

Bien qu'ayant de nombreux doutes, je m'étais fait une promesse : ne plus abandonner ceux qui comptaient réellement pour moi. Heather et Clyde.

— Cole... je n'en pouvais plus d'attendre, couina-t-elle entre quelques respirations.

— Moi non plus, avouai-je dans un bref soupir.

Elle me relâcha, me fixant tendrement, bien qu'un peu déboussolée. Ses yeux me semblaient plus colorés que jamais. Je ne m'attendais vraiment pas à une réaction de sa part. J'étais persuadé qu'elle aurait abandonné et aurait trouvé un autre homme, aurait refait sa vie avec quelqu'un qui la traiterait correctement et qui serait un bon père pour Clyde. Toutes mes angoisses se dissipèrent soudainement rien que par sa présence. Nombreux avaient été mes cauchemars où je l'avais vue au bras d'un autre, c'en était désormais ma plus grande peur. Cet homme inconnu avait fini par remplacer ce monstre. Je le voyais être un meilleur mari que moi, un meilleur père que moi. Ça avait fini par me convaincre à revenir. Je ne pouvais pas attendre davantage... J'avais déjà perdu bien trop de temps.

Je glissai mes mains jusqu'à son visage, prêt à enlever son masque. Je ne voulais plus de cette barrière entre nous. Je voulais la voir, la dévorer des yeux et profiter de chaque instant en sa présence. Elle s'empara de mes poignets, m'empêchant de dévoiler son regard.

— Cole, je ne suis pas du tout bien. Mon maquillage est minable, j'ai des cernes immondes, un teint atroce. Mes cheveux sont pitoyables et j'ai pas mal de kilos en trop depuis la dernière fois ! Ce n'est vraiment pas le bon moment !

— Tu es parfaite, rétorquai-je sans même me soucier de ses défauts.

— Non, je ne suis plus la Heather que tu as connue... Je suis immonde...

— Si tu crois que je t'aime pour ton physique, tu te trompes, renchéris-je en espérant la rassurer.

En voyant que les larmes lui montaient aux yeux, je la pris par le poignet et la conduisis à l'extérieur jusqu'à ma voiture. Elle monta sur le siège passager, partagée entre l'euphorie et la mélancolie. Elle souffrait de mon absence et je m'en voulais. Mais j'avais besoin de partir, elle n'avait pas besoin de la merde que j'étais quelques mois auparavant. Même si tout n'allait plus pour le mieux aujourd'hui, j'avais l'envie de me battre pour elle et Clyde.

Je l'embrassai passionnément, essuyant délicatement ses larmes. Elle haletait, ayant du mal à supporter le choc de la situation. J'aurais vraiment dû la prévenir et lui donner des nouvelles, mais je ne voulais pas la décevoir en prétendant que tout allait bien ou la déprimer en lui envoyant des dizaines de messages disant à quel point je détestais la vie et que je voulais mourir. Je ne l'aurais fait que chuter avec moi, ce n'était pas le but.

— Ne pleure pas Heather, la suppliai-je. Tu es ravissante... D'ailleurs, cette nouvelle couleur de cheveux te va à ravir...

— Et toi tu n'as pas vu un coiffeur à ce que je vois, rétorqua-t-elle, amusée, comme si elle voulait détendre l'atmosphère.