La Délivrance des Flamants - Tome 4

Chapitre 1 : Un pas en avant (Cole)

S'ennuyer est un bien étrange mot. La plupart du temps, j'avais eu l'impression qu'il m'accompagnait comme le faisait mon ombre à chacun de mes pas.

Puis ma définition venait tout juste de vaciller en entrant dans cette pièce. Une heure et plusieurs fois par semaine. Apparemment, c'était pour m'aider. Apparemment. Mais jusqu'à là. Je n'en voyais pas le moindre bénéfice. Je ne disais rien, ou du moins, je laissais le silence parler à ma place.

— Savez-vous que ça fait trois fois Cole ? Trois fois que vous refusez de parler ? s'enquit-elle. Combien de séances allez-vous agir ainsi ?

Une éternité. Cette solution me plaisait. De toute façon, je ne voulais rien dire et je ne dirais rien. Je n'avais pas à me confier à des inconnus, et encore moins à elle. Alors, comme d'habitude, je fixai sa paire de seins proéminente et toujours mise en valeur par un décolleté plongeant et un soutien-gorge...

— Cole, mater mes seins à chaque séance ne vous aidera certainement pas, me réprimanda-t-elle d'un ton dur tout en recouvrant sa poitrine de son gilet rouge.

— Désolé de n'être qu'un homme guidé par ses pulsions, ironisai-je.

Elle nota brièvement quelque chose sur une feuille, comme si je venais de lui révéler une information importante de ma vie. Pourtant, ce n'était rien, juste une remarque salace que j'avais l'habitude de lancer, quitte à ce qu'elle soit misogyne.

— Et pourquoi parler de pulsions ? m'interrogea-t-elle en haussant un sourcil.

— Pour rire. N'y voyez rien de sérieux. Je ne vous parlerai jamais sérieusement, lâchai-je comme un avertissement.

— Alors pourquoi rire en utilisant le terme de pulsions ? Ça n'a absolument rien de drôle.

Sa manière de questionner le moindre de mes dires avait tendance à m'agacer. Elle ne savait pas rire. D'ailleurs, je ne me rappelais pas avoir vu le moindre rictus sur son visage. J'avais affaire à un glaçon. Charmant...

— Cole, tout ce que vous direz restera entre nous. Vous pouvez tout me dire, me rassura-t-elle.

Le secret professionnel. Bien sûr que j'en avais conscience, mais ce n'était pas pour autant que ça allait me débloquer. On m'avait forcé à venir pour un certain nombre de semaines que j'avais volontairement oublié. J'étais instable pour certains et en reconstruction pour d'autres. Pourtant, rien n'avait changé dans mon esprit...

— Vous voulez que je vous dise quelque chose ? lançai-je, amusé. En fait, la seule raison pour laquelle je suis ici, c'est parce qu'on m'y a obligé, mais aussi parce que je bande rien qu'en vous voyant et que j'espère pouvoir vous prendre sur ce bureau à chaque séance de la manière la plus brusque et la plus obscène possible et que vous en criez suffisamment fort pour que ce ne soit que mon unique thérapie. Mais voilà, je suis encore marié, ajoutai-je en mettant en évidence ma bague sous ses yeux. Et malheureusement, ou heureusement, j'ai accepté de ne rien faire pour elle... Mais je ne sais pas si un jour elle sera capable de me pardonner... Encore une fois.

Elle appuya brièvement sur son stylo et se lança dans l'écriture de nombreuses notes, marmonnant entre ses lèvres. Je ne pus rien en tirer, mis à part les mots "accro au sexe" sur ses lèvres.

J'étais, à contrecœur, catégorisé...

*

Depuis cet accident, presque un an avait dû s'écouler. Pourtant, ça ne faisait qu'à peine quelques semaines que j'en avais vraiment conscience de ce sablier en train de se vider lentement.

Les événements avaient beau s'être déroulés lentement, tout allait toujours trop vite. Je courrai à la recherche de quelque chose. Quelque chose, c'était vaste et surtout complètement indéfini.