Voilà une bonne heure que Taehyung faisait les cent pas dans son salon.
Il s'était arrangé du mieux qu'il pouvait pour retarder ses parents, insistant pour qu'ils le laissent seul avec son nouvel ami.
C'était peine perdue, car sa mère aurait bien voulu rencontrer ce mystérieux garçon dont il lui avait souvent parlé. C'était intriguant après tout, tomber amoureux d'un inconnu dans un train.
Enfin ça, heureusement, elle ne le savait pas.
Le plus vieux avait méticuleusement masqué ses sentiments et l'engouement qui s'entendait dans sa voix lorsqu'il parlait de Jungkook.
Il mentait à sa famille, mais c'était pour leur bien, et pour celui d'un possible avenir entre Jungkook et lui.
Taehyung s'y voyait parfaitement ; passer la journée au parc d'attractions en mangeant des glaces plus grandes que leurs visages, aller à l'aquarium, regarder Total Whipeout, et bien d'autres trucs de couples.
Non, il n'avait jamais été en couple.
Sauf en maternelle, mais ça comptait bien moins à ses yeux que les réels sentiments qui naissaient dans son fort intérieur.
Rien qu'à l'entente de son prénom, les papillons et tout le règne animal s'affolaient dans son ventre. C'était bizarre, c'était imprévisible. Mais agréable.
La sonnette tinta enfin dans l'entrée de la maison, et Taehyung manqua de glisser sur le parquet qu'il avait lustré en pensant à son invité.
Il ouvrit la porte en arborant un sourire maladroit, qui se voulait accueillant.
A la vue de ce visage hébété et complètement embarrassé, Jungkook se retint de rire. Son hyung préféré se tenait là, en chair et en os.
« Salut. »
Enfin.
C'était presque s'il lui avait manqué.
Enfin, c'était ce que le plus jeune pensait, étant donné qu'il rêvait de lui et qu'il avait l'impression de sentir sa présence dans son lit lorsqu'il allait se coucher.
Comme il aurait voulu que cette sensation soit réelle.
Comme il aurait voulu le serrer de nouveau dans ses bras, feignant l'ignorance en dormant pour de faux.
Mais c'était plus fort que lui ; le parfum de Taehyung l'enivrait et l'emportait autre part, dans un endroit où ses blessures n'existaient plus et où seulement la pureté du brun existait.
Cette naiveté l'avait toujours charmé, et ce depuis l'instant où il l'avait vu pour la première fois.
Puis cette fois où il voulait ouvrir ce paquet de cookies diablement coriace. C'était si mignon, si enfantin, et ça lui avait plu.
Jamais il ne pourrait lui dire tout ça, ce n'était pas dans sa nature. Jamais il n'avouerait.
Il avait été vaincu par ses propres sentiments, devenus plus forts que ce qui le rongeait auparavant ; le désespoir.
