Chapitre 21

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A travers la vitre, Izuku vis le prisonnier tomber sur le sol comme une poupée de chiffon.

- Izu, va le chercher et ramène le dans sa cellule.

Il posa les yeux sur le meneur de l'équipe de recherche, puis acquiesça et entra dans la salle de test. Il se pencha pour prendre le blond sur son épaule, et vit Kurogiri s'étirer.

- Je le ramène.

Le vilain hocha la tête, puis regarda l'inconscient se faire soulever.

- Tu ne trouve pas qu'il te ressemble, ce gamin ?

- Un peu, oui.

- Il ne serait pas de ta famille, par hasard.

- Non, et c'est ce qui me dérange un peu, pour tout te dire.

- Hmm, bizarre. Bon, dépêche-toi, tu as encore du travail il me semble.

Le vert acquiesça en silence, et sortit de la salle avec le prisonnier en sac à patate sur son épaule. Refermant la porte derrière lui, il se dirigea vers le sous-sol, laissant ses jambes le guider tandis qu'il se plongea dans ses pensées.

Il fallait dire que ce garçon (Sanjikan, apparemment) lui ressemblait un peu, c'est vrai, mais avait aussi certains traits d'une personne dont il ne voulait plus entendre parler. Oui, ce garçon avait des cheveux bouclés. Oui, il avait des tâches de rousseur sur les joues. « Certes, mais pas autant que moi. J'en ai quatres sur chaque joue, et lui que trois. ». Oui, il avait de grands yeux où on retrouvait une couleur verte identique à la sienne, mais qui se mêlait à du rouge rubis comme celle de sa cible de base. Ses cheveux étaient du même blond cendré, la forme du visage possédait les mêmes angles, et il avait un alter du même type. Non, sérieusement, ce garçon est vraiment une énigme à lui tout seul !

Réajustant le corps inconscient sur son épaule, Izuku s'enfonçait un peu plus dans le bâtiment qu'il connaissait depuis maintenant deux ans. Quand on y pense, le temps passe vite quand on ne sort pas un seul instant pour regarder le soleil se lever et se coucher derrière l'horizon.

Il posa l'otage dans sa cellule, puis verrouilla la grille et monta vers sa chambre. Passant devant le miroir, il prit le temps de s'arrêter et de se regarder. Il ne ressemblait plus au petit garçon qu'il était quand il étudiait encore à Yuuei, bien qu'il n'ait pas changé plus que ça. Il avait gagné quelques centimètres, oui, mais sa carrure était restée plus ou moins la même. Il avait une posture plus droite, plus confiante, mais portait un nombre important de cicatrices. On pouvait voir notamment celles sur ses mains et son visage, qu'il ne cachait plus. Ces marques étaient une part de lui, les masquer reviendrait à nier tout le chemin qu'il a parcouru depuis ces deux années.

Il se rapprocha du miroir et posa sa main dessus. Il avait parcouru un chemin long et douloureux, oui, mais ça en valait la peine. Il pouvait enfin se sentir vivant, avec un but à poursuivre. La coquille vide qu'il était au lycée faisait désormais partie du passé. Ses yeux verts émeraude avaient retrouvés leur éclat, bien qu'il soit différent maintenant que ses pupilles étaient légèrement étirées à la manière des félins. Passant sa main dans ses cheveux, il défit sa queue de cheval, laissant ses mèches vertes retomber juste au-dessus de ses épaules, puis sourit.

Il se détourna du miroir et alla se poster sur le balcon. Le soleil laissait dépasser ses derniers rayons au-dessus des buildings avant de descendre lentement vers la mer, effaçant avec lui les dernières bribes de chaleur du jour. Le garçon prit une grande inspiration, fermant les yeux. Les souvenirs de son arrivée ici défilèrent sous ses yeux, depuis ce jour où il avait sauté du pont jusqu'au jour où il a pu sortir voir le soleil de nouveau.

Il se revit au bord de ce pont, prêt à sauter, les larmes brouillant ses yeux vides d'expression. A cette époque, il n'avait plus rien qui le retenait dans ce bas monde. Tous lui avait tourné le dos, tous sans exception. Les héros, ses amis, même son corps ne voulait plus suivre son idéal en rejetant le One for All. Il avait le bras cassé, ses rêve brisés, et venait de voir la personne qu'il aimait piétiner son cœur. Non, plus rien ne l'aurait sauvé de cette situation. Il avait touché le fond, donc il avait prit ce qu'il lui restait de courage, et il avait sauté. La chute avait duré une éternité, jusqu'à ce qu'enfin le sol se rapproche. Il avait fermé les yeux, serein de savoir que c'était enfin la fin.

Seulement quand il a rouvert les yeux, il n'a pas comprit ce qui s'était passé. Il avait sauté, il en était sûr, et avait fermé les yeux quand il avait atteint le sol. Alors, pourquoi était-il encore en vie ?

- Tu as de la chance, tu sais.

Il leva la tête, regardant l'homme qui se tenait devant lui.

- Si je ne t'avais pas rattrapé, tu aurais pu y rester.

Il serra les poings, et baissa la tête.

- C'était le but.

- Hum ?

Il releva la tête, les yeux larmoyants.

- Je voulais mourir. J'ai sauté pour ça. Pourquoi m'avoir sauvé ? Je ne voulais pas !!

Il prit sa tête entre ses mains, et hurla toute sa frustration. Il n'avait même pas réussi à mettre fin à ses jours. Pourquoi la vie était-elle aussi cruelle avec lui ? N'avait-il pas assez souffert ?

Il se calma en sentant une main se poser sur son épaule. Il leva doucement ses yeux vers l'homme devant lui, regardant son expression neutre.

- Tu sais, je ne t'ai pas sauvé par compassion ou autre stupidité du genre. C'est uniquement pour le pouvoir que tu as recueilli. Tu peux nous être utile, c'est seulement pour ça que j'ai créé un double de toi en bas de ce pont pour te récupérer sans que les héros ne s'en aperçoive.

- Donc vous n'êtes pas un héros ?

- Non. Déçu ?

- Non, c'est mieux ainsi.

Le silence tomba sur les deux garçons. Izuku balayait la pièce du regard, remarquant qu'il était dans une pièce semblable à une chambre d'hôpital, mais sans fenêtre.

- Bon, je ne vais pas tourner autour du pot, j'ai pas que ça à foutre. Je suis resté jusqu'à ce que tu te réveilles pour te proposer de nous rejoindre. Tenté ?

- Vous êtes qui ?

- L'alliance des super vilains.

Il ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes, avant de baisser le regard.

- A quoi bon ? je n'ai plus aucune utilité ...

- Faux. On a un moyen de te rendre ton alter, je te cache pas que tu vas déguster, mais ça marche. Et de toute façon, aux yeux du monde tu es mort.

Réfléchissant, le garçon se dit qu'au final il n'y perdait rien. Personne ne l'attendait plus nulle part, c'était d'autant plus vrai que maintenant il était rayé de la liste des vivants. Alors, à quoi bon hésiter ? s'il pouvait être encore utile malgré l'épave qu'il était ...

- D'accord. Je suis des vôtres.

De toute façon, qu'il soit héros ou vilain, ça n'avait plus aucune importance.

D'où je viens et où je vaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant