Chapitre 31

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Dans le QG, c'était la course. Tout le monde courait, préparait ses affaires, s'occupait de tout planifier pour la grande attaque. Ça y est, l'alliance des supers vilains allait enfin faire un coup de grande envergure, et pas juste des petites frappes par-ci par-là. Izuku était parti voir Tomura directement après avoir parlé à Sanjikan, trop dans le doute pour rester à ne rien faire dans sa chambre.

Il avait réussi à le convaincre qu'il fallait bouger, qu'il fallait faire savoir qu'ils existaient encore, et qu'ils étaient forts. Beaucoup plus forts qu'il y a deux ans, quand ils se sont fait écraser par les héros.

L'attaque était donc prévue pour la fin de semaine, et toute l'alliance se rassemblait dans l'immeuble qui servait de QG pour répartir les taches et faire de manière à ce que l'opération se passe le mieux possible. La cible : le quartier avec la plupart des agences de héros et l'académie Yuuei. Quoi de mieux pour se faire remarquer que de taper dans la fourmilière, directement ?

Le vert faisait des allers-retours entre la salle de réunion et le bureau au sous-sol, afin de porter ses recherches sur ordinateur devant les autres et poser ses idées. Ça lui arrivait même souvent de rester pendant des heures devant l'écran à réfléchir, parfois seul, parfois avec d'autres vilains pour leur montrer notamment les emplacements pour se camoufler, par où passer, combien de vilains peuvent se poster à chaque coin ... le seul problème quand il était en bas, c'était qu'il y avait le prisonnier à côté. Et sa simple présence déstabilisait Izuku.

A chaque fois qu'il posait ses yeux sur lui, il repensait à la conversation qu'ils avaient eue, notamment les dernières phrases.

As-tu déjà eu une personne que tu chérissais au point de vouloir la protéger à tout prix ? Car moi je connais quelqu'un qui était dans ce cas là. Quelqu'un que tu connais très bien, et dont la personne qu'il aimait s'est éloignée de lui et l'a trahi il y a 2 ans.

Plus il y repensait, plus les bribes de souvenirs de celui qu'il était avant tentaient de le rappeler à l'ordre. C'est comme si son moi-passé tapait contre les murs de sa conscience pour essayer de se faire entendre. Il lui répétait qu'il s'éloignait de la bonne voie, qu'il devait arrêter, et surtout qu'il n'était pas honnête envers lui-même.

Et comme à chaque fois, il secouait la tête, refusant d'y penser.

Ça faisait maintenant 3 jours que tout le monde s'activait, et Izuku descendit encore dans le bureau au sous-sol. Il jeta un bref coup d'œil vers la cellule avec le blond, et vit qu'il y avait un grand mur de flamme. Il devait surement dormir, après les récents examens que les équipes de recherche lui ont fait subir. Il haussa les épaules, et se remit sur l'ordinateur. Se souvenant comment ils avaient planifié l'attaque du lycée d'apprenti-héros, il s'en inspira pour décider quels chemins bloquer, lesquels piéger, etc. Il mettait son esprit d'analyse à l'épreuve pour trouver le meilleur compromis pour son équipe, ainsi que pour les autres équipes. Cette fois-ci, tout le monde participera. Le quartier est grand, mais les effectifs totaux de l'alliance dépassent les espérances de tout le monde. Si bien qu'une fois la zone assiégée, ils pourront facilement s'étendre et s'occuper d'autres quartiers avoisinant, et le tout dans la même soirée. Il fallait que tout soit impeccable.

« Mais tu sais qu'il va y avoir des morts, c'est inévitable avec une telle manœuvre.

Tais-toi.

Tu auras leur mort sur la conscience, tu sais ?

Tais-toi.

C'est comme si tu les tuais toi-même, tu ne penses pas ? »

BAM !

Il frappa son bureau d'un coup de poing, faisant taire ses voix intérieures qui ne cessaient de le tourmenter depuis un bon moment maintenant. Ce sont ses voix qui à chaque fois l'empêche de faire comme les autres, qui l'empêche de tuer. Il ne peut qu'assommer, parfois blesser, mais jamais tuer. Son subconscient faisait surface toujours au dernier moment pour l'en empêcher, car il sait que s'il franchit le pas, ça sera trop tard pour revenir en arrière.

« Mais je ne veux pas revenir en arrière ... de toute façon, peu importe ce que je deviens, ça n'a plus d'importance. »

Il continuait de travailler, ne remarquant pas que dans la cellule le brasier s'était calmé et que le blond était assis tranquillement. Il réfléchissait, encore et encore, sur ce plan. Il avait certes la pression, mais au moins il faisait quelque chose, il servait à quelque chose. Il ne restait pas un poids mort qui se posait des questions. Non, il devait avancer.

Au bout d'une heure, il leva ses yeux de l'écran pour souffler un peu. Du coin de l'œil, il voyait la petite boîte qui contenait ses médicaments et la gourmette. Sa main s'avança vers le couvercle instinctivement, et en l'ouvrant il se rappela que le bracelet n'y était plus. C'était quelque chose qu'il avait toujours gardé, depuis qu'il l'avait échangé contre la sienne quand il avait 3-4 ans. Ça restait un précieux souvenir de son enfance, et cette gourmette était devenue comme une amulette porte bonheur pour lui au fil du temps. Si bien que même maintenant, il y tenait encore. Et le fait de ne plus l'avoir le perturbait beaucoup.

« Au fond, je la gardais parce que je l'ai toujours eu avec moi, ou parce qu'elle a un rapport avec lui ? »

Il ne savait pas. Car c'était bien la seule chose qu'il avait gardé pouvant lui faire penser au blond aux yeux rouges. Tout le reste, il l'avait laissé derrière lui, même les souvenirs. Il tentait plus que tout d'oublier ce morceau de sa mémoire car après tout, Izuku Midoriya était mort ce jour là, en bas de ce pont, et une autre personne était née à la place. Il devait se le rappeler de plus en plus, ça. Son moi-passé n'existait plus, il devait donc se défaire de tout ce qui y avait attrait. Il devait tout effacer de son esprit, ne reprendre qu'au moment où il s'est réveillé dans sa chambre avec Lyoko.

Es-tu sur de vouloir tourner la page ?

Ses pensées n'arrêtaient pas de le tourmenter, il n'en pouvait plus. Izuku se leva, et se dirigea vers les étages au-dessus. Mais avant qu'il puisse disparaître dans les escaliers, quelqu'un l'appela. Il se tourna vers le couloir, et vit que Sanjikan le regardait.

- Qu'est ce que tu me veux ?

Le blond avait un sourire amusé, et les bras croisés.

- On dirait que tu es perdu.

- Perdu ?

- Tu ressembles à un enfant qui attend qu'on lui montre le chemin. Tu ne sais pas où te positionner, donc tu cherches à arrêter de penser. Ça se voit que t'es perdu.

- J'ai pas besoin de ton aide, merci. Et je sais très bien ce que je fais.

- Vraiment ?

Ne répondant pas, le vilain commença à repartir.

- Si je peux te conseiller un truc, arrête de trop réfléchir et écoute ce que ta tête a à te dire. Ça t'évitera de tourner autour du pot trop longtemps.

Izuku se figea.

- Qu'est ce que ça veux dire ?

Le prisonnier haussa les épaules, puis marcha vers le fond de sa cellule. Le vert eut un petit rire.

- Qui es-tu ?

- Je te retourne la question.

Le jeune garçon aux yeux d'émeraude fronça les sourcils, plongeant son regard dans les iris bicolores derrière la grille. Il pencha la tête, tentant de comprendre, mais il ne voyait qu'une expression sérieuse sur le visage de Sanjikan.

- Toi qui es-tu.

Silence.

- C'est à toi de décider. Fais le bon choix, car tu n'auras plus d'échappatoire ensuite.

Sur ces mots, le blond se cala dans le coin au fond de sa cellule, et se blottit contre le mur, enroulé dans la couverture. Izuku reprit son chemin vers les étages au-dessus. Il le savait, à chaque fois qu'il discutait avec ce type, il en venait à se poser des questions sur lui-même, alors qu'il ne l'avait jamais fait pendant les deux années passées dans l'ombre. Ses mots semblaient réveiller une part de sa conscience qu'il n'avait pas vu s'éteindre.

Au fond, ça avait été sans doute une mauvaise idée de le capturer plutôt que la cible prévue.

D'où je viens et où je vaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant