BRUISSEMENTS D'AILES [RÉÉCRITURE]

7

Je me réveille, bercée par quelques notes musicales. J'ouvre de petits yeux fatigués et aperçois des ombres volatiles derrière les rideaux, certainement des oiseaux qui sautillent et virevoltent. Je pousse un long bâillement et me gratte la tête.

Enfin j'essaie.

Ma main gauche refuse de m'obéir. Je contracte mes muscles et pousse sur mon bras mais ceux-ci refusent toujours de bouger. Je grogne lorsque mes attaches me reviennent en mémoire. Un soufflement exaspéré s'échappe de mes lèvres. Je secoue la tête.

Penses à autre chose Aurore, ne commences pas à râler. Aujourd'hui est une belle journée, tu vas voir tes proches, garde le sourire.

Je tâtonne à l'aveuglette les bords du lit pour trouver le bouton qui redresse mon dossier. Je l'avais découvert hier, quelque part sur ma gauche. Je tourne la tête à me provoquer un torticolis et me penche au bord du lit. J'avance mon menton, tords mon cou à son maximum et là... miracle ! J'aperçois le bouton, à moitié caché par l'alaise. Je me tortille pour l'atteindre et clique dessus. Le lit se redresse en douceur; je retire ma pression, arrêtant l'élévation du dossier.

Je me redresse, essoufflée. Je viens de faire le sport de la journée.

Prête à me rendormir, je ferme les yeux, lorsque une délicieuse odeur me chatouille les narines. Je remarque qu'un nouveau vase est posé sur mon guéridon. Il est en plastique et un bouquet de fleurs y repose. Des pétunias roses, des primevères et du muguet le composent. Tiges et feuilles s'entrelacent, les pétales s'embrassent, gorgés de vie. Ces fleurs comptent parmi mes préférées. Cet heureux hasard me remet du baume au coeur.

Je remarque un disque blanc, posé à côté du lit. Tient, c'est nouveau ?

Au milieu du guéridon, l'objet est hors de porté. Je le fixe quelques secondes, puis ne pouvant contenir ma curiosité, je me penche pour l'attraper. J'étire ma colonne vertébrale et tends mon cou.
Allez je peux l'atteindre, je peux le faire ! Encore un peu... c'est bon ! Le bout de mon nez touche la surface lisse du disque. Je le fais lentement glisser jusqu'au rebord de la table, puis l'attrape entre mes dents et le relâche dans mes draps. Ma main droite l'attrape et je souris, fière de moi.

L'objet est en verre, d'à peine cinq millimètres d'épaisseur. Un symbole power est gravé au centre. J'y presse mon index et les stores de ma chambre s'abaissent d'un coup, me plongeant dans l'obscurité. Je sursaute et manque de lâcher le disque.

Un point lumineux apparaît devant moi, à ma hauteur. Il est minuscule, imperceptible, comme un grain de poussière au centre d'un rayon lumineux. Un second point s'allume, puis un troisième, une dizaine, des centaines, des millions et des milliards de planètes et d'étoiles se mettent en mouvement autour de moi. Je reste sans voix. Une trainée rose, mauve, cyan et or peint ce magnifique ciel étoilé.

Incroyable...

Je regarde le disque, hébétée. Je caresse sa surface lisse avec mon pouce et aussitôt les milliards de lumières glissent sur la gauche à toute vitesse. Je retire mon doigt et l'image de stabilise. Cette fois-ci, je remarque un point bien plus lumineux que les autres. Son scintillement m'intrigue. Le point se rapproche, il grossit, enfle, son rayonnement s'intensifie.

À présent, elle est là, à quelques centimètres de moi : une impressionnante boule de feu entourée de cinq anneaux pourpres. De violentes éruptions éclatent à sa surface rougeoyante.

J'ai déjà vu cette étoile quelque part... je l'ai sur le bout de la langue, c'est...

- Leaupha Menpheis.

Je cris de surprise.

Un homme se tient dans l'encadrure de la porte de ma chambre. Il s'avance vers moi, sa silhouette cachée par l'obscurité. Des points blancs apparaissent au niveau de sa bouche. Je devine un sourire sur ses lèvres. Il se tourne vers l'étoile de feu et passe sa main entre les effluves grenats et écarlates. Elles s'enroulent autour de ses doigts telles une épaisse fumée.