Respire et danse !

IX

Je suis en cours de maths. J'avais oublié que les cours étaient si chiants. Je rencontre de nouvelles personnes qui me demandent sans cesse pourquoi j'ai arrêté la danse et je leur réponds à tousqu'il n'y a pas de réelle raison, que j'en avais juste marre. C'est fou à quel point tout le monde est crédule. Je n'aime pas mentir mais ce n'est pas réellement un mensonge puisque j'en avais réellement marre d'être triste.

    Je me demande si elle s'est réveillé. Elle a dormi pendant au moins 24 heures. Je m'inquiète beaucoup pour elle. À peine je la retrouve qu'elle est à l'hôpital . Peut-être que son père a menti, peut-être qu'elle est gravement malade et que c'est pour ça qu'elle est partie. Il faudra que j'y retourne à midi. Il faut que je lui parle.

Après le dernier cours de la matinée, je passe m'acheter à manger à la boulangerie du coin etretourne à l'hôpital. J'espère qu'il n'y aura personne cette fois. J'aimerais la voir seul à seule histoire de m'excuser. Je pourrais aussi lui poser toutes mes questions. Quoiqu'elle sera fatiguée. Je verrais là-bas. Je mets une alarme qui me rappellera quand je devrais partir de l'hôpital pour ne pas être en retard.

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    Je regarde les vidéos du groupe de danse. Il y a quelques vidéos où je danse. J'ai tellement envie de danser en ce moment. Généralement je dansais avec lui. Je me souviens de cette impression que j'avais. Comme si le monde s'evaporait autour de nous. Comme si rien d'autre n'existait. À présent, je me rends réellement compte qu'en quittant la danse, j'ai quitté une partie de ma vie.

    Je me sens seule dans cette pièce. Je m'ennuie et je ne peux même pas me lever au risque de lourds vertiges et de retomber. Je continue de regarder ces vidéos en boucle. Ce temps me manque. Je veux vraiment que tout redevienne comme avant. Que je continue de danser avec lui, de rigoler avec ma meilleure amie, de faire des chorégraphies pour eux, que ma mère sesouvienne.

    J'ai fait un trop-plein de stress et un élément a déclenché la crise qui serait arrivée tôt ou tard d'après l'infirmière qui est passée tout à l'heure. Je pensais vraiment qu'il ne voulait plus entendre parler de moi. Mais si je pensais vrai, pourquoi est-il venu voir si j'allais bien ?

    Moi qui l'aie toujours évité dès que je l'apercevais dans les rues de la ville, je me retrouve coincée dans un lit d'hôpital à vouloir le voir.

Non, il ne faut pas que je me fasse de film. Il ne viendra pas. Il a demandé à mon père de ne rien me dire. Je suppose que c'est pour que je ne cherche pas d'explication.

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    Je suis devant la porte de sa chambre. De la lumière passe sous la porte. Elle doit être réveillée. Que vais-je lui dire ? Je pense que ça va être très gênant. Elle va sûrement m'en vouloir. Je lui ai très mal parlé hier matin.

    J'entends de la musique venir de sa chambre. C'est la première danse que nous avons dansée ensemble.Elle regarde la vidéo ? As-t-elle envie de danser à nouveau ? Je pourrais revenir à ce qui était avant qu'elle s'en aille.

    Je toque à la porte. La musiques'arrête. Je l'entends me dire d'entrer. Sa voix. Au téléphone, elle ne m'avait pas fait tant d'effets mais là, mon cœur me fait bien comprendre qu'il faut que je respire plus calmement.

    Je pose ma main sur cette poignée. J'ai l'impression de jouer ma vie, que tout vient de passer au ralenti. Je tourne la poignée. Il faut que je reste calme. Elle va sûrement me crier dessus. Elle en aura le droit. Je pense tout de même être en droit de savoir.

    Je pousse la porte et la voie dans son lit, elle me regarde l'air étonnée. Je souffle, j'essaie de paraître stoïque. Je ferme la porte derrière moi.

Je lève les yeux vers elle. J'ai tellement rêvé de ce moment pendant ces deux ans. Il faut que je fasse ce que j'ai toujours voulu faire. Je prends mon courage et m'avance vers elle. Je m'assieds sur son lit. Je suis proche d'elle. Aussi proche qu'autrefois. Je me sens vivant.

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    Je me sens rougir à vue d'œil. Mes joues chauffes. Il est si proche. Que fait-il là ? Il passe ses doigts dans mes cheveux. Mon cœur bat vite. J'ai l'impression que le monde s'arrête. Il n'y a plus que lui et moi.

    Il n'a encore rien dit. Pas de bonjour, rien. Je trouve néanmoins sa façon de me dire bonjour bien plus agréable que de simples mots. Je retrouve ce qui me manquait jusque-là.

    Je veux qu'il m'embrasse. Je veux rester avec lui indéfiniment. Je veux que cet instant dure toujours.

    Son souffle se mélange au mien. Il sourit et il s'éloigne. Il passe sa main dans ses cheveux. Son sourire malicieux m'avait manqué aussi.

    -Je ne craquerais pas le premier !

    Je le regarde interloquée. Alors comme ça le jeu continue ? Je ne suis pas contre si cela nous permet de rester en contact. En ce moment mon cœur joue vraiment aux montagnes russes. Je suis heureuse. Cet instant nous appartient.

    Son visage s'assombrit. Je suppose que nous passons aux explications. Quel genre de questions va-t-il me poser ?

    -Pourquoi m'as tu appeler hier ?

    -Tu as quitté la danse... Jevoulais savoir pourquoi...

    -Je pense que tu es mal placée pour me poser cette question.

    Il est sec dans ses paroles mais il n'a pas tort. Moi, je n'avais même pas prévenu le groupe.

    -Tu as raison...

    Il soupire. Il me regarde froidement. Il m'en veut et il a raison de m'en vouloir. Il devrait m'oublier, il devrait me détester mais ses gestes de tout à l'heure prouvent l'inverse... je suis perdue.

    -Ce jours-là, le téléphone...c'était qui ?

    -C'était l'hôpital... Ma mère a eu un accident.

    -Pourquoi tu nous l'as pas dit ?

    -J'ai cassé mon téléphone en courant.

    -Pourquoi n'es-tu pas venu nous voir ?

    -Je devais m'occuper de ma mère et je n'en ai pas eu le courage...

    -Tu devais t'occuper de ta mère ? C'était grave ?

    -Elle est restée deux semainesà l'hôpital. Elle a perdu la mémoire alors elle devait tout réapprendre.

    -Donc, ton frère est allé chez ton père ?

    -... Il était dans la voiture.Mon père et moi ne l'avons pas dit à ma mère... je n'avais pas le droit de flancher. Alors je n'ai pas pu revenir danser, il fallait me concentrer sur ma mère.

    -... Je ... Je suis désolé.

    -Tu ne pouvais pas savoir. Et puis, c'est moi qui devrais être désolée. Je n'ai rien dit, je vous ai laissé tomber sans rien dire. Je n'ai pas tenu mes promesses.

    Son regard s'est adouci. Je sens mes larmes dévaler mes joues. Il sait tout maintenant. Il connaît la vérité. C'est un tel poids qui s'enlève de moi.

Il s'approche de moi. Je baisse les yeux. Je ne veux pas qu'il me voie comme ça. Il m'enlace. Il ne me voit pas. Il me connaît bien il sait qu'il n'y a que comme ça que je me calme. Je sens son parfum. Ce n'est pas le même qu'avant. Nous avons changé et mûri. Nous ne reviendrons pas en arrière mais nous pouvons recommencer quelque chose.