XIV

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    -Aller dans cet internat te permettra de te reconstruire au moins ?

    -Je le crois... je suis désolée maman...

    -Vas-y. Ne t'en fais pas pour moi. Il faut que tu te sentes bien aussi. Tu as assez pris soin de moi. Il est temps que tu prennes soin de toi à présent.

    Je souris. Je suis contente qu'elle me comprenne. Mes grands-parents sont en train de m'inscrire à l'école qui est à deux pas de chez eux. Le week-end je pourrais leur rendre visite avec les heures de sortie. Une école spéciale pour la danse...il paraît que le niveau y est très élevé aussi bien pour la danse que pour les cours. Je suis sûre que je vais m'y plaire.

    J'embrasse ma mère et retourne dans ma chambre. Il faut que je parte dans deux semaines. J'ai encore une semaine et demie de cours et après je dois arriver là-bas pour la deuxième semaine de vacances pour avoir le temps de m'habituer aux locaux avant de commencer les cours. Tout va si vite. Il faut que je profite à fond de mes amies avant de partir.

    Je m'allonge sur mon lit. Je me demande à quoi va ressembler ma chambre là-bas. Mes grands-parents acceptent de tout payer. Ce sont vraiment des anges. Je leur dois beaucoup. Je regarde mon téléphone. J'ai un message. C'est toujours quand je ne l'ai pas sur moi que je reçois des notifications.

    Mon cœur saute un battement. C'est lui. Après ce qu'il m'a dit hier soir, je ne pensais pas qu'il me reparlerait. J'hésite à ouvrir ce message. Et si ce qu'il me dit me fait encore mal. Je ne saurai pas le gérer. Je n'ai pas envie de m'effondrer comme hier soir encore une fois. Je ne veux plus pleurer pour lui. Sûrement par curiosité malsaine je me décide à regarder le message.

    « 22h au parc. Garde ta cigarette »

    Merde... ne peut-il pas se décider ? Il me fait espérer et après il me jette. Je ne veux pas qu'il me jette encore une fois. Je souffle. Je veux le voir pourtant. Je veux le revoir comme quand il est venue me voir àl'hôpital. Je voudrais que tout s'arrange. Mais il ne faut pas. Je pars dans deux semaines. Je ne peux pas faire demi-tour. Si tout s'arrange maintenant, ce serait trop douloureux. Il ne faut pas que ça s'arrange. S'il le faut, je le jetterais moi-même. Pour cela, il faut que je le voie.

    Cela faisait si longtemps que je n'avais pas vu ce message s'afficher sur mon téléphone. Je suis si nostalgique de cette époque-là. Je réponds ma réponse habituelle. Enfin, je copie mon ancienne habitude.

« J'y serais, sous notre arbre »

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    Je pars, certes en avance mais c'est le moment où tout le monde est encore occupé et ne remarquera pas mon départ. J'essaie d'être discret et je sors de chez moi. Je n'ai vraiment pas perdu la main depuis tout ce temps pour faire le mûr.

    J'arrive au parc, il est 21h30. Je suis en avance comme prévu. Il fait presque nuit noire. Elle n'est pas encore là. Je m'assieds dans l'herbe près du grand arbre. Je regarde mon téléphone. Je n'ai pas de notification. Preuve que ma famille n'a pas remarqué mon absence.

Je m'allonge. Je suis souvent dans ce parc quand j'y pense. La fille de l'autre fois... ce devrait être elle en y repensant. Le jour du concert. J'aurai dû la rattraper. Elle était avec une amie mais elle avait gardé l'habitude de s'asseoir sur ce banc. Je soupire, je suis décidément encore amoureux d'elle. Je ne pense qu'à elle sans arrêt. Ça en devient presque handicapant. Il faut que je change ça. Avant, je n'étais pas comme ça. Simplement parce que je savais qu'elle m'aimait aussi. Aujourd'hui, je suis dans un flou total. Ce doit être ça qui me fait peur.

Respire et danse !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant