Respire et danse !

XVI

Mon père m'attend dans la voiture. Une fois que je monterais dedans, je ne reverrais pas ma mère avant la fin de l'année scolaire. Elle ne m'a pas adressé un seul mot depuis ce jour-là. C'était une erreur de lui cacher ça. Je m'en veux énormément. Ce jour-là, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans lui. La dernière fois que je me suis  senti mal, mes bras ont fini dans un piètre état. Ce jours-là, sans lui,j'aurais pu aller loin. Trop loin. Il m'a sauvé.

Je suis sur le pas de ma porte. Ma mère me regarde de loin. J'ai envie de me jeter dans ses bras. J'ai envie qu'elle me dise quelque chose. J'ai envie de lui parler. Mais je n'y arrive pas. Je touche le collier du bout des doigts comme pour me donner du courage.

Mon père m'appelle. Si nous attendons encore, nous serons en retard. Je me retourne une dernière fois vers ma mère. Elle a détourné les yeux. Je garde espoir qu'un jour elle me pardonne. Je respire un bon coup et avance vers la voiture. Je ferme la porte derrière moi. Je monte dans la voiture. Mon père me sourit. Dans deux heures, je serais dans ma nouvelle école, je serais dans un nouveau chez moi.Deux heures... ça paraît si court et si long en même temps.Pendant les vacances, je serais chez mon père. Il en a été décidé ainsi après la demande de ma mère. Elle ne veut plus me voir.

 La voiture démarre.Le paysage défile devant mes yeux. Bientôt nous quitterons la ville. Ce soir, je dors chez mes grands-parents et demain je m'installe dans mes quartiers. Ils appellent ça comme ça là-bas.Cette après-midi, je ne fais que visiter. Ma nouvelle vie va bientôt commencer.

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 À cette heure-là,elle doit être partie déjà. Ça y est. Je ne la reverrais pas.J'espère que là-bas elle se sentira mieux. Après l'incident du cimetière, elle ne doit pas être en excellente forme. Je me suis renseigné sur son école. Au moins une heure de danse par jour et le week-end, c'en sont cinq. Je l'envie un peu.

Aujourd'hui, il pleut. Je ne peux pas sortir. Je suis, comme elle le dirait, un être soliloquant dans sa chambre. Je ne sais pas quoi faire. Ma mère m'a supprimé ma console car je me suis absenté toute la journée samedi pour rester avec elle. Je ne regrette pas pour autant mais du coup je m'ennuie un peu.

Je n'ai parlé à personne depuis ce jours-là. Ma mère commence à s'inquiéter. Elle me demande au moins une fois par jour ce qui s'est passé là-bas.Comment lui dire que la fille que j'aime allait mal et que j'y suis allé alors qu'elle m'avait déjà jeté ? Elle demanderait les détails. Je n'ai vraiment pas le cœur à le lui raconter. Mon père a bien compris lui. Quand elle demande il tend l'oreille au cas où je parle mais il ne me pose aucune question.

Je ne sors que pour aller à la salle de sport. Ça me détend. Pendant ce temps, je ne peux penser à elle. Je dois me concentrer sur ma position, sur ma respiration, sur la contraction volontaire et en plus de tout ça j'ai ma musique. Penser à elle devient alors très compliqué.

Je prends mes écouteurs et m'endors assez rapidement. 

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Nous entrons dans une grande résidence. Une énorme battisse se dresse devant nous.Une grosse pancarte indiquant le nom de l'école se trouve à une centaine de mètres de celle-ci. Je l'avais déjà vu en photo mais elle est bien plus imposante en vrai. C'est assez intimidant.

Mon père se gare devant l'entrée. Je descends de la voiture. Je suis un peu hésitante. Mon père me lance un regard rassurant. Il me dit qu'il m'attendra devant.

Je m'avance doucement vers la grande porte. Je sonne. On vient directement m'ouvrir. C'est la directrice. Elle me demande de la suivre. Nous traversons de grands couloirs. L'intérieur est entièrement décoré dans le style Louis XV. C'est magnifique.

Nous arrivons devant une grande porte avec au-dessus un petit écriteau indiquant «bureau du directeur ». Elle me fait entrer. Son bureau est immense.Je pense que toutes les pièces le sont. Elle me dit que j'ai un petit formulaire de présentation à remplir. Elle le fera ensuite passer à tous les professeurs. Elle me demande ce que je veux faire plus tard. J'hésite à présent. Je ne sais pas si je veux être médecin ou prof de danse. Je ne sais plus.

Je mets alors les deux métiers dans la case. Une fois que j'ai fini, elle fait passer le formulaire dans une machine. Je suppose que ça sert à l'envoyer aux autres professeurs. Elle met ensuite le papier dans une pochette avec mon nom dessus. Il y a un dossier par élève. Je pensais que ça n'existait que dans les films ça.

-Bien. Je vous souhaite la bienvenue dans notre établissement mademoiselle.Maintenant, je voudrais que vous me parliez de votre passif par rapport à la danse. Quel est votre niveau ?

-Ah... J'ai été dans une école près de chez moi mais il y a un certain temps maintenant, les professeurs n'ont plus rien eu à m'apprendre. Je faisais alors mes propres chorégraphies accompagnée de quelques amis dont un qui était du même niveau que moi. Nous progressions seuls alors il est difficile de juger de mon niveau...

-Je vois. C'est assez compliqué alors. N'avez-vous rien pour témoigner de votre niveau ?

-Des vidéos. Elles ont trois ans déjà mais ça donne un aperçu au moins.

Elle tourne son ordinateur vers me signifiant de mettre les vidéos. Je ne mets pas longtemps à trouver. Je mets une chorégraphie où je danse avec lui. Ce sont celles où nous étions à notre vrai niveau. Cela me rend nostalgique. Elle regarde intensément. À la fin de la chorégraphie, j'arrête la vidéo. Elle me regarde à nouveau. Elle sort un papier et me le met devant moi. Je regarde, intriguée.

-C'est une inscription pour un concours. Il a lieu dans moins de deux mois. Vous devriez en parler avec vos parents. L'école est prête à payer les frais d'inscription.

-J'y réfléchirais.

 Elle sourit et m'emmène visiter l'école. C'est de plus en plus beau. Tout est très grand. L'internat est au dernier étage. Au deuxième, il y a des salles de danse. Au premier, il y a des salles de cours et aurez-de-chaussée, il y a les bureaux, le réfectoire et la salle de musculation.