CHAPITRE 1

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Les chapitres qui suivront vont se passer quelques mois plus tôt que le prologue. Ils seront donc au passé, j'indiquerai en temps voulu lorsque nous reviendrons au présent (soit les événements qui suivront mon prologue).

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RAPPEL: Aurélie Dupont: directrice de l'Opéra de Paris (cf tome 1) ; Elisabeth Platel: directrice de l'Ecole de Danse de l'Opéra de Paris (cf tome 1)

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Quelques mois plus tôt.

-Justine! Dépêche-toi ou tu vas rater ton train! cria ma mère

Je fermai en vitesse ma valise et pris vite mon énorme sac de sport qui contenait mes affaires de danse et celles personnelles. Je vérifiai une dernière fois si la chambre était vide, et quand ce fut confirmé, je partis en vitesse sans un regard pour cette pièce que j'avais occupée durant toute une année.

Je n'étais pas triste de partir, bien au contraire, quitter cette ville de malheur était une pure joie pour moi. Enfin, ville de malheur, il ne fallait pas exagérer, j'avais rencontré des personnes formidables, j'avais eu un petit copain remarquable avec qui je partais pour Paris, et une chance inouïe d'aller vivre mon rêve. Mais quitter cette ville c'était aussi une façon d'enfermer tout mon début d'année de seconde dans une boîte, la fermer à clef et ne plus jamais l'ouvrir, pour oublier. Ce ne serait plus qu'un vaste souvenir désormais.

Je rejoignis ma mère qui était déjà dans la voiture afin de mettre ma grosse valise et mon sac dans le coffre avant de m'installer à côté d'elle.

Quand elle démarra, je tournai la tête vers la fenêtre et pensai à tous les événements qui m'étaient arrivés à Bordeaux: un casting fabuleux, une rentrée des classes catastrophique, des cours de danse à la fois réconfortants et traumatisants, un lycée signifiant peur et conflits, des aveux pesants, un spectacle fabuleux, un petit copain, une proposition pour aller danser à l'endroit où tous danseurs rêvaient d'aller et enfin une vie normale. Jusqu'à aujourd'hui du moins, nous étions à la fin du mois d'août et je partais pour Paris prendre des cours à l'Ecole de l'Opéra de Paris avec les meilleurs des meilleurs, élèves comme professeurs. Mais tout cela aurait été trop beau s'il n'y avait pas eu d'inconvénients: ma mère ne pouvait pas m'accompagner jusqu'à cette ville dite celle des amoureux, elle devait rester ici, à Bordeaux, pour travailler. J'allais donc être mise dans une famille d'accueil choisie par l'Opéra, que nous avions rencontrée début juillet et qui nous avait semblé très bien. Martin quant à lui, avait de la famille à Paris, son oncle et sa tante pouvaient donc l'accueillir, et il pourra rentrer sur Bordeaux les week-ends ou alors ses parents viendront le voir, alors que nous, avec ma mère nous n'avions pas les moyens de nous permettre ces allers-retours toutes les semaines. Nous nous verrions donc une à deux fois tous les deux mois, sans compter les Skype que l'on fera toutes les semaines même si toutefois ce n'était pas pareil.

Alors que nous approchions de la gare, mon cœur se mit à battre plus fort en réalisant que ma mère ne serait plus à mes côtés alors que nous nous étions promis de toujours rester ensemble après la mort de mon père. Je compris donc que pour elle aussi cela allait être dur, la connaissant elle ne sortirait pas beaucoup et passerait peut-être des jours entiers à l'hôpital pour aider ceux qui en ont besoin. Réaliser tout cela me fit avoir les larmes aux yeux. Mais je ne devais pas verser une seule larme sinon je serais capable de renoncer à mon rêve et rester ici juste pour être avec ma maman.

Le trajet s'était effectué dans un grand silence, ma mère était sûrement aussi terrifiée que moi à l'idée de me laisser partir, mais pas pour les mêmes raisons, elle devait se demander si là-bas ils s'occuperaient bien de moi, si je ne manquerais de rien. J'étais même certaine qu'elle était convaincue que je serais mieux avec une famille ayant les moyens de subvenir à tous mes besoins plutôt que rester ici avec elle. Alors oui, c'était vrai que depuis la mort de mon père, avec ma mère nous ne roulions pas sur l'or mais elle m'avait toujours donné tout ce qu'elle pouvait pour que je puisse m'épanouir dans la danse comme dans la vie, parce que les mamans elles savaient très bien faire cela. C'était pour cela qu'elle avait préféré me placer en famille d'accueil et non en internat, pour que l'on sache s'occuper de moi comme l'auraient fait des parents.

TOME 2: DANSER...A EN PERDRE LA RAISONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant