Chapitre 3

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On était lundi. Lundi signifiait rentrée scolaire. Nouveaux amis. Nouvelle classe. Nouveau départ.

La semaine était passée vite. Le mercredi suivant mon arrivée, Lisa m'avait montré tous les cadres qu'elle avait fabriqué et m'avait dit que je pouvais choisir tous ceux que je voulais pour ma nouvelle chambre. On avait ensuite fait développer les photos que j'avais sélectionnées. Le jeudi nous étions restées toutes les deux devant des films romantiques et niais puisqu'il pleuvait. Quant au vendredi, nous avions été toutes les deux au centre commercial faire les fournitures scolaires. Elle se comportait comme une vraie maman, et je m'étais considérablement rapprochée d'elle, mais je ne pouvais pas en dire autant de son mari. Il n'était jamais là, il travaillait sans cesse, rentrait tard. Je ne pus donc pas mieux faire sa connaissance.

Déçue? Oui je l'étais. Mais pas autant que sa femme visiblement. Elle m'avait répété que c'était habituel le fait qu'il soit souvent au travail, mais je voyais bien qu'elle était désemparée du fait qu'il ne soit même pas présent pour notre visite à Paris.

En effet, nous devions tous les trois aller visiter la capitale le samedi mais lorsqu'au petit matin je m'étais réveillée et que je vis Lisa, elle me dit qu'encore une fois cela serait une visite entre filles.

Heureusement le dimanche il était à la maison, enfin dans son bureau plus qu'avec sa femme. Mais l'après-midi il était resté avec moi, nous étions allés devant le lycée afin de voir à quoi il ressemblait de l'extérieur et ensuite, une fois à la maison, et pendant que Lisa lisait, nous avions fait des crêpes.

Je me sentais affreusement coupable. J'avais l'impression que j'avais une famille, que nous formions une famille alors que ces personnes n'avaient aucun lien biologique avec moi. Je culpabilisais. Beaucoup trop. Je me sentais vraiment mal de l'intérieur. Bien-sûr j'appelais ma mère tous les soirs mais elle ne répondait qu'une fois sur deux. Chaque fois que je voyais son visage via Skype, je m'apercevais qu'elle avait de plus en plus de cernes. Qu'elle était de plus en plus fatiguée. Qu'elle avait de plus en plus besoin de moi. Et cela me rendait coupable. Coupable d'être loin d'elle. Coupable de vivre mon rêve loin d'elle. Coupable de devoir lui parler de mes journées bien remplies tandis qu'elle les passait à l'hôpital entre des patients malades et les railleries de ses collèges.

Alors aujourd'hui, lundi, Lisa me déposa sur le parking du lycée se situant à Nanterre près du parc André Malraux, ce lycée était en fait L'Ecole de danse. Effectivement cet établissement contenait quatre bâtiments, un pour la danse, le deuxième pour l'administration et l'enseignement, l'autre pour la restauration et le dernier pour l'internat pour ceux qui ne voulaient pas être logés dans une famille d'accueil et qui logeaient loin de leurs familles. Ces quatre immenses bâtiments étaient reliés par des passerelles. Tout autour de ces derniers, il y avait de la verdure, beaucoup d'espaces verts. De dehors nous pouvions voir des bout d'intérieur des bâtiments grâce aux nombreuses baies vitrées. Cela donnait à l'établissement un côté cosy, sympathique et chaleureux.

J'y rejoignis Martin qui m'attendait comme convenu. J'avais horreur des rentrées des classes depuis ce qu'il s'était passé l'an dernier. Il m'avait confié au téléphone qu'il avait peur, peur que le même cirque se renouvelle cette année encore, peur que je me retrouve seule face à plein d'autres élèves et que tout recommence, peur pour moi. Et je l'avoue, moi aussi j'avais peur.

En sortant de la voiture qui stationnait dans le parking devant le lycée, je traversai l'herbe séparant le trottoir et la voiture, et rejoignis Martin. M'attrapant par le creux des reins, Martin m'embrassa tendrement durant une bonne minute, me prit par la main et m'emmena en direction du portail, là où se trouvaient de nombreux élèves, de nombreux danseurs, de nouvelles têtes, de nouvelles personnes.

TOME 2: DANSER...A EN PERDRE LA RAISONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant