II. The twins

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La maison est silencieuse, seuls la télévision et les coups de couteau sur la planche à découper se font entendre. Elle dépose son skate dans l'entrée, et arrive dans la cuisine. Son père regarde un livre de recette, et sans redresser la tête, l'accueille. 

- Salut toi, comment ça s'est passé ?
- Comme tous les autres se passeront: lentement.                                                                                                - Et les gens de ta classe?                                                                                                                                                    - Sans intérêt.                                                                                                                                                                            - Tu sais, un jour tu devras être capable de fréquenter d'autres gens que des skateurs.                        - Thomas et Hannah sont des gens tout à fait fréquentables!

Peter déposa son couteau sur le comptoir:

- Laura, tu sais de quoi je veux parler. 
- Mais si je fréquente des gens, c'est ce qui compte, non?
- Ce que je veux, c'est que tu ne te sentes pas seule: Sarah est à l'université maintenant, vous n'allez plus pouvoir vous voir aussi souvent, et il faut que tu te trouves une autre meilleure amie.

Peter dit la vérité et Laura le sait: Sarah était sa seule amie, du moins, celle à qui elle racontait tout, à qui elle confiait toutes ses pensées, parce qu'elle savait que jamais Sarah ne la décevrait, alors qu'avec les autres, elle n'a pas cette assurance.

Laura hausse les épaules et remonte avec son sac et son skate, dans sa chambre. Elle dépose tout sur le sol et s'installe à son bureau pour feuilleter ce qu'elle a a faire.

Deux heures et demie plus tard et elle n'a pas touché ce cours de littérature. 

Ça fait longtemps que rien ne tourne plus dans sa tête, elle ne se pose plus de questions à propos d'elle même, les choses sont comme ça, et elle n'a pas de prise, à quoi bon s'échiner si ce n'est que pour être déçue et décevoir? Elle n'aime pas les robes, les gens lui font peur, la dentelle la gratte, les soutien-gorge la hantent et les mots ne lui viennent jamais. 

Elle regarde son plafond et les vieilles étoiles qui y sont collées; elles continuent de briller, de la bercer, dans ce grand lit. Elle regarde les posters, ces posters qu'elle aimerait remplacer par des photos, mais aucuns moments de vie ne lui a jamais semblé assez vibrant pour mériter un polaroid.


- Bien le bonjour à tous, asseyez vous, dit Mr. Urie.

- Excusez moi, monsieur Urie? Demanda une fille au deuxième rang.

- Oui?

- Je n'ai pas bien compris un passage du livre, je pourrais venir vous voir en fin d'heure?

- Je ne sais pas si j'aurai le temps, dîtes le maintenant.

- Euh, et bah, c'est sur Orgueil et Préjugés, je ne comprend pas le moment au belvédère. 

Orgueil et Préjugés était un livre que Sarah lui avait donné; ou plutôt qu'elle lui avait supplié de lire. Alors Laura l'avait dévoré en deux jours, pour pouvoir en parler avec sa soeur. Même si elle avait pu en parler avec Sarah, Laura n'avait jamais pu lui dire que de tout ce qu'elle avait pu y voir se passer, elle avait été désarçonnée par Mr. Darcy et tout ce qu'il avait fait afin que les Bennet ne soient pas déshonorée après la fugue de Kitty et Mr. Wickham. Qu'il soit incapable de lui dire ce qu'il éprouve, mais que d'un geste de la main, il détruise tous les obstacles qui les séparent, avait profondément charmé Laura. mais comme d'habitude, elle ne l'avait pas dit.

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