XVII. Spice

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Brendon ne laisse rien transparaître, il exhale la fumée silencieusement.

- Pour rien. T'es belle. 

Ses défenses tombent et Laura se sent soudainement nue; elle qui avait prévue une guerre, le voilà qui pose une fleur devant elle. 

Il ne rajoute rien et Laura, ne sachant pas quoi faire de ses mains, se rallume une cigarette. 

Elle regarde la trace de rouge à lèvre sur le mégot et elle remarque une trace de rouge sur ses lèvres.

- Tu as du rouge sur la bouche. 

- C'est ton rouge à lèvre, dit-il en la regardant.

Mais Laura ne le regarde pas, elle ne sait pas ce qui s'affiche dans ses yeux et elle préfère ne pas lui montrer.

- Je sais. 

La phrase semble le détendre mais il ne s'essuie pas les lèvres. Elle voit ses lèvres, les siennes, et elle décide de ne pas insister.

- Tu devrais l'enlever, c'est bizzare.

Brendon hausse un sourcil.

- C'est bizarre parce que je suis un homme et que j'ai du rouge à lèvre?

Elle lève les yeux au ciel et tire sur sa cigarette.

- C'est bizarre parce que c'est le mien. 

Un moment passe, Brendon se réinstalle, cligne des yeux et, assis l'un à côté de l'autre, leurs épaules se touchent.

- Non, c'est pas bizarre.

Il presse ses lèvres l'une contre l'autre et garde son regard droit sur le toit du bâtiment d'en face.

Laura sent l'alcool chauffer ses veines, ses tempes et ses joues, et pendant un instant elle ne dit rien. Il vient de dire que ça ne le dérangeait pas. Et pourtant, elle revoit son regard, dans la voiture. 

- Arrête d'y penser, dit-il. 

Elle sent ses joues chauffer encore plus, son coeur battre plus fort et elle serre les dents. Elle ne sait pas quoi faire. Elle décide de garder la tête froide. Tiède, du moins.

- Tu ne sais pas à quoi je pense. 

- Si. 

Son ton est sans appel, et la situation ne semble pas avoir le moindre effet sur lui. Laura l'envie quelque part; ce détachement, cette facilité qu'elle n'a pas. 

- Parce que j'y pense aussi. Il a cet air grave qu'elle déteste, qui tort son estomac et affole son nerf vague.

Son coeur rate un battement et le sang se met à battre à ses tempes.

Il se redresse et la regarde:

- Tu veux une bière? 

- Non.

Il hoche la tête et disparait, lui aussi.

Elle ne patiente que cinq minutes, et pourtant, aucun des autres ne vient la rejoindre. Brendon réapparait avec deux verres chargés d'un liquide ambré.

- Qu'est ce que c'est? Demande-t-elle, sa bouche rouge entrouverte.

- Du whiskey à la cannelle. 

On peut toujours essayer, se dit-elle. 

- Goute, si tu n'aime pas, j'irai chercher autre chose, dit-il naturellement.

- Comment c'est?

- C'est sucré et ça brûle.

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