Avalon
Partie 1
J'eus du mal à émerger de mon profond sommeil. Je me levai, grognant comme un animal à cause de mes muscles ankylosés puis je me mis à étirer mes bras et mes jambes contre un arbre. Je soupirai ; il faisait nuit noire et je ne voyais rien de ce qu'il y avait autour de moi, si ce n'est l'arbre contre lequel je m'étais adossé. Génial. Cruche comme je suis, j'étais sûre de ne pas faire dix mètres avant de m'étaler au sol comme une loque.Je m'étais levée du mauvais pied, mais malgré cela je ressentais un profond bien-être, comme si je me sentais à ma place, ici, parmi les arbres de cette forêt sombre. J'avais du mal à comprendre mon état d'âme : je ne savais pas où j'avais atterri, ni comment je m'étais retrouvé dans ces lieux. Mais le plus angoissant restait l'absence de tout souvenir en ma mémoire. Il ne manquait plus que ça ! Moi, amnésique. Et pourtant, une paire d'yeux rouges ne cessait d'hanter mes pensées et un mot me revenait toujours à l'esprit : Gaïa.
Il y eut un bruissement derrière moi. « Je ne vais pas trop tarder ici », pensai-je tandis qu'un frisson remontait tout le long de mon corps, me donnant la chair de poule. Je me mis à avancer doucement entre les arbres, dans la perspective de ne pas tomber. Bien sûr, je savais que c'était déjà peine perdue, et je ne fus pas étonnée quand je m'étalai de tout mon long après seulement quelques pas. Fichues racines. Fichue forêt. Je me relevai, essayant d'oublier la douleur de ma peau meurtrie et je continuai mon chemin ; il fallait que je trouve quelqu'un pour m'aider car il était hors de question de me laisser dévorer par des bêtes sauvages.
Plus je m'enfonçais au cœur de la forêt, plus il me semblait que quelqu'un ou quelque chose m'épiait. Bien-sûr, le fait que je me retrouve en un tel endroit au beau milieu de la nuit n'était pas anodin à mon impression. Je crus pendant une demie seconde voir une ombre passer devant moi. Il fallait que je reste rationnelle ; c'était sûrement la paranoïa qui me jouait des tours. Oui, j'étais dans une forêt. Oui, j'y était en pleine nuit. Et alors ? Était-ce pour autant qu'une bête affamée allât se jeter sur moi pour me dévorer ? Je devais simplement être angoissée, juste angoissée. Et c'est bien connu que l'angoisse fait que l'on s'imagine des choses. Cela ne m'empêcha pas de ramasser la branche contre laquelle j'avais trébuché, juste par précaution.
Quelque chose m'effleura le bras. Je regardai à droite, à gauche, il n'y avait rien du tout. « C'est mon imagination, juste mon imagination » me répétai-je dans la tête. Mais au fond de moi, je savais qu'il y avait réellement quelque chose qui me suivait et me tournait autour depuis mon réveil dans cette forêt. Une larme silencieuse coula le long de ma joue. Il fallait que je me ressaisisse : ce n'était pas le moment de laisser la peur m'envahir. Il fallait que je trouve quelqu'un, et vite si je ne voulais pas finir en charpie. Je me mis à courir à travers les arbres, leurs branches me lacéraient la peau, leurs racines ne cessaient de me faire trébucher.
Je me stoppai net. Une silhouette venait d'apparaître dans mon champ de vision. Je plissai les yeux afin de mieux déterminer l'origine de cette espèce. L'ombre était de forme humanoïde... Était-ce un humain pour autant ? J'entendis le bruissement des feuilles tout autour de moi et plusieurs autres humanoïdes descendirent des arbres. Ces formes se rapprochèrent et m'encerclèrent ; j'avalai ma salive.
– Qui es-tu ? me demanda une voix.
La personne qui venait de parler se rapprocha de moi. Je pus ainsi voir qu'elle était humaine, enfin, elle semblait humaine, sans pour autant l'être. Elle avait l'allure d'une déesse gracieuse et mystique.
Lorsque je voulus lui répondre, quelque chose d'étrange se passa ; ma voix se brisa et resta coincée dans ma gorge. Et j'avais beau faire tout ce que je voulais, je n'arrivais pas à émettre le moindre son.
– Répond ! tonna-t-elle.
Mais je n'y arrivais pas. Elle se rapprocha de moi, et je pus distinguer quelques dagues pendues à sa ceinture ainsi qu'une grande faux dans sa main droite. J'écarquillai les yeux. Là, c'est sûr, j'avais peur. Pire que ça, j'étais terrifiée, totalement tétanisée. Peut-être ne me voulait-elle pas du bien, elle et ses copines ?
Sur un simple geste de la main, les autres femmes me sautèrent dessus et me plaquèrent au sol, nez contre terre. Elles tirèrent mes mains au-dessus de ma tête, joignirent mes mains l'une contre l'autre et alors que je me demandais ce qu'elles allaient me faire, elles enfoncèrent brutalement un long pieu dans mes deux poignets. Si je n'avais pas perdu la parole, j'aurais émis un hurlement à glacer le sang tant la douleur était lancinante... Mais ma bouche ne put que s'ouvrir en un long cri muet. Je me sentais au bord de l'évanouissement ; ma respiration était saccadée, des larmes baignaient mes joues et de petits point colorés dansaient devant mes yeux. Elles attachèrent des cordes au pieu planté dans ma chair, et se mirent à me tirer. Mon t-shirt ne mit pas dix secondes avant de s'arracher à une branche, de manière que je fus le dos dénudé, frottant à même la terre.
Au début, ça ne me faisait pas trop mal comparé à mes poignets, j'avais juste quelques égratignures. Mais petit à petit, le frottement contre la peau de mon dos et de mes jambes (je ne portais plus qu'un simple short) la mit à vif et la terre qui s'incrustait dans mes plaies rendit mon supplice encore plus douloureux. J'avais l'impression d'être en feu. Qu'avais-je fait pour mériter ça ? J'avais été au mauvais endroit au mauvais moment, et moi qui ne faisait que chercher de l'aide, je ne pouvais même pas leur dire comment je m'appelais. Mon visage se tordit de douleur lorsqu'une branche acérée me déchira le dos.
Je fermai les yeux et me mordis la lèvre jusqu'à sentir le goût métallique du sang m'emplir la bouche ; je voulais mourir. Mourir pour arrêter de souffrir. Qu'allaient-elles encore me faire subir une fois qu'elles m'auraient ramenée chez elles... Déterrer la hache de guerre pour me scalper sur un totem ? M'écarteler en public ? Ou bien me laisser pourrir dans un cachot jusqu'à ce que je meure de faim et de soif ? Autant abréger mes souffrances.
Ayant été perdue dans mon petit monologue morbide, je n'avais pas remarqué le changement de décor. Les feuilles et la terre avaient été remplacés par de l'herbe qui me semblait douce comme du velours contre mon dos déchiqueté. Les arbres avaient fait place à une petite clairière bordée d'un lac éclairé par la lune, immense et envoûtant. J'avais le sentiment qu'il m'appelait.
J'entendis la femme aboyer quelques ordres, et ses congénères me tirèrent jusqu'à un drôle d'arbre où elles y clouèrent le pieu qui me maintenait prisonnière. Oui, un peu comme Jésus, sauf que moi je ne savais toujours pas pourquoi elles m'avaient attaquée. Peut-être que Jésus ne le savait pas non plus.
J'étais là, dégoulinante de sang, clouée sur un arbre devant des femmes qui me regardaient une lueur assassine dans les yeux et moi, je pensais à Jésus. C'était tout à fait normal. Je regardai un peu autour de moi ; les étoiles brillaient très fort, éclairant un peu la clairière, mais je ne vis aucune lune dans le ciel sombre. La lumière que j'avais vu se refléter dans le lac émanait en réalité du lac lui-même. Je remarquai que je n'étais pas vraiment clouée à un arbre, mais à ce qui semblait être une racine géante. Je trouvais cela étrange, jamais un arbre n'avait eu d'aussi grandes racines, à ma connaissance.
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Bonsoir mes petits oiseaux :)
Voici la première partie du chapitre 1, j'espère que le début de l'histoire vous plaira ;)
Passez une bonne soirée,
À la semaine prochaine :*~ Plume
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Les Marques de Gaïa
FantasyAmbre a choisi. Partir et mourir, pour suivre son destin. Désormais, son sort est lié à ces êtres mystérieux que sont les Devas. Il lui faudra trouver les quatre de la prophétie avant qu'il ne soit trop tard... Avant que les Démons n'envahissent les...