Chapitre 4 - 1

5 0 0
                                    

Partie 1

Magies et combats

  Lorsque nous nous étions envolés, cela m'avait tellement surpris que j'eusse derechef fermé les yeux. Puis, avec une certaine prudence, je les avais rouverts pour découvrir qu'une distance vertigineuse s'étendait entre le bout de mes pieds et le sol. Je resserrai alors mes doigts sur la robe de Manã, par pur réflexe.

  Pour éviter ce sentiment de vertige qui m'oppressait la poitrine, je levai la tête vers le ciel. Nous étions déjà arrivées aux premières branches du titanesque arbre. Je fus bouche-bée face au magnifique décor qui se cachait sous l'épaisse toison verte de l'Arbre-Monde : il y avait là tout un village où vivaient les Devas. Il se trouvait différentes plateformes reliées entre-elles par des ponts suspendus sur lesquelles étaient répandues des maisons et maisonnettes, elles aussi faites entièrement de bois. De là où j'étais, le village entier semblait faire partie d'Yggdrasil. À chaque coup d'œil, je pouvais voir des lianes, des fleurs, des ronces, des lierres qui avait poussé parmi les branches et les habitations, sur les plateformes et les ponts.

  Ce village, qui s'inscrivait dans ce cadre naturel et idyllique, débordait de vie. Cà et là il y avait des Devas qui volaient de maison en maison, qui empruntait les ponts ; il y en avait même qui chevauchaient de grands oiseaux colorés, ressemblant étrangement à des oiseaux préhistoriques, comme les Archéoptéryx. Ils faisaient au moins deux mètres de long, voire même trois pour les plus grands !

  Manã dut comprendre que j'étais intriguée par ceux-ci, ainsi se dépêcha-t-elle de m'expliquer que ces oiseaux étaient des oiseaux Célestes, appelés plus communément les Célestes.

  Un de ces immenses oiseaux vint se poser juste devant nous : une jeune femme aux longs cheveux roux le chevauchait.

  – Bonjour Prêtresse, me dit-elle en faisant un petit geste de la tête. Bonjour Prophétesse.

  – Ah Elanã ! Comment se portent les deux novices ? lui demanda cette dernière.

  – Je suis étonnée par la fille, Ashe. Elle est très douée en combat au corps à corps. Mais le garçon, Rouge... Il a beaucoup de difficultés. Ses coups sont maladroits et il n'a toujours pas trouvé l'arme qui lui convient. Sanã voudrait vous glisser deux mots à ce sujet, si vous avez le temps bien-sûr.

  – Si tu la croises, lui expliqua Manã, dis-lui que je m'entretiendrai avec elle tout à l'heure.

  – Je lui ferai passer le message, Prophétesse.

  Elanã donna un coup de rênes à son Céleste qui s'envola en piqué vers le sol, laissant derrière lui quelques petites plumes. J'en attrapai une au vol : qu'elle était belle et douce.

  – C'est sa période de mue, précisa Manã.

  Elle me fit signe de la suivre ; nous passâmes sur un long pont suspendu, nous empruntâmes quelques escaliers avant d'arriver devant une bâtisse un peu plus imposante que les autres. Le bois qui la composait était sculpté de milliers de symboles et de dessins racontant des histoires, formant des phrases illisibles à mes yeux. Il y avait une porte vitrée, dont les couleurs – bleu, rouge, vert, blanc et violet – n'étaient sûrement pas étrangères aux différents éléments qui parcouraient la vie des Devas magiciennes.

  – Oui Ambre, ce sont bien les couleurs des différents éléments. Tu peux voir leur inscription en langage féérique ici.

  Elle me montra des mots qui n'avaient aucun sens à mes yeux.

  – C'est normal que je ne sache pas le lire ? lui demandai-je.

  – Seules les Devas magiciennes le peuvent, mais il faut qu'elles apprennent à le voir.

Les Marques de GaïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant