Chapitre 4 - 2

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Partie 2

Je reposai la boule de cristal dans les mains de Manã, et elle perdit instantanément de son intensité lumineuse, jusqu'à s'éteindre complètement. Thénã s'avança près de moi en compagnie de Tarane et me tendit la main droite, la paume vers le ciel et les doigts recourbés à la manière des Devas. J'y glissai la mienne de la même façon. Elle fit un léger mouvement de tête vers la sortie et je compris son message implicite. Je ne savais pas si je devais dire au revoir aux Gardiennes avant de partir, ou si je devais les saluer, alors je m'abstins de faire quoique ce soit de peur de mal faire.

Thénã et Tarane m'emmenèrent à travers le village jusqu'à ce que l'on arrive sur une énorme branche. À les regarder, elles avançaient dessus aussi aisément que si elles marchaient sur la terre ferme ; je n'avais pas vraiment le vertige, mais je ne pouvais oublier la chute vertigineuse qui m'attentait si je venais à perdre l'équilibre. Heureusement, j'étais à pieds nus ce qui m'assurait une meilleure prise sur l'écorce d'Yggdrasil, mais je n'en étais pas rassurée pour autant.

En avançant, je découvris cachée derrière les feuillages une simple échelle faite de corde et d'échelons en bois qui se balançait sous la légère brise d'été. Tarane et Thénã n'hésitèrent pas et commencèrent à la gravir avec agilité, comme si elles avaient fait cela toute leur vie. Je déglutis avant de m'attaquer à l'escalade de cette échelle. Nous arrivâmes sur une autre branche, un peu plus petite que la précédente mais toujours aussi imposante.

– Nous sommes bientôt arrivées. Il nous reste à monter les escaliers, m'expliqua Tarane.

– On va où ?

– Patience, Prêtresse, patience, me répondit-elle avec un clin d'œil.

Je tournai la tête de droite à gauche afin de trouver ces fameux escaliers. Je ne les voyais pas.

– Où sont-ils ?

Tarane me pointa le tronc de l'Arbre-Monde : je pus constater qu'effectivement, il y avait des escaliers qui s'enroulaient autour du tronc. Escaliers qui se constituaient de simples planches enfoncées dans l'écorce d'Yggdrasil. Et qui n'étaient pas très larges, ni très épaisses. Et qui n'avaient aucune barrière pour se protéger du vide qui les entourait. J'eu un frisson. C'était encore pire que l'échelle que je venais de monter. Pour qui me prenaient-elles, moi qui possédait l'agilité d'une pomme de terre : un écureuil, un singe ?

Nous entamâmes l'ascension périlleuse de ces escaliers escarpés. J'avais tellement la trouille que je me collais contre l'écorce d'Yggdrasil ; j'avais les jambes qui tremblaient tant j'étais effrayée à l'idée de faire une chute mortelle de plus d'une centaine de mètres. Il y avait beaucoup d'escaliers, et plus je les grimpais, plus je me sentais essoufflée par l'effort. Nous finîmes par arriver sur une petite plateforme de trois mètres sur trois. Mes jambes me faisaient un mal de chien et je sentais mes côtes bruler à chaque nouvelle inspiration. Je devais avoir l'air d'un chameau en train de mettre bas. Je me sentis perdre l'équilibre et je tombai, mes genoux heurtant brutalement le palier. Je grimaçai de douleur.

– Prêtresse, est-ce que vous allez bien ?

– C'est... Ambre Tarane... Ambre..., lui répondis-je en haletant.

Je lui fis un petit sourire qui se voulait rassurant, comme pour lui montrer que tout cela allait vite passer et qu'il n'y avait pas à s'en faire. Je repris assez rapidement une respiration correcte, jusqu'à ce que je puisse me relever sans ressentir de vertige. J'observai alors Yggdrasil, à la recherche de la moindre porte qui puisse mener autre part que dans le vide qui nous entourait. Il y avait sur l'écorce le dessin d'un arbre entouré de quatre symboles qui représentaient les éléments. Le cinquième, l'esprit, était dessiné sous la forme d'une petite spirale au centre du tronc de l'arbre ; il y avait là un petit creux. C'est alors que Thénã sortit de son décolleté un pendentif vert irisé qui avait la forme d'une goutte d'eau : le dessin s'illumina d'une lueur blanchâtre dès lors qu'elle l'eut introduit dans le petit renfoncement. Un pan de l'écorce en bois coulissa alors devant mes yeux émerveillés, laissant apparaitre une salle circulaire dans laquelle nous nous engouffrâmes. Dès que nous fûmes à l'intérieur, le mur se referma derrière nous, et même s'il n'y avait aucune fenêtre dans cette pièce, nous ne nous retrouvâmes pas dans le noir. En effet, la pièce était parsemée de plantes luminescentes et la mousse sur laquelle je marchai s'illuminait à chacun de mes pas. Il y avait un centre de cette salle secrète un socle fait de branchages entremêlés qui formaient un dôme protecteur autour d'une boule de feu violette. Je me sentis irrésistiblement attirée par cet étrange feu ardent et je m'approchai de lui en tendant les mains devant moi afin de pouvoir le toucher.

Les Marques de GaïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant