Chapitre trois.

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Une longue inspiration. Ma cage thoracique se lève au maximum me donnant cette impression qu'elle va exploser. Je pose alors une main sur mon cœur et le sens taper comme s'il voulait s'échapper.

Je lève les yeux vers le ciel, admirant cette magnifique nuit étoilée. Je regarde à gauche puis à droite, c'est drôle, car il y a beaucoup de passage habituellement sur ce pont, mais là, il n'y a personne à l'horizon, aucun promeneur déambulant, aucune voiture conduite sous l'alcool des jeunes, non, il y a juste moi, à regarder les étoiles briller et écoutant le vent faire tomber les feuilles de l'arbre.

Je finis par m'asseoir sur le muret qui borde le pont. Le fleuve qui passe en dessous de ce dernier est déchaîné, ce frappant contre les roches qui y dépassent et déformant le reflet de la lune qui s'y dessine.

Le vent s'intensifie et se déplace dans mon dos, je me sens alors comme attirée vers le bas. Lentement, je m'y rapproche avec cette folle envie de sauter, pour avoir la douce sensation de perdre le contrôle, ne pas savoir ce qui va m'arriver, que la dernière inspiration que je vais prendre soit prise avec toute son importance. Je suis au bord du muret, au moindre mouvement, je peux tomber, au moindre mouvement mon corps peut basculer et je perdrais alors toutes possibilités de me rattraper.

Je prends une longue inspiration et regarde mon reflet déformé au gré du courant, puis, je le vois, il est là. Je sens sa présence près de moi et son reflet se confondre avec le mien, nous ne faisons plus qu'un dans cette rivière, nous sommes unis et nous ne nous quitterons pas.

Le vent change de sens et se met face à moi, il me pousse vers la route et par sa force ou par mon état de faiblesse non-négligeable, je me retrouve projetée au sol. Je me sens alors comme vide, vide d'émotions, vide d'énergie.

Sachant pertinemment que rester sur ce pont plus longtemps était une mauvaise idée, je prends mon téléphone et regarde l'heure, deux heures quinze, cela fait quatre heures que je suis partie de chez moi ?

Ayant cette envie de prendre l'air et ne trouvant pas le sommeil, je me suis décidée il y a quatre heures de cela de me promener dans les rues Parisienne, sans destination et objectif précis, juste marcher, et c'est comme ça que je me suis retrouvée sur le pont ou ses cendres ont été dispersées.

Je regarde de nouveau l'horizon, aucune voiture, aucun piéton, comment vais-je rentrer ? Je vais dans les contacts de mon téléphone, faisant défiler tous les noms qui s'y trouvent afin de trouver une âme charitable qui peux venir me chercher. Je tombe sur le nom de ma mère, j'appuie sur le contact et porte le téléphone à mon oreille, je laisse sonner une fois puis raccroche, ne voulant pas l'inquiéter, je ne préfère pas lui dire que je suis dehors à cette heure-ci. J'arrive en bas et aucune personne ne me semble bonne à appeler. Mon téléphone me dirige alors vers mes favoris et je tombe sur le nom d'Anthony, j'hésite quelques secondes puis décidé d'essayer de l'appeler, première sonnerie, deuxième sonnerie, troisième sonnerie. Je m'apprête à raccrocher, mais j'entends sa voix au bout du fil.

- Salut toi.

Je commence à regretter de l'appeler, il a une voix endormie et parle par le nez, il doit commencer à être malade.

- Je suis désolée, je n'aurais pas dû t'appeler. On se voit demain.

- Non, non. Je t'interdis de raccrocher mademoiselle Esther. Je veux que tu me dises pourquoi tu m'appelles.

- Rien d'important mon chat, je t'assure, c'est rien. Je voulais juste entendre ta voix.

J'essaie de prendre une voix assurée et confiante. Je le connais et il me connaît, heureusement ou malheureusement, je ne sais pas. Mais il sait que si je l'appelle à une heure aussi tardive se n'est pas pour prendre de ses nouvelles.

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