Chapitre onze.

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...PDV Anthony.

Je dévie mon regard du téléphone et retourne dans la salle à manger. Je m'assois face à Anaïs qui garde ce sourire qui me semblait si sincère auparavant. Pourtant, je fais de même, refoulant toute haine et déception à son égard, ne voulant toujours pas croire ce que je viens de découvrir.

Durant le dîner j'ai la tête ailleurs. Je pense à mon bébé qui était qu'une simple illusion, à mes projets partis en fumée, à Joy qui était la personne en qui j'aurais dû avoir confiance dès le début. Les paroles de ma partenaire se bousculent dans ma tête, ces paroles remplies de sincérité mais que je n'écoutais pas, car j'étais aveuglé par l'apparition d'un bonheur qui n'était que fictif.

Anaïs monopolise la parole depuis le début, cela dit ce n'est pas comme si j'avais essayé de parler. Je n'ai pas écouté un mot de ce qu'elle m'a raconté, puis cela est sans importance maintenant.

- Je peux revoir les clichés de l'échographie ?

Je ne la laisse pas finir sa phrase que je lui coupe la parole sans même m'excuser. Elle me regarde surprise puis se lève. Elle revient quelques secondes plus tard avec la même enveloppe que ce matin dans les mains, et me la tend. Je l'ouvre et y sors les photos. Je prends le temps de regarder une dernière fois ces clichés, imaginant une dernière fois que c'est moi le père de cet enfant, puis je finis par retourner la feuille afin de vérifier s'il y a bien une date au dos.

- Qu'est-ce que tu regardes ?

Je reste silencieux un court instant, tous mes espoirs de paternité sont envolés.

- Anthony ?

- Pourquoi c'est écrit 6 mars 2016 ?

- Je ne sais pas.

- Te fou pas de moi Anaïs. Tu le sais très bien.

J'essaie de garder mon calme, je veux garder mon calme, mais la colère et la tristesse qui me prennent à la gorge me donnent envie de tout casser, comme une envie de lancer ma colocataire par la fenêtre.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Me prends pas pour un con je t'ai dit ! Dis la vérité maintenant.

Je perds mon sang-froid et je commence à élever la voix. Je n'arrive plus à rester assis, je me lève et commence à marcher dans la salle à manger pour me calmer, sans résultat.

- Pourquoi t'as fait ça hein ?! Ça te fait plaisir de me prendre pour un putain d'abruti !

Anaïs reste assise, sans bouger, les yeux rivés vers le bas et cela m'exaspère encore plus.

- C'était quoi ton but ?!

Ayant marre de son silence je m'approche d'elle et tourne la chaise vers moi afin qu'elle me regarde dans les yeux. Mais elle ne le fait pas, préférant fixer ses cuisses plutôt que moi.

- Parle bordel !

Une larme s'échappe de son œil droit qu'elle essuie dans la foulée. Elle lève les yeux vers moi durant un court instant.

- Je... Je ne voulais pas te faire de mal, je te promets.

- Tu penses me faire quoi là ? Tu crois que je me sens bien ? Que je suis heureux de savoir ça ? Tu peux me le dire que tu voulais juste bien te foutre de moi.

- Non, ce n'est pas pour ça !

Les larmes coulent à flots sur son visage mais aucune empathie ne paraît en moi, au contraire la rancœur et la colère sont omniprésentes.

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