DEHORS [projet inachevé]

Chapitre 16 : Ébauche de plan

-Un plan. Il nous faut un plan, marmonna Mallory pour la énième fois.

   Elle était assise en tailleur sur le parquet lustré du salon, au centre d'une quantité impressionnante d'objets en tout genre. Feuilles de papier, stylos aux couleurs variées, carnets enjolivés d'arabesques formaient autour d'elle un cercle presque parfait. Dans sa sérénité nerveuse, la jeune humaine m'évoquait les grands sages de mon pays, ermites reclus dans leurs cavernes, que l'on consultait notamment après une naissance.

   Par deux fois, j'avais rendu visite à l'un de ces vénérables, une très vieille Elfe du nom de Yourka, et par deux fois le spectacle auquel j'avais assisté m'avait laissée pantoise. D'abord : une forêt luxuriante et verdoyante, où se faufilaient des reptiles ondulants et fluides dans leurs écailles rutilantes et où glissaient dans la brume de charmants oiseaux au plumage chamarré et chatoyant. Puis, au cœur de cet environnement éclatant, se trouvait la grotte de son ermitage.

    Les murs, incrustés de cristaux, semblaient pétiller à la lueur de nos lanternes. Un parfum capiteux et léthargique s'emparait de nos narines. Tout au fond de l'excavation, dans le recoin le plus sombre, au cœur d'un cocon de couvertures, d'éclats de rubis et d'encensoirs fumants, se tenait notre minuscule prêtresse. Ses cheveux blanc sale tombaient jusqu'au sol -qu'elle dépassait de peu- et ses guenilles laissaient apparaître sa peau parcheminée. Je me souviens que nous avions déposé Elros (ou Aslinn la seconde fois) à ses pieds en murmurant "Vénérable Yourka, puissiez bénir notre enfant." La vieille s'était soudain redressée, ses yeux immenses roulant dans ses orbites avant de se fixer sur le bébé. Elle avait alors poussé une sorte de rugissement en tendant ses mains fripées vers le poupon. Un éclair avait jailli de ses paumes et marqué la nuque de l'enfant du symbole de notre peuple : deux vaguelettes surmontées d'une étoile. Yourka s'était ensuite effondrée dans ses édredons en marmonnant, et nous étions repartis.

    Revenant brusquement à la réalité, j'observai Mallory qui radotait toujours dans sa quête désespérée d'un plan. Elle était désormais face à un bien étrange objet, que j'avais déjà remarqué sans que j'osasse en demander l'utilité, de peur de paraître ignorante. La chose semblait constituée de deux plaques d'une matière argentée inconnue, accrochées de façon à former un angle de 90°. Celle du bas comportait une cinquantaine de petits carrés noirs marqués, de ce que j'en savais, de lettres ou autres caractères. L'autre, verticale, affichait images et textes à la manière de l'écran de son téléphone. Surprenant mon regard inquisiteur et curieux, Mallory sourit et expliqua, enthousiaste :

- C'est un ordinateur, c'est très pratique. C'est une sorte de robot intelligent qui peut nous assister pour beaucoup de choses. Mais le mieux, c'est Internet : un espace informatique où sont stockées la plupart des informations du monde ! (puis, devant mon air perdu, elle ajouta :) Comme la plus grande bibliothèque du monde, consultable instantanément depuis presque tous les coins de la Terre ! Un formidable réseau tissé entre les peuples pour communiquer !

- Quoi ? Mais c'est imposs... merveilleux ! m'exclamai-je, ébahie. Et... tu pourrais trouver comment retourner à Bédélia grâce à cela ? demandai-je avec espoir.

Mais Mallory me fit déchanter un secouement de tête.

- Ça m'étonnerait, personne ici ne croit aux Elfes. Pour les humains, vous n'êtes que de ridicules personnages de contes, aux oreilles pointues et aux souliers verts à grelots ! Non, décidément, seuls quelques hurluberlus isolés pourraient penser que... Hé, mais c'est peut-être ça, la solution !

    Et, avant d'avoir pu m'insurger de l'expression relativement vexante de "ridicules personnages de contes", elle s'était jetée sur l'ordinateur et frappait en hâte sur les carrés noirs. Après avoir fait défiler une série de "Résultats pour la recherche : scientifiques elfes", elle s'écria :

- Bingo ! Écoute ça : "Ce pseudo-scientifique allemand, professeur de Lettres à l'Université de Genève en Suisse depuis plus de 30 ans, est bien connu dans sa région pour ses nombreuses analyses passionnées des romans du célèbre J.R.R. Tolkien et de toute la littérature portant sur la fantasy et la magie, ainsi que pour ses recherches sérieuses et fournies menées sur le monde des Elfes et ses examens approfondis de leur langue. Après de nombreux voyages (notamment en Nouvelle-Zélande), il a déclaré le 9 juin 2011, en réaction à des remakes, blablabla... que ses études étaient fondées sur des faits réels et qu'il apporterait bientôt la preuve de l'existence d'un monde elfique ! " Eyl', je crois bien que ton billet de retour à Bédélia s'appelle (elle jeta un œil à l'écran) Séraphin Grussenmeyer !

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Hey hey hey !

Voici que se profile à l'horizon un échappatoire pour Eilowny !  Nous espérons que cette suite et les idées qui y sont évoquées vous auront plu ! ;)

A très vite ! 

PS : une petite dédicace @Aryalys et ses idées tordues s'est glissée dans le texte, nous espérons qu'elle lui fera plaisir ^^