Chapitre 8 : Véritable rencontre

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- Bien, fit Mallory, Maintenant que nous sommes seules, je vais pouvoir laisser éclater mes sentiments absolument contradictoires et dont la provenance est logiquement et totalement impossible.

   Elle laissa planer un silence étrangement pesant avant de s'exclamer, presque en hurlant :

- Alors ça c'était un truc de dingue !! Le jet d'eau qui sort des mains... franchement t'as fait fort ! Est-ce que ça veut dire ton délire avec les Elfes et tout le reste, c'est vrai ? Non, absurde. Ca ne peut pas exister, ça contredit toutes les lois scientifiques. Mais alors, comment fais-tu ce... ce... ça ? Parce que tu as bien fait  quelque chose, n'est-ce pas ? Oui, évidemment, je l'ai vu. Deux fois. Ce ne pouvait pas être de la magie, puisque ça n'existe pas. Mais alors, qu'est-ce que c'était ? Arg ! Je ne comprends rien. Je ne comprends rien et ça m'énerve au plus haut point. Je déteste ne pas comprendre les choses !

   Elle avait dit tout cela sans reprendre son souffle. Les questions affluaient sans que j'aie le temps d'y répondre, aussi incohérentes que bizarres. Je me fis la réflexion que, de toute manière, ici, où que je sois, absolument tout était aussi incohérent que bizarre. Je reportais mon attention sur Mallory qui fulminait, un expression indescriptible peinte sur le visage. C'était un mélange de rage contenue, d'exaspération sans borne, d'incrédulité et d'autre chose... Du respect ? De la peur ? Je n'en savais rien.

   -Est-ce que ça va ? demandai-je juste avant de me sentir totalement idiote puisque, non, visiblement, ça n'allait pas.

   La jeune fille s'assit sur le lit, découragée.

   - Excuse-moi. C'est juste que... c'est tellement incompréhensible, tout ça ! C'est un peu dur à encaisser. Tu sais, je crois que tu dis la vérité, mais... mais ça contredit tout ce que l'on nous met en tête depuis qu'on est gamins, alors forcément...

   Elle n'acheva pas sa phrase, laissant en suspens les explications dont j'avais eu besoin pour saisir ce qui m'avait jusque là échappé. Je commençais à comprendre ce que Mallory ressentait, et un élan de compassion et de culpabilité m'envahit. La pauvre... Ce devait être aussi difficile pour elle que pour moi, mais elle avait courageusement tenté de contenir ses émotions. Contrairement à moi, qui avait hurlé comme une démente en l'insultant et la jugeant sur son apparence différente, sans même essayer de la connaître. Quelle subtilité...

   -Je crois que je comprends, fis-je doucement, posant une main réconfortante sur son épaule.

   Mallory essuya les quelques larmes qui avaient commencé à couler et me fixa de ses beaux yeux bleus en esquissant un sourire. Maintenant que je n'étais plus en train de lui crier dessus ni de la noyer sous une rivière magique, je pus remarquer combien elle était belle. Elle avait des cheveux châtains qui tombaient sur ses épaules en une cascade de boucles brunes aux reflets de rouille (cette couleur capillaire m'étonnait fortement car nous les Elfes, de notre côté, n'avions que des teintes de cheveux très tranchées : bruns très appuyé voire noir de jais, roux ou blonds sans développement de nuances intermédiaires), et des yeux d'un bleu si particulier qu'ils semblaient être à la fois saphirs, aigues-marines et topazes. Ses oreilles rondes et les étranges points roux qui parsemaient son doux visage la rendaient magnifique, d'une beauté exotique. Je songeais à ce que tout le monde disait, chez moi : la célèbre et envoûtante diva Mylosane était la plus belle Elfe de tous les univers. Elle venait, incontestablement, de perdre sa couronne...

   - Bon, reprit-elle, je crois que tu as beaucoup de choses à me raconter, n'est-ce pas ?

   - Oh, ça, pour en avoir, j'en ai ! riais-je, heureuse que la jeune fille aille mieux.

   S'ensuivit alors le long récit de mes aventures, depuis la Guerre jusqu'à cet espèce de monstre jaune qui m'avait renversée pour que je me réveille ici, totalement perdue. Mallory écoutait attentivement, tantôt écarquillant les yeux, tantôt émettant un commentaire sur ce que j'avais vu ici — c'est ainsi que j'appris que la cause de mon second évanouissement s'appelait "taxi". Lorsque j'eus fini, elle siffla et se mit à poser diverses questions sur moi ou sur Bédélia, auxquelles je répondis avec joie.

  Pour la première fois, je me sentais bien et parfaitement à l'aise dans ce monde inconnu qui m'avait paru si hostile... Et j'avais quelqu'un sur qui compter !

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Salut à tous, chers lecteurs !

La suite des aventures d'Eilowny et de Mallory, bien qu'il ne se passe pas grand chose dans ce chapitre...Mais c'était inévitable qu'un jour elle se mette à se parler et à se raconter des trucs ! ;)

Le club des pingouins vous remercie de votre fidélité ^^

DEHORS [projet inachevé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant