Je me révéillais avec un violent mal de crâne, et le vague souvenir d'un rêve avec des champignons, des blocs géants, des gens vraiment impolis et une machine couleur poussin qui fonçait vers moi.
Quel rêve absurde.
J'étais allongée dans mon lit bien tranquillement, sous ma couette mauve qui respirait un parfum sucré et fleuri... Une minute. Une couette mauve ? La mienne était bleue, dont les différentes tonalités se nuançaient du turquoise au bleu marine, comme les teintes d'un ruisseau... Et puis elle exhalait une senteur d'eau douce et de rivage sablé humide.
Prise d'un énorme doute, je me relevai sur mes coudes et laissai échapper un petit cri aigu parfaitement ridicule. Deux grands yeux d'un bleu azur me fixaient d'un air malicieux, brillant d'un éclat particulier, comme éclairés de l'intérieur. Et ils appartenaient à une étrange elfe qui semblait avoir le même âge que moi, environ : des cheveux couleur de l'écorce d'un vieil arbre avec une forme étrangement ondulée et non pas lisses, des cils très noirs et des lèvres très rouges... c'était vraiment bizarre. Mais c'étaient ses oreilles les plus frappantes : rondes et courtes, il semblait manquer un morceau...
Je me souvins de ce qu'on disait aux enfants, lorsqu'ils étaient petits : on leur interdisait de s'approcher de certains elfes, les Sangs-d'Ebène. Ils étaient nés mal-formés, et n'étaient pas reconnus par leurs peuples. Condamnés à errer dans les villes pour mendier, on racontait qu'ils enlevaient ceux qui étaient assez imprudents pour s'approcher, bien que cela ne se soit jamais vérifié. Cette histoire m'avait toujours fait froid dans le dos.
La jeune elfe devait être l'une d'elle. La pauvre me faisait un peu pitié. Non, elle vient sûrement pour me supprimer je ne peux pas la laisser faire, me repris-je alors que s'imposaient à moi des images d'enlèvement, de torture et de sang.
- Je... Je ne vous laisserez pas m'emmener, sale mal-née ! Vous... Vous n'avez aucune emprise sur moi et je n'ai pas peur de vous ! m'exclamai-je, d'abord incertaine.
L'autre haussa les sourcils, l'air à la fois perplexe et inquiète. Bien, pensai-je, elle ne s'attendait pas à cela, j'ai réussi à la déstabiliser !
- Ouh là... ça a pas l'air d'aller, toi... On dirait bien que la voiture en pleine poire, ça te réussis pas trop, hein ? répondit-elle, un sourire en coin.
Ce fut à mon tour d'être déstabilisée. Mais que racontait donc cette folle ? J'allais parfaitement bien ! C'était plutôt pour elle qu'elle devrait s'inquiéter : une "voatur", cela n'existait pas ! Et quel était le rapport avec une poire ? Vraiment, tout cela n'avait aucun sens.
- Je vous demanderais de vous exprimer de façon logique, Sang-d'Ebène, persiflai-je, agacée.
- Sang d'ébène ? C'est quoi ce truc trop bizarre ? Wow, mais tu délires grave, ma vielle, en fait !
Truc ? Wow ? Grave ? Ma vieille ? Mais quel était cet étrange langage ?
-Je ne suis pas vieille, marmonnai-je, vexée.
- Au fait, moi c'est Mallory, dit-elle, passant outre ma remarque, et toi ?
Je répliquai que je ne donnais pas mon nom à une inconnue, encore moins à une Sang d'Ebène, et l'autre s'emporta :
- Mais t'es infernale, toi, comme fille ! Je comprends bien que se faire renverser pas une voiture, ça ne doit pas être drôle, mais tu pourrais m'être un minimum reconnaissante ! Je te signale que c'est dans mon lit que tu dors depuis deux jours et que je me retrouve à dormir par terre, quand tu ne crie pas des histoires idiotes sur la guerre des champignons, bien évidemment.
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DEHORS [projet inachevé]
FantasiUne Guerre. Puis une fuite. Je savais que je quittais ma maison. Mon village. Mon pays natal. Mais ce dont j'étais loin de savoir, c'est que je quittais mon monde tout entier, pour m'aventurer... DEHORS...