Ethrian III - Eriel et Ana-su

Acte II, scène 4.

Raen, Ana-su et Sir Noveton.

Dans son coin, le Prince héritier déguste un bon verre de vin et converse avec ceux qui le veulent.

SIR NOVETON — Mon Prince ?

RAEN — Oui ?

Il se retourne et reconnaît sur le champ sa muse.

RAEN — Sir Noveton, voici une charmante demoiselle accrochée à votre bras. Serait-elle votre femme par tout hasard ?

SIR NOVETON — Loin de là, votre Altesse ! Nous recherchions simplement des compagnons et avons décidé de se choisir mutuellement. Je vous présente Ana-su, votre Altesse.

RAEN, rieur — Ana-su. Ana-su ? N'était-ce pas Mérissa hier ?

ANA-SU — Je ne vois pas ce que vous indiquez, votre Altesse.

RAEN — Non ? En êtes-vous sûre ? Pourtant, moi, je me souviens.

SIR NOVETON, perplexe — Vous seriez-vous déjà rencontrés ?

ANA-SU — Qu'un court instant.

RAEN, sourcils levés — Ah ? Court, mais intense. La veille, je n'ai eu le temps de vous féliciter. Vous avez merveilleusement bien embelli la chambre que l'on vous a assignée au Vert-ailé. C'est un très bon travail.

SIR NOVETON, s'étrangle — D-Dans sa chambre ? Quell-Quelle est la nature de votre re-relation ?

RAEN — Eh bien, nous sommes tous les deux des artistes. Deux pensées libres et divergentes. De plus, elle est ma muse.

SIR NOVETON — V-Votre muse ?

ANA-SU, exaspérée — Son Altesse exagère ! Je ne suis rien de tel.

RAEN — Ah ! Si, j'insiste et je confirme. Grâce à vous, j'ai composé un nouveau morceau dans l'après-midi d'hier. Lorsque je songe à vous, je me sens emporté dans un flot de vivacité et de fraîcheur.

SIR NOVETON — Vous devez être honorée, Ana-su ! Son Altesse n'est pas souvent autant enjouée. Gratifiez-le convenablement.

ANA-SU — Votre Altesse, vous ne devriez pas. Vraiment, ce n'est pas nécessaire.

SIR NOVETON, curieux — Qu'est-ce qui vous a conquis chez elle ?

RAEN — Hormis sa beauté flagrante et frappante ? C'est son expression. Tout en elle parait ardent. Il ne suffit que d'un regard pour la sonder intégralement. Les personnes comme elle sont si démonstratives. Ses traits dessinent toutes ses émotions. Par exemple, je n'ai aucun mal à reproduire son énervement sur ma harpe.

SIR NOVETON — Vous avez une belle âme d'artiste, votre Altesse !

RAEN — Mais qu'est-ce au final être un artiste ? Et d'en détenir l'âme ? Elle et moi sommes tous deux des artistes et nous fonctionnons absolument différemment. Elle danse avec passion et se ferme à ce qui l'entoure afin de n'être blessée. Tandis que je joue avec virtuosité et m'ouvre à tous, parce que je chéris l'humain.

SIR NOVETON, gêné — Votre Altesse ?

RAEN — Oui ?

SIR NOVETON — Pourriez-vous jouer pour nous ?

RAEN — Le désirez-vous vraiment ?

SIR NOVETON — Bien entendu !

ANA-SU — A quoi bon ? Sa musique est médiocre.

RAEN, souriant — Comment le savez-vous ? Je n'ai jamais joué devant vous.

ANA-SU — Si vous prenez vraisemblablement exemple sur moi, alors ce ne doit guère être un agréable résultat.

RAEN — Permettez-moi de vous prouver le contraire, jeune et jolie Ana-su.