Acte II, scène 3.

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Ar, Tyvan et Eriel.


L'Altesse est en rage, les poings fermement serrés, ses jointures blanchâtres, elle vacille.

ERIEL Vous êtes ignominieux !

TYVAN Vous êtes hideuse !

Elle esquisse un mouvement afin de le gifler, mais il attrape sa main et la rejette contre son corps.

TYVAN Folle, calmez votre emportement. Ce n'est ni le moment, ni le lieu pour ces querelles. Je vais prendre congé dorénavant, je ne supporte plus la tension ; tachez de ne pas paraître trop inhabituelle.

Il entame des pas de repli, mais le second Prince s'interpose.

AR Restez, Tyvan. Il me semble qu'une conversation ne serait pas de refus. N'est-ce pas, femme ?

ERIEL Avez-vous tout entendu ?

AR Je n'ai pas eu cette chance, mais je suis persuadé que votre discussion a été fructueuse. N'avez-vous pas quelque chose à me confesser ?

TYVAN, soupire — Ne vous infligez pas cette peine, mon frère. Tout est terminé.

ERIEL, empressée — Rien n'est terminé !

TYVAN Effectivement, puisque rien n'a débuté.

AR Que s'est-il réellement bâti entre vous ?

ERIEL Comme si vous ne le saviez pas déjà. Vos espions ne vous auraient-ils pas tout rapporté ?

AR Impertinente ! N'osez même plus me répondre sur ce ton. Je veux vous entendre l'avouer.

TYVAN, las — Si vous insistez ! Pour être bref, je me suis occupé de votre femme, tandis que vous auriez dû être à ses côtés. C'était amusant jusqu'à maintenant. J'en ai fini avec ces bêtises. Eriel, vous n'êtes plus suffisamment divertissante... Conversez ensemble. Vous avez de nombreuses choses à vous raconter. Toutefois, prière de ne pas m'intégrer à vos disputes.

Ainsi, le Prince quitte les époux. Eriel se retient de hurler, Ar réprime quelques larmes.

AR Est-ce de la haine sur votre visage ? Ou bien de la déception ?

ERIEL Partez. Je veux être seule.

AR Je vous ai déjà laissée trop longtemps seule, c'est certainement pourquoi je vous ai perdue. Seulement, vous êtes ma femme et j'ai besoin de vous, de votre soutien.

ERIEL N'essayez pas de me ravoir. Je ne vous aime pas !

AR, glousse — Vous ressemblez profondément à son Altesse Idris, à une véritable enfant !... Comment pouvez-vous encore rouspéter ? Votre vie ne dépend que de moi. En un claquement de doigt, je peux tout vous enlever, et bien que je possède tous les pouvoirs, je vous garde près de moi. Je dispose de vous comme d'un pantin. Chaque mot que vous prononcerez à partir d'aujourd'hui, chaque geste qui pourrait me déplaire, tout sera susceptible de vous faire chuter. D'apparence, vous serez ma femme. A l'intérieur, vous ne serez qu'une ombre dont je pourrais décider du dessein. Allez-y ! Agissez encore comme vous le souhaitez. Mais vous ne demeurerez pas aussi vilaine.

ERIEL, doucereuse — Seulement, vous ne pourrez jamais exécuter cette menace.

AR Je suis curieux de savoir pourquoi.

ERIEL Parce que vous m'adorez.

AR Non. Non, c'est faux. Ne clamez plus au présent. Vous, moi, mes sentiments, c'est passé. Peu importe à quel point j'ai tenu à vous, retournez encore une fois dans le lit d'un autre homme et votre tête reposera sur un pique.

ERIEL, incertaine — La fureur, c'est la fureur qui détonne ceci.

AR Encore faux ! Ce n'est pas la fureur, mais ce que vous suscitez en moi. Une violente aversion. Ce soir était un avertissement. La prochaine fois, vous découvrirez l'action.

Ethrian III - Eriel et Ana-suOù les histoires vivent. Découvrez maintenant