Ethrian III - Eriel et Ana-su

Acte V, scène 3.

Jaesa et le Roi.

Après avoir discuté avec sa Majesté, ils quittent sa chambre afin qu'il se repose encore. La troisième Princesse demeure auprès de son père. Elle lui caresse les cheveux.

JAESA — Je crois avoir compris.

ROI, à moitié endormi — Qu'avez-vous compris ?

JAESA — La tierce femme. Celle que je cherchais, celle qui m'intéressait parce que je savais qu'elle faisait battre votre cœur au contraire de vos épouses. J'ai également compris pourquoi vous la dissimuliez. J'ai tout compris. Grâce aux derniers événements. Celle que vous aimez profondément. Et surtout, le lien qui vous attache. Au point de la préserver à vos côtés sans pouvoir la toucher. Notre précieuse Madame.

ROI — Simplement l'observer à la dérobée m'est suffisant.

JAESA — J'ai compris pourquoi vous n'aviez pas d'autres choix que de mentir.

ROI — M'en voulez-vous ? Trouvez-vous que cet amour ne devrait pas exister ?

JAESA — M'en voulez-vous d'aimer Lord Estebar ? Pensez-vous que cet amour soit vain ?

ROI — Bien sûr qu'il l'est, mais je ne peux vous en tenir rancune.

JAESA — Il est vain quand vous y mettez des barrières. Moi, je le laisse couler à sa guise et il n'en est que plus beau.

ROI, hésitant — Quel est le message derrière vos paroles ?

JAESA — Ne saisissez-vous pas, ou ne souhaitez-vous pas le saisir ? Je vous dis de l'aimer jusqu'à ce que vous lui donniez votre corps, votre cœur et votre âme.

ROI — Vous êtes jeune et naïve. Vous ne pouvez finalement point comprendre.

JAESA — La Madame ne mérite-t-elle pas votre passion ? Ne l'avez-vous pas suffisamment faite attendre ?

ROI — Que puis-je lui offrir ? Elle ne peut être rien de plus qu'une cuisinière.

JAESA, sous le ton de reproche — C'est vous qui l'avez baptisé ainsi ! Ce n'est qu'une recommandation, et je ne vous force pas à l'admettre, mais si vous la repoussez sans cesse, vous ne parviendrez jamais à être comblé.

ROI, éreinté — Que devrais-je faire ? Que, selon vous, ma chère, devrais-je faire pour remédier à cela ?

JAESA — Consentez à ce qu'elle soit votre Concubine. De la sorte, le peuple n'aura rien à redire.

ROI, esquissant un sourire moqueur — Vous prenez soin de votre vieux père, mais vous en oubliez votre mère. La Reine. Elle n'approuvera...

JAESA, agacée — Est-ce mère qui commande votre volonté ?! Elle connaît vos sentiments et sait qu'elle ne pourra rien y changer.

ROI — Nous parlons trop de moi ! Qu'en est-il de vous, ma fille ? Avez-vous enfin abandonné votre hymen envers mon Conseiller ? Ou cette conversation mène-t-elle à un but précis ?

JAESA — Je suis jeune et naïve. Pourtant, je suis la seule à remarquer le malheur autour de moi. Le Prince hériter avec Idris. Le second Prince et Eriel. Vous et la Madame. Je suis jeune et naïve. Pourtant, j'ai constaté récemment que j'ai l'immense et incroyable chance d'avoir un amour partagé. Lord Estebar et moi devons être ensembles, il ne peut en être autrement. Et je vous demande... Non ! je vous implore de me laisser l'épouser.

ROI, stupéfait — N'est-ce pas à lui de me demander votre main ?

JAESA — Vous l'enverriez en prison, comme la dernière fois.

Sa Majesté soupire lourdement.

ROI — Seras-tu véritablement satisfaite avec lui ?

JAESA — Plus que vous ne pouvez l'imaginer.

Un silence prend place. Sa Majesté ne sait pas quoi lui répondre.

ROI, à part — Il est plus qu'évident qu'ils seront heureux ensemble et qu'ils ne méritent que cela. Mais partira-t-elle loin de moi ? Et lui, m'abandonnera-t-il? (à elle) Me promets-tu que tu ne t'envoleras pas loin de nous ?

JAESA, rieuse — Redoutez-vous de perdre votre Conseiller ? Ne vous en faites pas ! Je ne vais pas vous le dérober ! Je vais simplement l'épouser !

ROI, résigné — En ces circonstances, je peux possiblement prévoir de vous marier bientôt.