Acte I, scène 1.

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Raen, un garde, des villageois et des artistes.


Le Prince héritier est dehors, accompagné d'un garde. Il est sorti à la Capitale et déambule dans le marché.

RAEN, fronce les sourcils — Pourquoi une telle bruyante agitation aujourd'hui ?

GARDE Sa Majesté a fait mander les meilleurs musiciens cette semaine, afin de célébrer ces trente années de règne, votre Altesse. Le peuple est très enjoué.

RAEN Ah ! que je chéris Ethrian ! Tout n'est qu'art ici. On regarde à droite, sur quoi tombons-nous ? Des fleurs vertes, violettes et rosées. A gauche ? Des piliers de roches recouvertes de mousses et lierres. Devant nous ? Des musiciens, ainsi que des danseurs tout autour. Derrière ? Des fontaines d'eau claire dont les gouttes éclaboussent chaque parcelle de terres en de petites perles parfaitement constituées. Connaissez-vous plus belle nation ?

GARDE Non, votre Altesse. Ethrian surpasse toutes les autres.

RAEN C'est bien ce que je disais !

Le Prince continue à se promener jusqu'à ce qu'il se retrouve bloqué par un groupement de personnes.

RAEN, gaie — Qu'y a-t-il maintenant ?

VILLAGEOIS C'est une troupe de vagabonds instrumentistes, votre Altesse.

VILLAGEOISE Depuis qu'ils sont ici - donc depuis ce matin -, ils n'ont cessé de jouer. Ils nous enchantent.

VILLAGEOIS C'est magique ! Venez, votre Altesse, passez devant.

Le Prince ne se fait pas prier et va voir de plus près.

RAEN, à part — Qui aurait cru qu'une telle extase puisse exister ? Les peaux tirées sont tapées en des rythmes frénétiques et délurés qui nous obligent à bouger notre corps en cadence. Les cordes sont frottées merveilleusement en tant que guide. La chanteuse possède une voix que je n'aurais jamais pensée ouïr dans ma vie. C'est un réel ravissement ! On dirait une de ces représentations des peuples nomades du Sud. Barbare, brutale et pourtant, nous ne pouvons nous empêcher d'y être irrémédiablement attirés. Nous sommes comme happés dans un tourbillon de sensation. Oh ! que j'aime cela !

Il se détache à reculons de ce groupement.

RAEN Garde, rencontrons d'autres artistes !

Il sautille dans tous les sens, excité.

GARDE Là, votre Altesse. Il y a les peintres.

RAEN Ouah ! Hâtons-nous-y ! (se précipite sur le premier peintre qu'il croise) C'est sublime, Monsieur ! Que peignez-vous au juste ?

ARTISTE 1, rieur — C'est sublime, mais vous ne reconnaissez guère. Mon orgueil en prend un coup, votre Altesse.

RAEN Je me suis mal exprimé. Je vois bien que c'est un paysage. Mais lequel ? De votre point du vue ? Est-ce le champ où vous passiez votre enfance ? Là où vous vous rendiez lorsque vous souhaitiez vous ressourcer ? Ce que je demande, c'est pourquoi est-ce que vous peignez ce tableau en particulier ?

ARTISTE 1 C'était là où je vivais, votre Altesse.

RAEN Intéressant ! Très intéressant. (passe à un autre) Et vous ? Vous...(s'arrête un moment pour fixer la toile) C'est une très jolie peinture que voilà. Qui est la personne représentée ?

ARTISTE 2 Une femme qui danse du matin au soir dans les rues de cette ville. Je ne l'ai aperçue que quelques fois, mais elle est ma muse désormais.

RAEN, déglutit difficilement — Elle pourrait devenir la mienne également.

ARTISTE 2 Peignez-vous, votre Altesse ?

RAEN, distrait par la peinture — Non, mais je joue de la harpe.

ARTISTE 2 Ce doit être agréable à entendre, votre Altesse.



Ethrian III - Eriel et Ana-suOù les histoires vivent. Découvrez maintenant