Ethrian III - Eriel et Ana-su

Acte IV, scène 5.

Morran, Shira, Kith et Diril.

Quelques heures sont passées depuis. Kith et son épouse ne sont pas sortis de la salle, ainsi que Diril. Ils discutent tranquillement, désirant se changer les idées, lorsque le cinquième Prince entre violemment et se rue sur les trois.

MORRAN — Vous ne vous douterez jamais de ce qu'il vient de se produire !

DIRIL, lassé — Mais tu vas assurément nous le dire.

MORRAN — Bien vu, mon frère !

Il prend place avec eux, se remet de sa course, se racle la gorge face à trois paires d'yeux plus ou moins intéressés par sa fameuse nouvelle.

MORRAN — Remémorez-vous quand le second et troisième Princes sont partis hâtivement et que le Prince héritier avait une mine désespérée. En réalité, ils se sont rendus dans les jardins principaux avec une soi-disant merveilleuse idée. Ar a demandé en duel Tyvan !

Kith s'étouffe pratiquement avec son verre de vin, tandis que Diril expire bruyamment. Shira a dorénavant les yeux écarquillés de surprise.

MORRAN — D'après ce que Raen m'a exposé, ils ont suivi le conseil de notre chère Shira.

Ils se tournent tous vers elle.

SHIRA, indécise — Je suis certaine de ne pas avoir donné un tel conseil.

MORRAN — Effectivement ! Mais ils ont saisi vos paroles comme bon leur semblait. Leur but était, pour Ar, d'abandonner son amour déplorable et, pour Tyvan, d'avoir la paix. Ils ont très rapidement engagé un combat aux dagues nordiques.

KITH, à sa femme — Ce sont les plus tranchantes de toutes.

MORRAN — Ils ont chacun lutté valeureusement et n'ont baissé les armes. Pendant près d'une heure, ils ont combattu. Ce qui devait arriver arriva : ils se sont épuisés. Mais le combat ne s'arrêtait pas. A terre, les paumes rugueuses, les genoux en sang à force de tomber, ils hurlaient pour se donner de la bravoure, ils pleuraient de rage et n'étaient jamais découragés. Les minutes n'en finissaient plus et, ayant assisté partiellement à ce duel, je confirme qu'il était éreintant. J'ai cru qu'ils se battraient jusqu'au crépuscule et ils auraient très probablement pu.

DIRIL — Quelque chose a dû se produire.

MORRAN — Tout à fait ! Tyvan a touché Ar. Il l'a blessé au bras qui tenait sa dague. Le second Prince l'a donc lâchée et, ahuri, pris au dépourvu, il a été vaincu d'un coup aiguisé aux jambes. Il est tombé sans pouvoir se relever.

SHIRA, anxieuse — Est-ce qu'il va bien ? Est-ce qu'il va s'en remettre ?

KITH — Ce n'était clairement pas le jour pour ces sottises !

DIRIL — Je pensais Tyvan intelligent et réfléchi. Je dois m'être mépris. C'était immature de sa part.

SHIRA — Et terriblement dangereux !

MORRAN — Je ne peux vous contredire. Ar reçoit des traitements, il remarchera aisément. L'entaille n'était pas importante. Heureusement. Tyvan s'en veut énormément. Non seulement, il le prive de son épouse - involontairement -, mais en plus, il l'humilie et le blesse. Il n'ose sortir de ses appartements et affronter le perdant.

SHIRA, boudeuse — Je m'abstiendrai de leur parler désormais.

KITH — Vous n'auriez pu envisager les actes idiots de nos frères, amour.

SHIRA — L'histoire aurait pu mal se terminer.

MORRAN — Rien n'est fini. Ar doit toujours prendre sa décision : renoncer définitivement à Eriel comme il est le vaincu ou enjamber les règles du duel.

KITH — S'il l'aime, il restera. Sinon, il s'en dépêtrera enfin.

SHIRA — Nous aurons bientôt la réponse.