Ethrian III - Eriel et Ana-su

Acte III, scène 2.

Kith, Shira, Raen, Morran et Diril.

Tyvan, Estebar, Jaesa et la Reine acquiescent, puis suivent Ar jusqu'à la chambre du Roi. Raen, Kith, Morran et Diril demeurent dans la salle lugubre et dénuée de chaleur. Toutefois, quelques secondes après, un faible tapotement résonne. La porte se rouvre et une main osseuse se montre. Ensuite, tout un corps. Lady Shira entre et rejoint à pas feutrés son époux. Elle remarque le silence pesant et se questionne sur ce qu'il s'est produit.

SHIRA — Est-ce que tout va bien ? Vous semblez fiévreux, mon cher.

KITH, fatigué — N'ayez point d'inquiétude. Votre mari se porte bien... Mais, dites-moi une chose. Que savez-vous de ce qu'il est advenu avant que la soirée ne soit déclarée terminée ?

SHIRA, désarçonnée par la question — Eh bien, des cris se sont soulevés, des indignations et des accusations. Tout le monde s'est agité et personne n'a vraiment compris pourquoi. Nous avons aperçu des gardes courser une Dame et disparaître. Sûrement, l'ont-ils emmené au cachot. D'autres gardes nous ont encerclés et sommés de quitter le palais, clamant que les festivités étaient closes... Sa Majesté n'a même pas rendu son fameux discours... Pourquoi ? Pourquoi vous êtes-vous réunis ici ? La pièce fait froid dans le dos. Et où sont les Princes, la Princesse et ses Majestés ?

Raen se laisse tomber au sol glacé, Diril et Morran soupirent à l'unisson, et Kith enlace son épouse. L'étreinte est délicate, mais désespérée.

KITH — Un événement affreux est survenu, mon amour, et c'est terrible.

SHIRA — Vous m'inquiétez ! Informez-moi, s'il vous plaît.

KITH — La Dame que vous avez perçue est une criminelle. Elle a poignardé père et a tenté de fuir. Il se dit qu'elle voulait entreprendre de nous assassiner également.

SHIRA, les yeux exorbités et la bouche bée — Comment va le Roi ?! Êtes-vous tous sains et saufs ?

KITH — Nous n'en savons rien. Et nous avons été épargnés de justesse.

DIRIL — Au moins, l'affaire ne s'est point répandue.

SHIRA — Non, en effet. Tout était trop flou pour que l'on comprenne. Les gardes m'ont même confondue avec une noble. Ils n'ont pas dû me reconnaître et j'ai été chassée comme les autres.

MORRAN — Peut-être que des rumeurs s'ébruiteront.

RAEN — Demain, il faudra parler au peuple et trouver une excuse. Ils ne doivent savoir. Lady Shira, veuillez taire ce que vous savez désormais.

SHIRA — Évidemment ! Mais pourquoi ne pas exposer la situation au peuple ? Cela ne serait-il pas plus simple ?

Le Sixième Prince saisit les mains de sa femme entre les siennes et les caresse doucement.

KITH, à part — Si innocente ! Heureusement qu'elle m'accompagne dans ces instants. Elle me réchauffe instinctivement. (à elle) Savez-vous combien de personnes désirent ôter la vie à sa Majesté ? Trop pour les compter. Il est fragile et ne peut répliquer si on l'attaque. Du repos, c'est ce dont il a besoin. Cacher la vérité permettra d'anéantir les possibles soulèvements.

MORRAN — Je ne pense pas que cette femme ait agi seule. La dague qu'elle possède était assurément coûteuse.

DIRIL — Elle a des complices. Ou elle a été envoyée.

MORRAN — Pensez-vous qu'elle puisse être une mercenaire ?

KITH — Si tel est le cas, elle n'est pas douée. Mais quoi qu'il en soit, elle sera punie. J'y veillerai !

Raen déglutit difficilement mais ne se risque pas à rétorquer.