Le BadBoy du coin de la rue

3- No Choice

La journée s'était passée sans encombre, du moins si on excluait tous les regard remplis de sous entendus de James. À chaque fois que j'étais seule avec Neal, j'avais l'impression qu'il nous observait de loin et qu'il méditait une façon de s'immiscer entre nous.

Je crois que je devenais complètement parano, j'aurais mieux fait de me taire ce matin et de ne jamais lui adresser la parole. Ce n'était plus le gamin sympathique que j'avais connu plus jeune. Ce n'était plus qu'un connard sans cœur qui obtenait toujours tout ce qu'il voulait.

J'embrassai une dernière fois Neal avant qu'il ne monte dans sa voiture. Le problème était le même le soir, sans compter qu'aujourd'hui il devait se rendre à l'aéroport pour aller chercher ses parents revenus d'un voyage aux Antilles. Pourtant, je ne voulais pas le laisser partir.

- Tu es sûr que tu ne peux pas me ramener ? me plaignis-je comme une enfant.

- Joy, tu sais que j'aurais aimé mais ma mère va me faire la peau si j'arrive en retard. Une prochaine fois d'accord ?

Je hochai la tête nullement convaincue. Outre le fait qu'il ne pouvait pas me raccompagner le soir, il n'était pas souvent disponible non plus. Depuis qu'il avait intégré l'équipe de baseball du lycée, il passait tous ces après-midi à s'entraîner afin de décrocher une bourse pour l'université. Le temps où on sortait manger au dinner du coin me manquait. Mon copain me manquait, j'avais l'impression de ne plus le voir ces derniers temps.

- On essaye de se voir ce week-end ? demandai-je inutilement puisque je connaissais déjà la réponse.

- Impossible. J'ai un entraînement super important samedi pour préparer le match de dimanche. Mais les gars veulent faire une fête samedi soir en guise d'avant-match, tu peux venir si tu veux ? tenta-t-il de se rattraper.

- Une fête avec l'équipe de baseball ? Depuis quand est-ce qu'ils acceptent une seule fille à leur fête qui ne soit pas une strip-teaseuse ou une escorte ? répliquai-je légèrement énervée. Laisse-tomber Neal, on se verra lundi en cours.

J'allais m'en aller quand il sortit de sa voiture et me retint la main.

- Bébé, s'il te plait m'en veux pas. Je joue mon avenir avec ce sport.

- Est-ce que je dois comprendre que moi je ne ferai pas partie de ton avenir ? Que ton avenir dans le baseball est plus important que ton avenir avec moi ?

- Tu sais très bien que ce n'est pas ce que je voulais dire, rétorqua-t-il doucement. Tu peux toujours venir au match dimanche.

- À Denver ? Je te rappelle que je suis la seule fille qui ne possède pas de voiture dans ce foutu lycée et hors de question de faire la route en bus. En plus mes parents ne seront jamais d'accord.

Il se rapprocha de moi et tenta de me caresser la joue avec sa main. Je me dérobai à son contact. Ce n'était pas le moment d'essayer de m'attendrir. Je lui en voulais de me faire passer au second plan. Je savais ce que le baseball représentait pour lui, mais j'aurais aimé que lui se rende compte de ce qu'il représentait pour moi. Cela faisait presque trois ans que nous étions ensemble et mes sentiments n'avaient jamais été aussi forts.

Seulement, il semblait complètement ignorer l'effet qu'il me faisait.

- Il serait peut-être temps de leur dire qu'on sort ensemble, reprit-il en ramenant encore une fois cette conversation sur le tapis.

- Tu sais qu'ils te tueraient et qu'il m'enfermerait à vie s'ils savaient pour nous deux. Ils sont hyper protecteurs je n'y peux rien.

- Tu parles de tes parents ou de tes frères là ? m'interrogea-t-il dans un sourire en coin. Il faudra bien que tu leur dises un jour.