Le BadBoy du coin de la rue

10- Tell Me The Truth

Il me regarda de longues secondes dans le blanc des yeux, sans dire un mot. Les bras croisés contre ma poitrine, je tentais tant bien que mal de contenir ma haine à l'égard de Neal. Il n'y a encore pas si longtemps, je le considérais comme la personne qui me connaissait le mieux, celle à qui je pouvais tout dire, à qui je pouvais me confier, à qui je faisais confiance.

Mais plus les heures défilaient et plus je me rendais compte de l'énorme mensonge qu'il représentait. Je ne savais pas s'il avait toujours été aussi faux avec moi, ou bien si son nouveau comportement était récent. Mais en trois ans de relation, j'aurais pourtant pensé savoir à qui j'avais à faire. Ou tout du moins, déceler quand il me cachait quelque chose. Ce qui apparemment, n'était pas le cas.

James lâcha un léger ricanement qui ne fit qu'augmenter mon irritation. Ma demande n'était pourtant pas compliquée à comprendre. Pourquoi est-ce que j'avais toujours affaire à des bons à rien ?

— Crois-moi Joy, tu ne veux pas réellement savoir qui était ton ex, esquiva-t-il d'un ton très sérieux. De ce que tu m'as raconté et de ce que j'ai vu, tu étais à des années lumières de te douter de quelque chose le concernant alors je pense très sincèrement que tu n'es pas prête à entendre la vérité.

Je plissai les yeux, énervée. Me pensait-il véritablement trop faible pour entendre ce qu'il avait à me dire ? Je commençais à en avoir marre qu'on me dise quoi faire, juste parce que tout le monde pensait savoir ce qui était le mieux pour moi.

Mes parents, mes frères, maintenant James. Pourquoi ne me laissaient-ils pas vivre ma vie comme je l'entendais ? Je n'étais plus un bébé ! Il fallait qu'ils arrêtent tous de vouloir me protéger de je ne sais quoi. Enfin, si c'était vraiment les intentions du brun en face de moi.

— Écoute-moi bien Peters, énonçai-je avec aplomb. Je passe la pire journée de ma vie aujourd'hui d'accord ? D'abord je me suis fait plaquée sans aucune raison par mon petit-ami au visage tuméfié, frappé presque à mort par tes soins. Ensuite je me suis pointée chez toi, pour te découvrir à moitié à poil dans ton lit, en train de dormir tranquillement avec deux filles, dans une chambre aux relents d'alcool et d'herbe. Je t'ai agressé physiquement, et alors que j'avais cru que tu allais me remettre à ma place, je découvre qu'en fait tu fais des combats illégaux dans les quartiers chauds de la ville et que mon ex petit-ami mène une double vie. Alors crois-moi, je ne suis pas à une ou deux révélations près.

Il s'apprêtait à rétorquer mais je ne lui en laissai pas le temps et continuai ma tirade.

— Oh et si tu crois que j'ai oublié le bref épisode dans le couloir durant lequel tu m'as traitée comme une chose qui t'appartenait, tu te mets le doigt dans l'œil !

Je soufflai d'exaspération et reculai de quelques pas quand je vis que je n'avais pas pu m'empêcher d'avancer dans sa direction en disant ces quelques mots. Mon dos toucha à nouveau l'îlot central et j'attendais patiemment qu'il s'exprime. J'en avais plus qu'assez de me faire mener en bateau de cette façon.

Pour toute réponse, un sourire ravageur étira ses lèvres et je me préparai au pire.

— Tu sais que t'es sexy quand tu t'énerves, lâcha-t-il en tentant de m'amadouer.

— James ! m'écriai-je agacée.

— Ça va, ça va, je vais te dire ce que tu veux entendre, céda-t-il finalement en soupirant. Mais sache que si je ne voulais rien te dire au départ, c'est bien à cause de ton tempérament explosif. Ça ne m'étonnerait pas que t'aille t'en prendre à Neal après ça.

— Non mais tu m'as vue ? raillai-je en me pointant du doigt. Depuis quand je résous mes problèmes par la violence ?

Un léger malaise s'installa entre nous lorsque James pointa son nez et sa lèvre fendue du doigt. Je me sentais presque mal pour ces quelques plaies mais après réflexion, je considérais qu'il les avait bien méritées.