Le BadBoy du coin de la rue

5- Double J

James m'emmena à la cuisine et prit un gobelet avant de le remplir avec une quelconque boisson. De toute façon, peu m'importait puisque je ne comptais pas rester. Il me tendit mon verre et j'en pris une gorgée. Je grimaçai quand je sentis le liquide me brûler la gorge.

Vodka. Je n'avais vraiment pas l'habitude putain !

James rigolait devant moi et je ne pus m'empêcher de lui lancer un regard noir. Quoi ? Il n'avait jamais vu une fille ne pas tenir l'alcool ? Je le frappai à l'épaule mais je crois que nous deux, c'était moi qui eut le plus mal. Il avait vraiment des muscles en béton !

Pour cacher son rire, il but son verre en me regardant intensément. Je me perdis dans ses yeux chocolats sans le vouloir. Putain de merde, ce gars était quand même vachement sexy ! Pas que Neal ne l'était pas, loin de là puisqu'il faisait partie de l'équipe de baseball. Mais James avait cette aura dangereuse qui le rendait plus qu'attirant.

— Un problème ? me demanda-t-il alors que mon regard se faisait insistant.

Je savais qu'il pensait que je le matais mais au fond ça ne me faisait rien. Un gars tel que lui devait être habitué à recevoir les regards de la gent féminine. Il voulait juste me mettre mal à l'aise mais ça ne fonctionnerait pas. Je n'avais pas honte de l'avoir dévisagé. Après tout, comme disait ma grand-mère, si on a des yeux c'est bien pour regarder toutes les choses qui en vaillent la peine.

Un sourire moqueur étira mes lèvres quand je vis son air flatté alors que je n'avais rien dit. Son égo était tellement énorme qu'il ne se souciait même pas de connaître ma réponse.

— Avant que tu te fasses des idées, je regardais juste ta cicatrice au menton, fis-je dans l'espoir de le faire redescendre d'un étage.

Après tout, ce n'était pas totalement faux. Quand mes yeux étaient tombés sur sa cicatrice, je m'étais rappelée comment est-ce qu'il se l'était faite en primaire. C'était à la piscine, on avait six ans à l'époque et James ne pouvait s'empêcher de courir partout alors même que c'était interdit. Il avait donc fini par glisser, et était tombé la tête la première sur le rebord de la piscine où il s'était ouvert le menton.

Le sang coulait abondamment et je me rappelais avoir failli vomir. Mais il avait finalement été envoyé aux Urgences où après quelques points de sutures, il était devenu un héros parmi les enfants. Il était le premier de nous tous à avoir "survécu" à une telle blessure. Les autres étaient réellement impressionnés.

— T'étais là ? me demanda-t-il en fronçant les sourcils.

Je soupirai. Ça me faisait mal de voir qu'il n'avait pas autant de souvenir que moi de notre enfance. On se connaissait pourtant depuis presque toujours. Nous étions allés dans les mêmes écoles, de la maternelle au lycée, et il était mon voisin depuis que j'étais née.  Avait-il si peu de mémoire ? Ou bien était-ce moi qui n'étais pas mémorable ?

— Oui j'étais là James, soufflai-je agacée en reprenant une gorgée de vodka. Comme j'étais là quand tu as brutalisé ce pauvre Jimmy Burton en primaire, quand tu as embrassé Emily Dickson en 6ème devant toute la classe et j'étais également là quand tu as commencé à créer ta bande au collège et que tu es devenu le roi de l'école. J'ai suivi ton ascension sociale jusqu'au lycée puisque devine quoi ? J'habite dans la même rue que toi depuis que je suis née.

Il haussa les sourcils réellement surpris que je sache tout ça alors que lui peinait à se rappeler mon nom il y a encore deux jours. Mais la surprise fut bientôt remplacée par un sourire quand il se mit à se rappeler de ses souvenirs.

— Ah Jimmy Burton ! Dans le fond, c'était un bon gars, je ne sais même plus pourquoi je me suis battu avec lui, énonça-t-il dans un soupir. Je ne savais pas que tu te rappelais de tout ça.