9- A Little Bit Crazy

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Je ne dis rien pendant quelques secondes où la tension entre nous devint palpable. Mon cœur battait à une vitesse folle et je commençais à croire que j'avais fait une erreur en venant ici. Qu'est-ce qu'il m'avait pris de venir demander des comptes à James Peters ? Depuis quand était-il considéré comme quelqu'un d'indulgent ou bien de gentil ?

Non, j'aurais dû y réfléchir à deux fois avant de venir le confronter, lui, le roi du lycée, dans son immense maison qui puait le fric. Qu'est-ce qu'une inconnue comme moi pouvait bien lui faire ? Absolument rien. Je n'avais absolument aucun pouvoir sur lui et il le savait très bien.

Et maintenant que je l'avais frappé, je n'étais plus certaine de me trouver en sécurité, seule avec lui dans ce couloir. D'ailleurs, mes poings me faisaient un mal de chien ! Ce n'était pas la première personne à qui je mettais une droite pourtant.

— Lève-toi maintenant, ordonna-t-il sèchement en se relevant. Je crois qu'on a des choses à se dire.

Son air joueur avait disparu de son visage pour laisser place à une expression renfermée, vide de toute émotion. Il était froid, autoritaire et je n'aimais pas ça. Je l'avais énervé, et je n'étais pas sûre de vouloir savoir ce qu'il faisait aux personnes qui l'agaçait de cette manière. Sans parler du fait que je m'en étais prise physiquement à lui.

Il ne pourrait pas oublier cet affront aussi vite.

Je restai immobile un moment, avant de me lever à mon tour et de lui faire face. Son nez saignait encore un peu mais rien de bien alarmant. Mais alors que je le dévisageais gravement, je remarquai finalement quelque chose qui m'avait échappé. Il ne s'était pas défendu.

Il n'avait pas essayé de me frapper ou de me faire du mal, il m'avait juste laissé passer mes nerfs sur lui, comme s'il ne voulait pas me blesser en contre-attaquant. D'une certaine façon, il avait agi avec discernement, dans mon propre bien. Ou tout du moins, il n'avait pas aggravé son cas ce qui était tout aussi bien.

Il posa une main sur mon épaule et je réprimai un frisson. Il me retourna dos à lui, et posa sa main au creux de mes reins pour me faire avancer devant lui. Alors que je croyais qu'il serait en colère, ses gestes étaient étonnamment doux et sécurisant. Il n'y avait aucune ambigüité dans ses mouvements, ni aucune animosité.

Il voulait me guider, c'est tout.

Je le laissai faire, malgré le fait que j'étais légèrement décontenancée et il m'emmena dans la cuisine au rez-de-chaussée. À ma plus grande surprise, il n'y avait personne. Pas de personnels de maison, ni même cette petite femme asiatique qui m'avait ouvert la porte.

Il brisa notre contact et je restai plantée comme un piquet à côté de l'ilot central. Il partit chercher quelque chose dans le congélateur et revint avec une poche de glace. Alors que je crus qu'il allait l'appliquer sur son visage, ce qui aurait été logique compte tenu des coups qu'il avait encaissés, il se contenta de prendre ma main droite et de poser les glaçons dessus.

Je le regardai abasourdie, alors qu'il paraissait concentré sur ce qu'il était en train de faire. Son visage semblait tellement innocent que mon attirance pour lui effaça presque ma colère. Presque. Il restait toujours un connard à mes yeux.

— Qu'est-ce que tu fais ? me décidai-je finalement à parler.

— Je fais en sorte que ça ne gonfle pas, répliqua-t-il durement en poussant un soupir. Tes phalanges ont pris un sacré coup à force de me frapper. Je n'ai pas envie que tu te fasses une luxation des métacarpiens et que tes parents te demandent pourquoi est-ce que tu ne peux plus écrire.

Je hochai la tête, toujours en proie à une profonde confusion. Venait-il de me parler de métacarpiens ? Depuis quand est-ce qu'il connaissait ce mot ?

Le BadBoy du coin de la rueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant