James était dans un sale état.
Il empestait l'alcool presque autant qu'il sentait le vomi, dont il restait quelques traces sur son tee-shirt. Il ne parlait pas beaucoup, ou tout du moins, ce n'était que des paroles inintelligibles. Jared m'aidait comme il pouvait à le soutenir pour ne pas qu'il ne s'effondre, mais au grand jamais je n'aurais cru que l'emmener chez lui mettrait autant de temps.
— Allez Peters, un petit effort, soupira mon frère alors que les marches de son perron ne m'avaient jamais paru aussi loin.
Nous remontâmes son allée avec difficulté, avant de le laisser s'écrouler sur le petit escalier de l'entrée, épuisés. Je reprenais mon souffle, tandis que James paraissait sur le point de s'endormir. Je supposais que je devais le monter jusqu'à sa chambre, cela promettait d'être difficile.
Dans un ultime effort, Jared, le redressa pour le mettre debout et le fit avancer jusqu'à la porte d'entrée, qui n'était même pas fermée. Un silence lugubre régnait dans la bâtisse immense, que je supposais vide de toute chaleur. Ses parents n'étaient toujours pas rentrés, et je finis par me demander s'ils habitaient vraiment ici.
Quand on voyait comment James occupait ses journées -et ses nuits-, on pouvait craindre pour son avenir. Pourtant, sa famille ne semblait pas disposée à le soutenir.
— Laisse Jared, je vais m'en occuper. Rentre à la maison.
Mon frère me regarda dubitativement, puis hocha la tête avant de laisser tomber James sur les escaliers menant aux étages.
— Tu le mets au lit, et tu rentres direct après. Tu m'as compris ? me menaça-t-il avec son doigt.
Je soupirai puis acquiesçai pour qu'il s'en aille. Une fois la porte refermée, je m'occupai de monter James du mieux que je pus, jusqu'à sa chambre où je l'emmenai dans la salle de bain. Il avait vraiment besoin de prendre une douche.
Alors que je comptais le mettre tout habillé sous l'eau froide, il émergea finalement et réussit à articuler une phrase que je pus comprendre.
— Me laisse pas s'il te plaît.
Sa main se raccrocha à moi alors que j'essayais de le pousser dans l'habitacle. Sa force était nettement supérieure à la meilleure, ce qui m'empêcha de faire quoi que ce soit pour me détacher de lui. Je soupirai, fatiguée de m'occuper d'un "bébé" tel que lui.
— Je ne vais pas venir dans la douche avec toi, James, contrai-je fermement.
— Me laisse pas, se contenta-t-il de répéter.
Ses yeux attristés, cerclés de rouge à cause de l'alcool, me touchèrent plus que de raison. J'avais de la pitié pour ce garçon, alors même que je le trouvais détestable la plupart du temps. Il était arrogant, capricieux, prétentieux et il ne respectait rien ni personne. Pourtant, le voir dans cet état me faisait quelque chose.
Alors que j'étais prête à abandonner, un nouveau haut le cœur le prit soudain, et il se me poussa pour pouvoir accéder aux toilettes. Je le vis vomir tout le contenu de son estomac une nouvelle fois, et je crois que plus jamais je ne pourrais l'imaginer comme un homme sexy. Ces bruits de régurgitations resteraient à jamais graver dans ma mémoire.
Quand il eut fini, il se redressa difficilement et sans attendre qu'il reprenne ses esprits, je le dirigeai fermement vers la douche, où je l'enfermai après avoir allumé le jet. Il lâcha un petit cri au contact de l'eau mais je crois que cela lui fit finalement du bien, parce que quand il ressortit, il arrivait à se tenir à peu près droit sur ses jambes.
Je l'attendais, appuyée contre le lavabo, les bras croisés. Il me dévisagea longuement puis enleva son tee-shirt mouillé et son pantalon. Je me forçai à détourner les yeux lorsqu'il retira son caleçon, sans devoir subir l'une de ses remarques incroyablement mesquines tant l'alcool semblait l'avoir abruti.
Il enroula une serviette autour de ses hanches et partit s'habiller sans me décrocher un mot. Je ne savais pas s'il avait repris totalement conscience ou non, mais je décidai qu'il était temps pour moi de rentrer. Si je restais plus longtemps ici, mes parents risquaient de s'inquiéter.
En sortant de la salle de bain, je passai devant James qui m'adressa un petit regard interrogatif, tandis que je poursuivais mon chemin vers la porte. Il m'arrêta une nouvelle fois avec ses mots.
— Reste s'il te plaît.
Sa voix, rauque, plaintive, me fit m'immobiliser. J'avais la certitude que cette fois, il était très sérieux. Ce n'était une lubie induit par un taux d'alcool trop élevé, c'était juste l'expression de sa volonté.
— Pourquoi ? demandai-je sans me retourner.
— Joy... s'il te plaît. Je n'ai pas envie de rester seul.
Je fermai les yeux, profondément émue par son aveux. Je savais que l'absence de ses parents ne lui était pas indifférent. Je savais qu'il cachait quelque chose au fond de lui, un certain mal-être peut-être. Cette phrase en était la preuve.
— J'ai besoin de toi, acheva-t-il, parvenant à me faire me tourner vers lui.
Il était assis sur son lit, les mains croisés entre elles, posées sur ses genoux, tandis que son regard me brisa de l'intérieur. La peine immense se lisait dans ses pupilles chocolat, et même si d'ordinaire je ne leur aurais accordé aucun crédit, cette nuit était une exception.
Pourquoi avait-il bu autant ? Ne traînait-il pas avec des amis le vendredi soir ?
— Non, James. Tu penses que tu as besoin de moi, mais c'est faux, le contredis-je pour éviter de me laisser attendrir.
— Je suis très sérieux.
— N'importe quelle fille ferait l'affaire. Tu dis ça exprès pour me faire culpabiliser.
Il secoua la tête, un léger sourire ironique sur le visage.
— Je n'ai jamais été aussi sincère de toute ma vie, Joy. J'ai besoin de toi, maintenant, ici, parce que je ne veux pas rester seul. Je ne peux pas. Je...
Il marqua une pause, le temps de se passer les mains sur le visage, comme si réunir une pensée cohérente était une véritable épreuve. Peut-être l'était-ce ? Après tout, il n'y a pas si longtemps, il était incapable d'aligner trois mots.
— Savoir que tu es là, sentir ta présence, toi tout simplement... Je sais pas, ça m'apaise.
— James..., soupirai-je me sentant de plus en plus piégée par ses mots délicieux que je rêvais secrètement d'entendre.
— Joy, s'il te plaît. Je ne te demande rien d'autre. Juste de rester.
Je réfléchis un instant, eus une pensée pour ma famille, pour ce que je risquais à désobéir ainsi. Je pensais à la relation ambigüe qui me maintenait déjà à James. Si j'acceptais, cela ne ferait qu'empirer la situation. Et pourtant, je préférais écouter mon instinct que ma raison et avant même que je ne le décide, les mots sortirent de ma bouche.
— C'est d'accord.
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Le BadBoy du coin de la rue
RomanceJoy prend le bus, comme tous les matins. Elle le prend tellement souvent qu'elle commence à penser qu'elle y passe plus de temps que dans sa propre maison. Car évidemment, Joy n'a pas de voiture. Elle a son permis, mais ses parents ne veulent pas qu...