19) Les Loups de Poudlard

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    Lupin semblait interpellé par le fait qu'un centaure pouvait être atteint de lycanthropie. Il aurait bien voulu proposer un morceau de chocolat à ce Chérémon totalement sonné par sa métamorphose mais le pauvre homme n'avait sur lui qu'une épaisse cape en fourrure. Rien d'autre.

-Laissez, je vais m'occuper de lui, lui annonça le centaure qui se trouvait prêt de Chérémon. Vous devriez en parler avec cette jeune Mila. Je ne pense pas que votre morsure ait contaminé son cœur. Elle finira par comprendre.

-MA morsure, répéta Lupin pour lui-même. Oui, j'y vais de ce pas.

-Faites attention à vous.

Et Lupin se détourna pour rejoindre Pré-au-Lard, toujours affaibli et vacillant. Sa traversée des bois n'était pas des plus simples. Tous ses muscles étaient courbaturés et marcher pieds nus sur la terre épineuse n'était pas une tâche aisée. Pire, il en vint même à dégringoler le long d'une pente, s'effondrant pitoyablement quelques mètres plus bas.

Remus pesta intérieurement. Ainsi en était-il des lendemains de pleine lune. Toujours les mêmes maux et la même humeur maladive. Alors, quand il tenta de se remettre debout, il entendit un grognement sourd émit non loin de lui. Se pinçant les lèvres et appréhendant le pire, il releva la tête pour voir à quoi il avait affaire et où il était tombé.

-Par Merlin... murmura-t-il.

Devant l'homme aux cicatrices, se trouvait toute une meute de loups. Une meute de loups qu'il reconnut comme étant les Loups de Poudlard. Des loups dont il avait souvent entendu parler mais qu'il n'avait encore jamais rencontrés. Ces loups, tous frères, n'étaient pas des loups ordinaires. Ils étaient le fruit d'une union entre deux loups-garous, il y a plusieurs années, une nuit de pleine lune... une union qui avait engendré plusieurs nouveau-nés qui ressemblaient pleinement à de véritables loups. Plus loups que cette espèce d'hybride cadavérique en lequel se changeait Remus à chaque pleine lune.

Et ladite portée avait été relâchée dans la Forêt Interdite dans un passé proche. Tous étaient devenus des loups adultes et dotés d'une intelligence exceptionnelle. Des facultés qu'ils devaient à leurs parents loups-garous, à n'en pas douter.

L'un d'eux, les babines retroussées s'approchait d'un Remus désarmé et faible qui craignait le pire mais, stoïquement, tentait de ne rien en montrer. Alors, la créature s'arrêta, fixa longuement l'humain et ... passa sa longue langue sur son visage. En effet, le loup n'avait pas tardé à détecter la nature secrète et intérieure de Remus. Les autres loups firent alors de même et se précipitèrent tous avec joie sur Remus qui, surpris, tomba sur le dos au milieu de tous ces gros nounours à la fourrure grise qui s'empressaient de le mordiller et de lui lécher la figure.

Il était rare que Remus émette quelques rires un lendemain de pleine lune, et pourtant, il ne put s'en empêcher au milieu de cette meute animale qui lui manifestait toute sa sympathie. Il en oublia presque Mila.

***

Et celle-ci, qui était en ce moment même effondrée dans sa chambre à Pré-au-Lard, ne cessait de lire et relire la lettre du Ministère. Elle avait à peine eut la force de s'habiller et ne pensait maintenant plus qu'à une seule personne : son frère, Andrew, qu'elle n'avait pas revu depuis CETTE nuit. Son frère qui était parti ruminer à Londres – cette ville où se tramaient les pires complots et où brillait la corruption dans la population des sorciers – et était mort peu de temps après dans une attaque perpétrée par les Mangemorts dans un camping... La jeune femme se demanda alors pourquoi était-ce Andrew qui avait été le seul tué dans cette attaque. De nombreux sorciers y avaient certes été blessés mais son frère avait été l'unique malheureux qu'on avait assassiné.

Mila était une jeune femme douce, elle ne voulait pas retrouver les tueurs pour les détruire. Mais elle était curieuse de nature, et souhaitait maintenant plus que tout trouver des réponses à ses questions. Andrew n'avait pas été tué par hasard. Elle voulait savoir pourquoi et que le ou les tueurs s'expliquent. Puis Mila se rappela que sa mère aussi avait été tuée sans vraie raison durant la Guerre des Sorciers et que son père, Ambrose, était toujours resté très discret sur ce sujet.

La jeune femme en avait presque oublié Lupin et ses cachoteries lorsque, tout à coup, elle entendit des bruits à sa fenêtre. Des villageois de Pré-au-Lard lançaient des pierres sur sa maison et paraissaient énervés.

-Dehors, la louve ! entendit-elle

-Elle va tous nous infecter !

-Erk ! Berk !

Choquée, elle rejoignit son père au rez-de-chaussée qui, indifférent à la haine populaire et totalement abattu par le décès d'Andrew, continuait de ruminer dans son fauteuil. Alors, elle inspira lentement et se traîna lentement jusqu'à l'entrée de sa maison. À peine ouvrit-elle la porte qu'un flot d'injures lui fut déversé. Et parmi les gens en colère, une vieille femme qui lui hurla :

-On a vu votre vrai visage hier soir, Miss O'Moonell, c'était terrifiant.

-Vous étiez horrible ! lança un autre sorcier.

-C'est vous qui êtes horrible de la traiter ainsi, murmura une voix faible.

Silence total. Tous les regards se tournèrent vers un homme qui peinait à tenir debout. La figure sale, les cheveux mêlés et couverts de saletés. Un regard faible et pourtant une dans lequel brillait une volonté tenace. Cet étranger, uniquement vêtu d'une vielle cape, semblait à lui seul tenir la foule en respect.

-Remus... murmura Mila consternée

Pourtant, un villageois ne put s'empêcher de s'avancer vers lui en lui demandant :

-Et t'es qui, toi ? Un espèce de vagabond, hm ?

-Je suis comme elle, répondit Lupin. Je suis un loup-garou.

Un chœur d'indignation se fit entendre et le villageois pointa sa baguette magique sur Remus en hurlant avec hystérie :

-Vous n'envahirez Pré-au-Lard, bêtes immondes !

Au même moment, il fut désarmé par un grand loup qui, d'un bond, était venu lui happer la main. Le villageois hurla de douleur et plusieurs autres des Loups de Poudlard émergèrent de la Forêt Interdite pour éloigner la foule hostile de la maison des O'Moonell. Plusieurs sorciers tentèrent de se défendre en lançant divers sortilèges. En vain... même si l'un d'eux atteignit en plein visage le père O'Moonell qui avait tout juste trouvé la force de sortir pour voir ce qui se passait.

Effrayée, Mila se précipita vers son paternel qui tomba inconscient sur le sol tandis que les Loups de Poudlard achevaient de chasser les sourciers agressifs.

-Il respire encore, murmura Mila.

Alors, elle releva son visage vers Lupin et, après une longue hésitation, finit par lui souffler :

-Aidez-moi, Remus.

L'homme aux cicatricesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant