L'homme aux cicatrices

33) Revelio

-Il ne reste qu'une semaine avant la prochaine pleine lune, soupira Remus qui sentait déjà sa tête tourner à l'approche de cette nouvelle épreuve nocturne.

-Désolé, mais fabriquer une baguette magique demande toujours un peu de temps à ce bon vieux Ollivander, répondit Norbert en jouant avec la nouvelle baguette magique qu'ils venaient de se faire livrer par hibou.

Ladite baguette, faite en bois de chêne, était ornée de divers motifs représentant les astres du système solaire et longue d'une trentaine de centimètres. Sur sa poignée était gravé les différentes étapes du cycle lunaire : le croissant, la demi-lune, la gibbeuse et la pleine lune.

-Ne perdons pas de temps, décida Remus, allons-y.

-Je vous suis ! fit Norbert enthousiaste.

Les deux hommes arrivèrent alors quelques instants plus tard au Ministère de la Magie, un lieu très animé où marchaient au pas de course de nombreux sorciers de tous les âges aux tenues variées et – pour certains – des plus excentriques.

-Attendez-moi ici, fit Dragonneau. Je n'en aurai pas pour longtemps.

Malgré son insistance, Lupin se laissa convaincre par le vieillard de patienter près de la Fontaine de la Fraternité.

Norbert Dragonneau s'en alla donc seul vers le département où se trouvait Mila. Il lui fallu compter sur ses vieilles jambes pour descendre dans la malle magique et y retrouver la louve-garou dont il avait tant entendu parler.

-Impressionnant, ne cessait-il de se répéter en s'approchant de la maigre créature. Vraiment impressionnant.

Humant son odeur, la lycanthrope se tourna vers l'audacieux magicien en émettant ce qui ressemblait à un mélange de grognements et de reniflements. Elle se releva sur ses deux jambes et s'avança avec lenteur vers Norbert. Une sournoiserie bestiale pétillait dans ses yeux jaunes.

Norbert pointa sa nouvelle baguette vers la pathétique créature.

-Ne t'inquiète pas Mila... murmura-t-il.

Ce qui restait de Mila n'émit qu'un râle sourd.

Norbert rassembla son courage et entrouvrit les lèvres :

-Révélio...

Alors parcourue de tremblements incontrôlables, la femme-louve se mit à gémir longuement. Le vieil homme continuait de se concentrer, gardant sa baguette fixée sur la femelle tourmentée. Une étincelle d'humanité semblait alors luire dans ses yeux. Une étincelle qui n'était que le début d'un feu d'humanité qui incendiait à présent Mila. La créature avait l'impression d'être consumée de l'intérieur au fur et à mesure qu'elle rapetissait.

La taille de ses griffes diminuait lentement et elle perdait les rares poils situés sur ses épaules qui se faisaient de moins en moins voûtées. Sa respiration était saccadée. Sa bestialité expirait et son humanité inspirait. Toute cette sauvagerie magique étouffait. Un nouveau souffle balayait l'animalité de louve et gonflait les voiles d'un navire de raison et de lucidité qui allait voguer sur des flots plus cléments et moins confus.

La jeune femme plongeait enfin dans un océan plus humain. Elle était à présent trempée de sueur et confuse. Déboussolée. Devant Norbert ne se tenait plus qu'une jeune femme frêle et sale, tremblante comme une feuille.

Elle paraissait paniquée. Le vieil homme se rapprocha d'elle d'un petit pas de course et posa sur ses épaules un long manteau bleu et couvert de pièces.

-Bon retour parmi nous Mila, dit-il calmement.

Trop faible pour parler, elle hocha lentement la tête, se demandant encore ce qui s'était passé puis considéra son corps. Elle avait fort maigri après ces trois semaines éprouvantes. Pourtant, la faim était absente. Elle n'avait que du dégoût. De dégoût pour elle-même. Pour ce goût de sang métallique dans sa bouche, pour ce corps qui n'était plus qu'une épave et pour cette odeur animale qui émanait d'elle.

Elle releva ses paupières garnies de cernes vers Norbert.

-Qui... qui êtes-vous ? Re... Remus...

Norbert lui adressa un sourire bienveillant.

-Doucement, Mila. Nous allons le revoir !

Quelques larmes coulèrent sur les joues creuses et pâles de la jeune femme.

-Je suis désolée... je ... cette licorne...

-Chht... fit Norbert. Vous n'y êtes pour rien.

Il lui tendit le bras tandis qu'une silhouette approchait.

-Vous pouvez-vous relever ? demanda Norbert. Tonks va nous aider. C'est une nouvelle Auror du Ministère