L'homme aux cicatrices

24) La convocation

S'il vous plaît. C'est un peu triste (et énervant) alors on boit une tisane avant de lire...

Passé l'interrogatoire des Aurors, Lupin allait quitter les lieux lorsqu'un des fonctionnaires du Ministère s'interposa entre lui et la sortie :

-Une minute, monsieur Remus Lupin...

L'intéressé pencha sa tête sur le côté.

-Ce patronus, fit le fonctionnaire en désignant l'animal argenté qui explorait curieusement la pièce un peu plus loin.

-Ce patronus, répéta Remus ironiquement.

-Pouvez-vous m'expliquer de quel animal il s'agit ?

-D'un loup...

-Un loup ?

Le fonctionnaire s'approcha sceptique de la bête brillante et cette dernière se releva debout sur ses deux pattes arrières. Remus porta sa main à son front et soupira, ce qui parut amuser le fonctionnaire.

-Vous savez, ce loup humanoïde, avec ses longs membres, capable de tenir debout et dépourvu de queue me fait penser à... un loup-garou.

Remus ne répondit rien et l'employé du Ministère ramena son attention à lui :

-J'ai entendu parler de vous Lupin... le professeur de Poudlard... ou devrais-je dire... « Ex-professeur »

-Vous avez entendu parler de moi ?

-Oui, de vous et de vos promenades au clair de lune lorsque vous étiez enseignant à Poudlard... ainsi que de votre folle idée de vous métamorphoser en pleine nature devant des élèves en juin dernier...

-Ce n'était pas vraiment une « folle idée » mais surtout un accident !

-Certes... comprenez que moi-même ayant deux enfants à Poudlard je me suis réjoui de vous savoir hors des murs de cette école. Je n'aurais pas aimé qu'ils croisent la route d'un monstre dans le château une nuit de pleine lune

Le fonctionnaire sortit ensuite un carnet de sa poche et donna un coupon à Lupin en lui annonçant avec dédain :

-Soyez à l'heure...

Il tourna les talons et Remus jeta un œil curieux au papier qu'il avait reçu : « Convocation à venir s'inscrire dans le registre des loups-garous du Ministère de la Magie »

Il déglutit avec peine. Son patronus et son secret révélé dans tout Poudlard l'avaient finalement trahi et il se devait maintenant d'aller expliquer son honteuse maladie devant les bureaucrates du Ministère qui allaient sans doute agir avec un grand paternalisme à son égard...

Il rejoignit donc déçu son appartement avec des pieds de plombs, accablé par cette journée qui fut vraiment des plus frustrantes pour lui. Là, il y retrouva une Mila toute émoustillée qui avait semblé l'attendre de pied ferme, comme décidée à lui annoncé une grande nouvelle, ce qu'elle fit... Et Remus l'avait regardé avec scepticisme quand elle lui avait dit avoir mémorisé un sort qui permettrait aux loups-garous de retrouver leur apparence normale lors des pleines lunes.

-Et quand nous serons transformés, qui nous le lancera ? dit Lupin sur un ton morose. Personne n'osera s'approcher de nous, même si nous avons pris notre Potion Tue-Loup... En plus, qui te dira que ça fonctionnera... Les souvenirs de ce Lockhart sont encore trop altérés. Il faudrait être prudent...

Vexée, Mila se recula...

-Vous me parlez de prendre la potion Tue-Loup alors que vous oubliez de la prendre quand il le faut...

-Mila... répéta Remus qui ne s'était pas attendu à ce reproche déguisé

-Si vous l'aviez prise, l'autre nuit, je n'en serais pas à essayer de trouver des solutions pour affronter la lycanthropie. Mais vous êtes tellement convaincu que cette maladie est une fatalité que vous fermez les yeux. Vous êtes persuadé que cette malédiction est incurable alors que c'est faux ! Non, vous préférez vous cacher de tous et tirer la tête à longueur de journée reclus dans ce vieil appartement, incapable d'être joyeux !

Puis avec colère, elle quitta l'appartement en claquant la vieille porte en bois, incapable de comprendre pour quelle raison Remus ne voulait même pas accepter l'idée d'une éventuelle solution contre leur terrible condition.

Et pourtant, elle ignorait que si Lupin était sceptique, c'était pour une seule et même raison : les échecs successifs de ses parents qui eux-mêmes avaient essayé sur lui toute une multitude de sorts lorsqu'il se transformait en loup-garou durant son enfance. Tous leurs sortilèges avaient été inefficaces ceux de son père, en tous cas, étant donné que sa mère était une Moldue.

Attristé, il se remémora encore le visage horrifié de sa mère lorsqu'elle l'avait découvert la première fois sous sa forme de loup-garou. Il avait à peine cinq ans. Et il se rappelait combien Espérance Lupin avait été frappée par la peur et l'angoisse quand ses yeux s'étaient posé sur son fils devenu méconnaissable et monstrueux. Espérance, en voyant son fils dans cet état, ressemblant à un mélange de garçon et de louveteau, s'était effondrée en larmes. Jamais dans sa vie de Moldue elle n'avait imaginée qu'elle serait un jour la mère d'un être aussi monstrueux...

C'était la nuit de sa toute première métamorphose. Une pleine lune qui avait sans doute été la plus angoissante de sa vie.

L'enfant avait en effet enduré une très longue et douloureuse mutation. Cette première métamorphose lui avait semblé interminable. Elle avait duré une dizaine de minutes ! Et à la fin du processus, il n'avait pu s'empêcher de sangloter – d'émettre quelques plaintes canines, en réalité – en voyant comment sa nouvelle et malheureuse forme avait effrayé sa propre mère. Puis les secondes d'après, ses gémissements avaient cessé. Toute sa tristesse s'était vue effacée par le réveil de la bête sauvage dans son esprit... Puis le monstre s'était jeté sur la femme qui, heureusement, fut protégé de justesse par Lyall, son père.

Ses parents avaient alors tenté de « dompter » cette créature les pleines lunes qui suivirent. En vain, car plus les mois et les années passaient et plus la bête qui prenait possession de son corps devenait grande et dangereuse.

Cette même créature qu'il allait devoir déclarer au Ministère le lendemain...

***

Après avoir transplanné jusqu'à Pré-au-Lard – où elle ne s'attarda pas – Mila se dirigea vers la Forêt Interdite d'un pas colérique et en marmonnant. Elle qui était d'ordinaire calme, il lui était très rare de s'énerver... Ce fut alors qu'elle aperçut au loin celui qu'elle cherchait : Chérémon.