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-Eulalie !

Je fis tomber par mégarde une tranche de saumon par terre, lorsque la voix alarmante de Lilo me parvint brusquement aux oreilles.

-Je....Je...Je suis désolée je...ce n'est pas moi je...je ne l'est pas...ils sont tous torchés et ils....

Je fronçai les sourcils, elle n'arriva guère à placer deux mots à la suite sans bégayer de tout son être.
La jeune brune prit enfin une grande inspiration tout en baissant les yeux, penaude.

-Ne...Ne m'en veut pas mais les garçons....

Et là je compris.

Les voix fortes de Jazzy Bazz ainsi que d'Alpha me firent reculer de deux puis de quatre voire même de dix pas en arrière.

Ils étaient arrivés.

-Ils n'ont pas attendu mon message ! Je te jure ce n'est pas moi. Ils sont presque tous bourrés, ils ont surement du boire à tout vas chez Alphonse et c'est parti en....




Mohamed était là. Mohamed était dans l'appartement.




Bordel je pouvais même le ressentir d'ici. Il...son odeur sembla flotter dans l'air et m'englober dans sa totalité. M'accaparant, me transcendant ailleurs, dans un autre monde.





Je perdis pied.








Mentalement.














Misérablement.














Mon coeur rata un battement puis un second, je tapotai ma poitrine m'assurant qu'il était toujours à sa place. Qu'il était toujours là et qu'il ne me lâcherait pas sous peu, à vrai dire.

Parce que la dernière fois que
j'avais vécue ce putin de bordel à la con j'avais fini à l'hôpital croyant
innocentement que je ne posséderais plus jamais de coeur.


-Eulalie merde non ! Eh ! Reviens-moi ! Je suis là ! Je...On va sortir d'ici c'est bon tout va bien !

Lorsque je repris mes esprits une fraction de seconde, je pus discerner un rap américain se dégageant des puissantes basses dans l'appartement. Mais aussi, mes yeux furent harponnés vers les lumières vives de la cuisine contrastant véhémentement avec la nuit hivernale qui régnait dehors. Hakim sembla disparaitre dans une épaisse couche de fumée hypnotisante, provenant du salon.

Ma respiration se bloqua dans ma gorge abruptement, mon meilleur ami me fit face et agrippa férocement mon visage entre ses doigts brûlants. Je sentis même ses ongles griffer mes joues, mais c'était trop tard. Je sombrai.

-Eh pense à ton enfant OK !? Ne fais pas de connerie ! Reste avec moi on va.....

Je décelai à peine le craquellement de sa voix et même l'environnement dans lequel nous nous trouvions me parut flou et vague. Un torrent impétueux de sentiment me gagna. Tout se mit à tanguer autour de moi, et même les murs qui étaient à priori statiques semblaient s'approcher prestement de nos deux corps.

DÉTESTATION [TOME 2] (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant