Chapitre 2- Couler

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Sous un magnifique lever de Soleil, la demoiselle s'élançait de bonne humeur sur le chemin qu'elle prenait depuis le début du mois pour se rendre à l'école

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Sous un magnifique lever de Soleil, la demoiselle s'élançait de bonne humeur sur le chemin qu'elle prenait depuis le début du mois pour se rendre à l'école.

Elle adorait écouter le chant des oiseaux qui se perchaient dans les branches d'arbres, juste au-dessus d'elle. Cette fillette chantonnait dans l'insouciance, avec les volatiles comme tous les matins, en passant sur la petite route traversant un bois. 

Elle faisait toujours attention à sa démarche, car si elle s'approchait trop du bord de la route, elle pouvait tomber dans la pente naturelle débouchant sur un fleuve sauvage. On l'avait maintes et maintes fois mise en garde et prévenue du danger. Mais pour elle, tous ces détails n'étaient que superficiels. Elle vivait donc insouciante.

La coquine avait mis ce jour-là, une jolie robe en toile blanche et bleue. Elle n'avait pas encore reçut son nouvel uniforme recommandé car l'ancien n'était pas à sa taille. Le vêtement était élégamment orné de dentelle en son bout. Avec cette robe légère, elle était la plus mignonne et ravissante fille de son école.
Ses longs cheveux noirs volaient au vent, ses fines mèches lisses se soulevaient avec la brise matinale comme des graines de pissenlit.

Son fidèle petit sac bleu accompagnait son uniforme, rebondissant sur son dos à chacune de ses foulées. La maligne y cachait surtout son doudou lapin cousu par sa mère, parce qu'il lui était impossible de s'en séparer, même si elle n'avait plus l'âge d'amener sa peluche en classe. Rien que le savoir dans son sac la rassurait. La petite écolière n'assumait cependant aucunement ses actes.

Elle avait à présent fait la moitié du chemin et avait largement le temps de le finir tranquillement

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Elle avait à présent fait la moitié du chemin et avait largement le temps de le finir tranquillement. Rêveuse, elle ferma les yeux pour respirer le bon air, quand elle ne s'aperçut pas que son corps dérivait vers le bord du chemin.

Avec le sol encore mouillé d'une pluie tombée dans la nuit, le pan de terre ne put supporter le poids de la petite et s'enfonça sous son pied. L'enfant dérapa dans une grande surprise et n'eut pas le réflexe de s'accrocher à quoi que ce soit, trop émue pour crier ou réfléchir.

Dans la précipitation, elle paniqua tout en commençant une descente ardue de la forêt, rencontrant des branches, plantes et pierres écorcheuses. La belle roulait et rebutait dans les bosses, pleine de bleus et plaies. On les comptait surtout sur son dos, traces d'une pluie mortelle. La précipitation des événements lui fit oublier les douleurs, mais la crainte, celle de voir ses ailes coupées, de ne plus avoir d'avenir radieux hantait son esprit : La balafrée ne pouvait que subir son sort en espérant s'en remettre le plus vite possible.

Tourmentée, la fille se sentait affreusement fautive et ne voulait pas inquiéter sa tendre mère. Elle s'attendait à se faire gronder comme les fois où elle dépassait les limites. Et que tout repartirait d'un bon pied. Elle aurait le droit à des excuses car on lui rabâchait qu'en faisant des erreurs, on apprenait à vivre, que c'était humain.

Hélas, la fillette ignorait que de telles futilités deviendraient le cadet de ses préoccupations...

Tout défilait à grande vitesse : l'enfant faible avait déjà dévalé six mètres de pente rude.

Tout défilait à grande vitesse : l'enfant faible avait déjà dévalé six mètres de pente rude

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Un trou approcha et sa masse se souleva avec l'élan. Elle y perdu son sac et retomba rudement. Sa petite tête de linotte percuta une roche qui dépassait de la terre.

D'abord sonnée, tout se mélangeait en son sein : ses pensées qui n'avaient le temps de trouver leurs mots, qu'un embryon de peur étouffé par la confusion. L'image du paysage déformé dans tous les sens lui provoquait quelques haut-le-cœur. Puis, la petite intercepta l'idée d'avoir perdu son sac préféré, son lapin et sali la belle robe que lui avait offert sa maman. L'enfant était si désolée ! Des larmes ruisselaient sur ses pommettes tachées de boue. Sa langue se coinçait amèrement entre ses dents. Elle voulait se faire pardonner beaucoup de choses, mais plus rien ne pouvait la faire revenir en arrière...

Avec volonté, la courageuse résista du mieux qu'elle put contre l'agréable envie de se conforter un peu dans le sommeil, une lutte acharnée contre la douleur et la fatigue envahissante.
Elle sombra subitement une poignée de secondes après son choc crânien. Son corps glissa las dans l'eau de la rivière, flottant lourdement, puis s'enfonçant ensuite dans le liquide sans attirer l'attention. L'inconsciente coulait pour ne faire plus qu'un avec l'eau douce, l'élément qui l'avait étouffé sans qu'elle n'oppose la moindre résistance...

 L'inconsciente coulait pour ne faire plus qu'un avec l'eau douce, l'élément qui l'avait étouffé sans qu'elle n'oppose la moindre résistance

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Elle dérivait en synchronie avec le courant tout en disparaissant à travers le bleu profond des eaux. Sa chute provoqua un court vacarme, sa noyade laissa un long silence dans l'air. Ses cheveux se fondaient dans la nuit qui commençait à l'accueillir. Une nuit de bon matin.

Plongée dans le néant, la pauvre fille écoutait un faible son étouffé rappelant le vague air du chant des oiseaux mêlé aux bourdonnements de l'eau, passive.

Personne ne remarqua que l'écolière de premier cycle venait d'être victime d'un glissement de terrain sur la route de son école, se noyant dans la rivière plus bas. L'enfant était proie à une grave hémorragie qui se répandait derrière elle en un voile ocre. Une rêveuse rattrapée par la réalité...

Elle manquerait bien sûr à l'appel en classe

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Elle manquerait bien sûr à l'appel en classe. Elle manquerait à tous les appels de ce mois d'Avril, à peine débuté. Son nom disparaîtrait des mémoires de ses camarades, sûrement à jamais.

En tout cas, il n'avait plus de sens pour nous.

~~Fin de chapitre~~

Anamaewa ~The sea's spell~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant