Chapitre 4- S'échouer

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Les arbres commençaient à abandonner leur verte parure, pour prendre des allures rousses

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Les arbres commençaient à abandonner leur verte parure, pour prendre des allures rousses. Les  feuilles et les papiers délaissés filaient au vent entres les grandes allées. Ils dérivaient jusqu'aux ruelles abandonnées pour s'amasser, petit à petit... Le vide et le silence transparaissent sur l'ensemble du centre-ville. Pas un homme : ils travaillaient, après avoir terminé leur repas, dans les restaurants, arrosés par un grand Soleil d'après-midi. Seules quelques feuilles mortes filant au vent peuplaient les allées. 

Une feuille vint frapper contre la vitre d'une chambre de l'hôpital, installé au centre de la ville. Cette chambre, c'était la 84ème, au troisième étage. De la fenêtre fondue dans le quadrillage uniforme du bâtiment, on apercevait deux lits :

Le plus proche de l'ouverture accueillait une fille aux longs cheveux noirs, aussi lisses que les fils du destin. Elle dormait paisiblement, allongée dans son vêtement d'hôpital un peu large pour elle : Il faut se rendre compte qu'elle ne dépassait pas trois pommes, bien petite pour son âge. Sa taille s'était affinée pour ne devenir plus qu'une bouteille vide et gondolée parce qu'on l'avait privé d'air. En l'apercevant de cette fenêtre, on penserait voir l'incarnation d'une belle aux bois dormant. Elle dormait depuis plusieurs mois déjà et ne laissait paraître aucuns signes d'un réveil prochain.

Le spectacle des rayons du soleil chatoyant le visage neutre de la patiente était époustouflant ! Pourtant, on jugerait que son environnement l'était encore plus :

Des dizaines de bouquets, certains placés dans des pots, d'autres enracinés dans des jardinières, recouvraient les tables et le sol du côté de la pièce où reposait la fillette. Un mélange spontané mais harmonieux émanait des alentours de son lit : C'était sa mère, fleuriste acharnée, qui avait organisé cette serre avec tous les sentiments qu'elle pouvait éprouver. Sûrement essayait-elle de faire revenir sa fille de ses rêves profonds en lui présentant une peinture éphémère de fleurs aux parfums exquis.

On lisait le nom de la patiente sur la petite pancarte discrète accrochée au lit. Ainsi, on apprenait que les médecins lui attribuaient un état de "coma à durée indéterminée".

Dans cette chambre devenue une plantation – digne du jardin d'Eden – malgré les protestations du personnel, seule la table de son chevet n'était pas envahi de fleurs éclatantes : Un petit doudou lapin blanc encore un peu tâché de boue, un brin de muguet aux bords fanés et une boîte fermée d'un ruban rouge, – comme pour ficeler un papier cadeau – se dressaient suspendus dans le temps, patientant que la petite les découvrent à son réveil. C'est que son anniversaire avait défilé avec ces six longs mois, emportant l'espoir avec eux.

De l'autre côté du lit, des perfusions étaient suspendues aux barres métalliques, veillant que le corps de l'endormie reçoive ses apports en énergie. On pouvait songer que des dieux veillaient au bien-être de cette âme en détresse, mais la nature constatait qu'en réalité, seul un esprit l'avait sauvé : Un nuage bleu qui flottait en pétillant au-dessus d'elle. – Mais cela, seule la nature pouvait s'en rendre compte, les humains n'en savaient rien. –

Anamaewa ~The sea's spell~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant