DESabusés

Chapitre XI

Je n'avais pas pleuré depuis si longtemps qu'au matin je me sentais revigoré, comme si la mort de Che et Loli n'avait pas vraiment d'importance. Je m'en voulais d'être aussi égoïste, mais mon esprit restait très factuelle. Ils étaient morts, il n'y avait plus rien à y faire. Hack, Phoenix, la Rouquine et moi, en revanche,étions bien vivants, et il fallait décider ce qu'on allait faire à partir de maintenant. Alors j'ai lu le carnet, et tout le mondes'est tu pour écouter.

« Alors, il y a quelque chose dans le lac ?» Phoenix frissonnait, mais pas seulement à cause du temps. Le récit que j'avais fait de la mort de Che l'avait vraiment secouée.

« Je crois que le "quelque chose", c'est le lac lui-même. » J'avais du mal à croire, mais mon instinct me disait que c'était la vérité. « L'eau est contaminée, la flore aussi et au bout du compte, la faune. »

« Nous, en somme » a rappelé Hack. « Le prof faisait des recherches sur l'eau et la façon dont elle transforme la végétation. C'est ce que disent les documents que j'ai extraits, en tout cas, même si je comprends pas tout. »

« Il faut qu'on se débarrasse de la serre. » Tout le monde a acquiescé. C'était en travaillant avec que Loli avait été contaminée.

« Et ensuite, qu'est-ce qu'on fera ?» La Rouquine n'avait pas lâché son couteau de combat depuis la veille, et le faisait tourner entre ses mains.

« Ensuite on se casse. On a ce qu'on est venu chercher. » Hack a montré une clé USB, puis l'a rangée dans sa poche. « Le soucis,c'est qu'on a plus de véhicule. Ces enfoirés de zombies ont lacéré nos pneus. Inutile d'espérer faire du tout-terrain avec ça. »

 « Il y avait un garage au village. Avec un peu de chance on trouvera des roues de secours et on pourra remettre le fourgon en état. » Personne n'aimait que le plan de la Rouquine se base sur la chance,mais c'était la seule piste qu'on avait. Quand on est descendus, on a découvert l'ampleur des dégâts de la veille. Les zombies avaient enfoncé la porte ainsi que toutes les planches aux fenêtres. Dehors, ils avaient fini de s'acharner sur le fourgon, avaient pulvérisé les fenêtres et arrachés certains sièges. Nos chances de partir avec s'étaient envolées. Hack a juré et mis un coup de pied dans la porte, puis il a commencé à descendre les sacs qu'on avait préparés en cas de départ forcé. Nous y avions empaqueté des armes et de la nourriture, ainsi que des vêtements de rechange et du matériel de premier secours. Ensuite, il a fabriqué un cocktail molotov en vitesse et l'a jeté dans le sas. Pendant tout ce temps, je suis resté immobile sur le pas de la porte, terrifié par la vigne qui avait poussé tout autour des roues du fourgon.