XII

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Cela faisait maintenant deux mois que la jeune femme avait été suspendue par son père qui avait le plus haut grade de la caserne, Lieutenant-général. Elle n'avait donc pas le choix que de s'occuper. Carley ayant eu une permission et les deux jeunes femmes, entretenant une relation depuis la nuit qu'elles avaient passé ensemble, avaient été voir les parents du soldat. Elles étaient sur le chemin du retour, écoutant la radio. Elles gigotaient en rythme sur la chanson qui passait avant que la voix de l'animatrice radio se fit entendre.

"-Incroyable. Aujourd'hui, à l'aéroport de San Diego, un pilote s'est fait mordre le bras par un gars qui aurait complètement perdu la tête.
-Sérieusement ? Mais il faut vraiment avoir quelques cases en moins pour faire ça ! fit le second animateur."

La brune regarda la radio durant quelques secondes, sourcils froncés, avant d'entendre Carley lui crier de freiner, ce qu'elle fit immédiatement par réflexe.

-Regarde où tu vas !
-Désolée, désolée. T'as entendu ce qu'ils ont dit ?
-Quoi ? Le gars qui s'est fait mordre ? Bah, y a des tarés partout tu sais.
-Mh... C'est pas faux, soupira la Major en suspend.

La route se passait dans le calme. La musique avait redémarré après les commentaires des animateurs. Les deux jeunes femmes chantonnaient les chansons alors qu'elles se retrouvaient dans les bouchons. Elles avaient mal choisi leur moment pour partir mais faire demi-tour était impossible alors elles n'avaient plus qu'à subir. Elles avaient à peine avancé de quelques kilomètres alors que cela faisait déjà une heure qu'elles étaient bloquées. La châtain se pencha et pointa le ciel du doigt. 

-Il est pas un peu bas celui-là ?
-Mh ? fit Jourdan en se penchant avant de pencher la tête. 

Le temps qu'elle regarde, il continuait à descendre et il était très proche du sol. L'avion ne cessait de descendre et il allait visiblement s'écraser. La jeune femme klaxonna frénétiquement, faisant des signes aux voitures derrières de reculer mais personne ne bougeait. Elle défit sa ceinture et sortit de la voiture. Les gens suivaient le mouvement au fur et à mesure. Elle attendit que Carley sorte et elle lui attrapa la main avant de se mettre à courir alors que l'engin fonçait droit sur eux. 

-Oh mon Dieu ! Il va s'écraser !
-Courez !
-Fuyez !!!

La panique avait pris place et tout le monde se mettait à courir dans tout les sens. Ayant été bousculée par quelqu'un, Jourdan perdit Carley. Les gens se poussaient pour éviter le pire et la jeune femme n'avait d'autres choix que de suivre mais il était hors de question qu'elle s'en aille sans sa petite-amie. 

-Carley !? Carley, réponds-moi ! 

Rien, et les cris paniqués de la foule couvraient certainement sa voix. Elle avançait bien qu'elle tentait de retrouver le soldat. La peur avait envahi Jourdan qui se voyait déjà écrasée par l'avion. Elle tremblait mais son instinct de survie la poussait à réagir et à courir même si à cet instant, elle pensait plus à la jeune femme qu'elle avait perdu et qu'elle ne retrouvait pas. L'avion atteint la terre ferme et un bruit de crash fut suivi d'une grosse explosion. Le sol se mit à trembler et des objets, des pièces provenant de l'avion filaient dans l'air et s'écrasaient au sol, venant blesser les gens qui fuyaient. Jourdan trébucha et fut manquée de peu par une barre métallique. Elle resta au sol, voyant l'objet se planter dans la carrosserie d'une des voitures abandonnées. Sa respiration était saccadée et nerveuse. Elle était pétrifiée face à l'horreur du moment. Elle sentit une main se poser sur son épaule et elle leva la tête. Elle se redressa et prit la personne dans ses bras.

-Oh, j'ai eu tellement peur.

-T'en fais pas. Je vais bien. Faut pas qu'on reste là.

Jourdan hocha la tête et suivit Carley. Les choses se calmaient et les gens s'arrêtaient de courir, certains revenant légèrement sur leurs pas. Un cri strident retentit puis un deuxième et plusieurs personnes se mirent à crier. La Major tourna la tête vers sa collègue et elles se mirent à courir en direction de l'endroit. Elle retrouva sa voiture et prit son arme de service dans la boîte à gant. Elle aurait dû la rendre mais elle avait décidé de la garder malgré tout et elle avait peut-être bien fait. S'approchant le plus possible de l'appareil écrasé sur une bonne partie de l'autoroute, elles virent un homme habillé en pilote, le bas de son corps disparu, ramper au sol en poussant des grognements affreux. Une autre personne grognait un peu plus loin, traînant une jambe.


-Oh, c'est affreux ! Les pauvres, faut qu'on appelle les secours !

La jeune femme regardait ces gens avec colère et dégoût, son arme pointée sur eux.

-Non... Non. Non ! NON ! Ils ont pas fait ça !

-Jourdan ? Qu'est-ce qui se passe.

-Ils ont libéré le virus ! Quelle bande d'imbécile ! Ils vont tous nous tuer !
-Qu'est-ce que..?

Jourdan se mit à courir, contournant l'avion. Elle chercha après une voiture laissée à l'abandon pour pouvoir rapidement rejoindre le désert des Mojaves. Elle pénétra dans une voiture et pas de clé. Elle en trouva rapidement une autre et celle-ci avait les clés sur le contact. Carley la suivit et s'installa du côté passager. La Major démarra en trombe. Elles passa entre les voitures, en poussant quelques unes au passage pour se frayer un chemin. 
Trois heures de route plus tard, elles arrivaient à la caserne et la jeune femme laissa la voiture là avant de foncer dans le bureau de son père qui était en réunion d'urgence. Sans frapper à la porte, elle l'ouvrit la laissant claquer contre le mur. Tout les hommes dans le bureau s'arrêtèrent de parler. La jeune femme s'approcha du bureau et attrapa le lieutenant-général par le col de sa veste.

-Des gens sont morts à cause de toi ! Répare tes conneries !
-Je sais ! Je sais, Jourdan ! Tu avais raison, d'accord ?!
-Fais... Faites quelque chose ! Et comment ils ont pu arriver à San Diego, c'est à cinq heures en voiture !? s'emporta la jeune femme en regardant tout les hommes présents, dont le médecin qui s'était occupé d'Alison.
-Il y a eu une panne dans le système et cela a ouvert toutes les portes. Toutes les personnes qui étaient présentes se sont fait mordre et personne n'a donné l'alerte. Le lendemain, l'hôpital était complètement vide. On en a retrouvé quelques uns mais certains nous ont échappés. Ils ont du marcher jusque là.
-Vous auriez dû arrêter tout quand Alison est morte pour de bon !
-Désolé... répondit simplement le médecin sur un ton à peine sincère.
-Désolé ?! C'est tout ce que vous trouvez à dire ? DES GENS SONT MORTS !

Elle les regardait avec mépris avant de ressortir, laissant la porte grande ouverte. Le père de Jourdan sortit de son bureau et la rattrapa, la regardant avec une mine désolée. Il lui tendit son écusson. Elle le reprit sans hésiter et le fourra dans sa poche. La colère qu'elle portait en elle se ressentait à travers ses gestes brusques et secs. 

-Nous allons mettre un plan en place au cas où on arriverait pas à réparer notre erreur. J'aimerais que tu commandes l'opération.
-J'accepte mais c'est pas pour toi. Une fois qu'ils seront dehors, on en reparlera, parlant des autres personnes dans le bureau. 
-Content de te revoir, lui souffla-t-il timidement.
-C'est ça. A plus tard.

Elle se remit en route, accompagnée de Carley qui avait donc tout entendu. La soldat lui attrapa la main et Jourdan tourna la tête vers la jeune femme avant de soupirer doucement. Il fallait qu'ils s'occupent de ça au plus vite mais la Major resituée se doutait que son père avait déjà déployé des forces pour qu'ils abattent les infectés ou qu'ils les récupèrent au moins. Elle ne pouvait rien faire en étant ici, elle ne pouvait que défaire ses affaires et recoudre son écusson sur sa veste tout en réfléchissant à quoi faire.

Ne te retourne pas : Qui tu es (Tome 2) [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant