Sincère

CHAPITRE 1: Bienvenue à Sincère

Natasha. C'était son seul prénom, la seule preuve de son existence. Elle avait dû en briser des coeurs, il n'y avait qu'à voir cette peau parfaite et ce teint de porcelaine. Ses yeux s'étiraient en amende, un œil vert et l'autre tirant sur un gris profond. Une bouche maquillée de rouge, un corps svelte et dessiné comme une poupée. Non, décidément, rien ne pouvait laisser entendre les agissements secrètes de Natasha. A part peut-être... Ses habits. Un corset violet à la soie brodée, aux lacets noirs, une mini-jupe en latex rouge et des talons à vous vriller une cheville.

Le lieutenant Laval se tenait au dessus de la demoiselle, tentant de déceler une quelconque trace de lutte. Rien. il fit la moue et se redressa, il observa les effets personnels de la victime étalés sur le sol. Muni de gants en latex, il attrapa un rouge à lèvre carmin dont le capuchon gisait un peu plus loin. Il y discerna une emprunte de pouce partielle. Laval fronça les sourcils, il attrapa les mains de la victime et vérifia qu'aucune trace de rouge à lèvre n'entachait ses mains. Il se redressa et tendit l'objet à un collègue de la police scientifique.

– Il y a une emprunte de pouce partiel, à faire examiner. Son ton sévère et graveleux fit hausser le sourcil de son collègue, qui se tue pourtant de toute réplique.

Laval abandonna ses gants en latex dans une poubelle et observa l'endroit ou cette Natasha avait vécu ses derniers instants. Un local poubelle, derrière un club privé et rempli de jolies filles. Une rouquine au corps longiligne était entendu par le Brigadier Chef Nodini. Laval se préparait à pousser la porte du club pour entendre le patron et les employés, mais son téléphone portable vibra dans sa poche. Il soupira et plongea une main dans la poche de son manteau.

– Meredith ? Pourquoi tu m'appelles à une heure aussi tardive ?

– Moi aussi, je suis contente de te voir Cael. Ironisa sa grande-sœur. Il inspira une grande goulée d'air.

– Veuillez me pardonnez votre sainteté, ce n'est pas comme-ci je travaillais.

– Tu es toujours aussi exécrable avec tes collègues ?

– Meredith, accouche !

– D'accord, d'accord, râle-t-elle. Ta nièce s'est enfuie, encore une fois. Son téléphone est coupé et je ne peux pas aller la chercher, ma voiture est en panne. Laval pesta dans sa barbe.

– J'ai compris, je te l'a ramène.

La nuit commençait à céder doucement la place au soleil. Les premiers rayons lumineux aveuglèrent le lieutenant qui plissa les yeux. Les cernes et les poches creusaient un peu plus son visage. Laval avait toujours eu un charme certain. Il l'avait toujours su et n'en avait jamais joué. La drague ? Très peu pour lui. Il avait donné une fois et ça s'était mal terminé. Au volant de son 4x4, Judicaël s'enfonça dans la forêt qui l'avait vu grandir. Sincère était une grande ville, mais tout le monde se connaissait, sauf que sincère n'avait rien en commun avec le reste de la France.

Une ville aux allures tranquilles, qu'en apparence. Située dans le nord de la France, une épaisse forêt bordait la ville. Tout le monde savait ce que renfermait une partie de la forêt, mais personne n'était assez fou pour y mettre les pieds. Même Caël faisait tout pour contourner le centre du bois. Il s'arrêta devant l'entrée d'un sentier qui permettait d'accéder au bois des promenades. Il se massa les tempes, une vilaine migraine lui brûlait la tête. C'était toujours la même chose avant chaque pleine lune. Il grogna pour lui-même et attrapa ses lunettes de soleil, il arrivait parfois que la luminosité l'empêche de réfléchir, c'est bien pour cela qu'il travaillait de nuit. Laval descendit de son 4x4, il s'engouffra entre les arbres et marcha jusqu'à une petite maisonnée en ruine, entre les pierres, dormait paisiblement une jeune fille d'à peine dix sept ans. Elle grandit si vite, pensa Caël. Il s'approcha à pas de loup et passa une main dans les cheveux frisés de sa nièce. Elle ouvrit ses grands yeux verts sur lui, elle s'étira doucement avant de se redresser avec grâce.