CHAPITRE 6: Qui es-tu Cathy ?

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Les réverbères dans la rue de Lucien Marchand grésillaient de plus en plus fort. Laval observait ce petit manège depuis quelques minutes déjà. Le ciel avait beau être noir, il n'en demeurait pas moins chargé en électricité.

- Lieutenant ?

Il se retourna et fit face à son collègue. Il hocha la tête, il fallait arrêter de contempler les réverbères et rentrer dans cette maison. Une odeur désagréable lui saisit les narines, il y avait un corps en décomposition c'était certain. Son instinct ne le trompa pas. Il découvrit le corps de Lucien, ce pauvre sexagénaire dont la gorge était déchiquetée. Caël remarqua néanmoins qu'il n'y avait aucune trace de sang qui recouvrait le lit ni les vêtements du pauvre homme.

- Quel genre d'homme peut faire ça ? Il redressa la tête et réfléchit quelques secondes.

- Sortez. Les collègues de Laval s'arrêtèrent avant de sortir un par un. Ils avaient l'habitude des humeurs du chef et personne ici ne voulait s'attirer ses foudres. La porte se referma, il était désormais seul avec le mort. Il inspira une grande goulée d'air et fit le vide dans sa tête. Laval ferma ses yeux, doucement, il commença à prendre des respirations plus importantes, inspirant avec force. Il rouvrit les yeux subitement, son odorat sur développé venait de le mettre sur une piste qui sortait des sentiers battus. Il y avait deux odeurs. La première appartenait  à un mâle, pas de l'espèce humaine, ça sentait l'hémoglobine et le souffre à plein nez. La deuxième était une effluve qu'il avait déjà senti auparavant, du jasmin. Mais qui...

Un flash désagréable lui assaillit la tête. Il était penché sur le corps d'une femme, son souffle l'effleurait dans le noir avant qu'il ne lacère son ventre.

Il eut un haut le coeur et bascula en arrière. Il se rattrapa in extremis au lit avant de reprendre ses esprits. Les détails de la veille lui revenaient en mémoire. La fragrance appartenait à Cathy. Cathy avait été dans la maison de Monsieur Marchand. Mais pourquoi ? Et surtout, qu'est-ce qu'un buveur de sang faisait avec elle ? Son coeur s'affola. Se pouvait-il qu'il lui soit arrivé quelque chose ? Caché sous une couche de mauvaise foi, il espérait que non.

Il était cependant sûr d'une chose: Ca n'était pas un homme qui avait fait ça.


* * *

Cathy n'avait pas pour habitude de tomber dans les pommes. Ca n'était pour ainsi dire, jamais arrivé. Alors quand elle se réveilla dans une chambre luxueuse au milieu de la nuit, elle pensait être de retour à New York et avoir fait un mauvais rêve. Ce fut sans compter sur une voix grave et chaude avec une pointe d'accent anglais.

- Ah vous voilà réveillée ! Elle sursauta, et se recroquevilla contre la tête de lit. L'homme laissa un sourire rassurant orner ses lèvres.

- Allons, je ne vais pas vous faire de mal... Cathy ne discerna rien dans le noir. Vous voulez sûrement que j'allume la lumière ! Son hôte ou kidnappeur selon le point de vu, pressa l'interrupteur. Cathy plissa les yeux, elle s'habitua rapidement et distingua enfin son sauveur.

Il était grand et fin, pas vraiment la carrure d'un garde du corps. Sa peau demeurait pâle comme la mort, ses yeux étaient noirs et ses cheveux de jais étaient attachés en une queue de cheval lâche. Elle sentit son coeur battre plus fort. Cathy regarda autour d'elle, aucune fenêtre et une porte qu'il lui serait sûrement difficile d'approcher. Elle se rappela alors du double de Lucien Marchand qui avait voulu la tuer puis du sauvetage de cet inconnu.

- Qui êtes-vous ? Il parut faussement ennuyé. Il s'installa sur un pan du lit, croisa ses jambes avec élégance. Cathy l'observa faire, s'évertuant à mettre une distance de sécurité entre eux.

- Je vous l'ai dis princesse. Morden de la maison Sanguinarem. Je ne peux cependant vous en vouloir. Ils nous a été tellement difficile de vous retrouver ! Elle cligna des yeux, éberluée par ses propos.

- Vous êtes... Un acteur, c'est ça ? C'est une caméra cachée, un truc dans le genre. Où c'est Laval qui me fait une blague ! Elle se redressa, sortant du lit et se mis à hurler: LAVAL ALLEZ CA SUFFIT ON SORT DE SA CACHETTE. Morden haussa un sourcil avant de glousser dans sa manche.

- Je ne vous savais pas avec autant d'humour, princesse.

- Cessez de m'appeler princesse ! S'énerva la blonde.

- C'est pourtant ce que vous êtes. Elle se figea quelques secondes avant que son visage ne vire au rouge.

- Ca suffit, je veux rentrer au couvent.

- Alors vous ne voulez pas connaître vos origines ? Il marquait un point et pas des moindres. Elle soupira. Il tapota le lit. Venez vous rasseoir.

Elle s'exécuta.

- Je suppose que votre mère ne vous a jamais rien dit sur vos origines ? Cathy fronça les sourcils.

- Ca va être difficile dans la mesure où je ne l'ai jamais connu.  Morden marqua un temps d'arrêt, visiblement surpris.

- Voilà qui est bien étrange... murmura-t-il. Bref. Votre mère s'appelait Andréa, c'était une jeune Française, native de Sincère. A ses vingt ans, elle fit la rencontre de votre père qui n'est autre que Edron de Sanguinarem. Cathy resta silencieuse un moment, elle secoua la tête.

- Ce que vous dite est faux. Mon père s'appelait Simon. Simon Rosenthal. Morden entre-ouvrit la bouche, sincèrement peiné pour elle. Puis il sembla comprendre quelque chose d'essentiel.

- Ce n'est pas votre père que vous cherchiez ... Mais bien votre mère. Vous n'avez aucune idée de ce qu'il est... Il se redressa et passa une main squelettique sur sa bouche.  Il attrapa un miroir sur la table de chevet et le brisa en deux sous sa poigne. Cathy ouvrit des yeux ronds. Il s'approcha à vitesse inhumaine d'elle et lui entailla le bras. Elle poussa un cris de surprise mêlé à de la douleur. La blonde se redressa, paniquée.

- MAIS VOUS ETES COMPLETEMENT MALADE. Hurla-t-elle, elle tenta de contenir le sang comme elle le pouvait. Mordan lécha le peu de d'hémoglobine présent sur le bris de verre.

- Délicieux. Regardez votre bras maintenant, princesse. Elle s'exécuta et se calma aussitôt. L'entaille avait complètement disparut, ne laissant qu'une grande coulée de sang, elle passa sa main sur son avant bras, pas même une cicatrise... Cathy laissa ses larmes couler, complètement perdue.

- Mais c'est quoi ce bordel... Réussit-elle à articuler entre deux sanglots. Morden se mit à sa hauteur, relevant son menton imbibé de larmes.

- Vous me croyez maintenant ? D'où pensez-vous que vous vient toute cette force, cette capacité à voir dans le noir, à courir plus vite que la moyenne et à guérir instantanément ? Sûrement pas de Simon Rosenthal. La vérité est bien moins rose que ce que vous pensiez princesse Catherine.



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