CHAPITRE 2: Laval est imbuvable

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Elle s'arrêta devant les portes du couvent. Cathy jeta un regard désabusé en arrière. Le 4x4 noir était déjà reparti, la laissant seule. Son coeur tambourinait la chamade. Les mains moites, elle tenta de se calmer et de se donner un peu du courage. Sans savoir réellement pourquoi, elle était mal à l'aise dans la maison de Dieu et ses sbires. Sauf qu'elle n'avait pas d'autre choix. Ce putain de Lieutenant de Police m'a bien baisé. Cathy cogna à la lourde porte en chêne massif. Elle s'ouvrit lentement, dévoilant la silhouette partielle d'une nonne âgée. Son regard perçant dévisagea la jeune femme. Elle lui sourit avec bienveillance et ouvrit complètement la porte.

– Bienvenue mon enfant. Le couvent Saint Joseph est fait pour les âmes esseulées. Une salutation qui coupa l'herbe sous le pied de Cathy. Gênée, elle tenta un sourire qui se transforma en grimace.

Cathy s'installa dans une cellule austère. Elle observa quelques seconde la fenêtre ovale qui donnait sur la coure intérieure. En soupirant, elle déballa ses affaires et attrapa un carnet jauni par le temps, une fine cordelette le maintenait fermé. Elle le plaça près de son coeur puis le cacha derrière son armoire. Cathy se redressa avant d'attraper un autre petit cahier rouge, elle y jeta un coup d'oeil avant de le refermer aussi sec et de s'accorder une petite sieste.

La jeune femme se réveilla en début de matinée. Elle remarqua avec étonnement le plateau repas posé sur son bureau. Elle se redressa et croqua dans une pomme qu'elle délaissa bien vite. Cathy chaussa ses bootts et enfila sa veste en cuir. Son sac sur son épaule, la jeune femme sortit du couvent, elle plissa les yeux face à soleil aveuglant. Elle attrapa ses lunettes de soleil et les enfila au bout de son nez. Cathy observa les alentours, à l'affût d'une autre présence qu'elle. Ses yeux ne discernèrent rien, mais son instinct en fut tout autre. Pourtant, elle le fit taire comme à chaque fois et se mit en marche pour descendre les hauteurs de Sincère. C'était un grand village, bordée par une forêt et un étang digne de films d'horreur. Le soleil donnait à Sincère une gaieté qu'il ne connaissait pas. Les aînés étaient dehors, jouant à la pétanque, échangeant sur les dernières nouvelles du monde. La terrasse de Mémé Jeanine était bondée, des routiers, des touristes qui venaient sûrement pour le carnaval de médeux, le reste de l'année, Sincère était une ville triste.

Cathy trouva la bibliothèque municipale avec facilité. Les panonceaux étaient explicites. La blonde poussa la porte et accueillit la climatisation avec un soulagement non dissimulé. Elle avait horreur de la chaleur, l'hiver demeurait sa saison préférée. Elle ôta sa veste en cuir, consciente qu'elle y était pour quelque chose dans son ressenti de la chaleur. Elle s'approcha du comptoir et fit face à une dame d'âge mûr aux verres de lunettes aussi épais que des culs de bouteille.

– Que puis-je faire pour vous ? Cathy tenta d'oublier son léger zozotement.

– Je voudrai voir les archives de la ville. Elle était déterminée à y mettre le nez, ça oui. La taupe la jaugea, elle retroussa le nez pour remonter ses lunettes sans l'aide de ses mains.

– Il me faut votre autorisation. Lança-t-elle avec dédain. Cathy redressa la tête.

– Une autorisation ? L'autre soupira, ennuyée.

– Si vous saviez le nombre de curieux dans votre genre qui veulent voir les archives de Sincère. On demande une autorisation de la police désormais, on nous a volé des dossiers qui appartenaient à la ville. C'est une mesure de sécurité. Cathy resta silencieuse un moment. Un sourire orna ses lèvres, tandis qu'elle pointait un doigt vers la taupe.

– Il se trouve que je connais un policier.

La température était encore montée de quelques degrés, Cathy s'arrêta pour acheter une bouteille d'eau chez l'épicier du coin. Elle la vida trop rapidement à son goût, heureusement, son entrain ne faiblit quand elle entra dans le commissariat de police. Plusieurs ventilateurs tentait de faire disparaître l'odeur âcre de la transpiration.

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