Sincère

CHAPITRE 8: Courte accalmie

Morden discutait au téléphone, dans une langue étrange depuis de longues minutes. Le soleil s'était doucement levé sur Sincère, le clocher de l'église avait résonné six longues fois avant de se taire jusqu'à ce que résonne à nouveau midi. 

Caël observait le lieu dans lequel ils se trouvaient. C'était la même maison perdue dans les hauteurs montagneuses de Sincère qui avait accueilli Cathy un peu plus tôt. Il passa une main, pensif, sur sa poitrine. Il n'arrivait pas à se dire que la petite blonde l'avait guéri d'une balle en argent. C'était tout de même, le seul moyen de le tuer de façon définitive. Elle lui avait expliqué rapidement la situation, prononçant le mot qui changea tout dans l'esprit de Laval: Dhampir.

Il avait eu du mal à la croire, comment se pouvait-il que cette fille soit mi-vampire, mi-humaine et comment se faisait-il qu'il ne s'en soit pas rendu compte avant ? Son odorat flairait la nature des autres, il avait directement su ce qu'était Morden. Mais Cathy n'avait rien semblable à un demi-vampire. Ce qui le chiffonnait le plus, était certainement le fait qu'elle soit son âme liée. Il le savait depuis le début au fond de lui, préférant faire taire cette petite voix réjouit sous une tonne de mauvaise foi et humeur.

Il était certain qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'était l'imprégnation et encore moins de son rôle dans sa vie à lui. Il ressentit de la fatigue rien que de penser à l'explication qu'il devrait lui donner. Il laissa son regard glisser sur le dos de la jeune femme, nerveuse, elle se rongeait le pouce gauche, son autre bras calé contre sa poitrine. Elle semblait fixer un point imaginaire, puisque toutes les fenêtres de la demeure étaient condamnées. Morden raccrocha et se mordit la lèvre en restant silencieux. Cathy l'observa, elle n'était pas dupe, quelque chose n'allait pas.

- La situation est encore plus délicate que ce que je pensais... Commença le vampire renié. Il posa le téléphone sur la petite table et s'approcha des deux jeunes gens.

- Que voulez-vous dire ? Demanda la blonde. Judicaël n'eut pas grand mal à percer les pensées de Morden qui braqua un regard menaçant sur le loup garou. Ils s'affrontèrent du regard quelques secondes avant que Morden ne comprenne les craintes de Laval.

- Eh bien... Si les succubes sont du côté de la régente et de son fils, nous allons avoir du mal à vous faire entrer dans la cour. Mentit-il.

Cathy entre-ouvrit la bouche, prête à répondre avant de s'arrêter aussi net. Que venait-il de dire exactement ? Régente ? Fils ? Cour des vampires ? A quoi tout cela rimait ?!

- De quoi parlez-vous ? Morden sembla se rappeler qu'il n'avait pas fini son histoire. Sentant qu'elle paniquait un peu plus, Caël posa sa main sur son  bras. Mais à sa grande surprise, Cathy s'éloigna, repoussant le geste de l'homme. Si il en fut quelque peu blessé, il ne le montra pas.

- Pour faire court, la régente est la dernière épouse de feu, votre père. Ils ont eut un fils, le prince Sven, la reine Makaria a tué votre père et a fait un coup d'état avec l'aide de plusieurs généraux. Elle a tué tous les partisans du roi Edron et ceux qui ont réussi à s'échapper se sont trouvés reniés et pourchassés. Caël n'avait aucune idée de qui était Edron, mais il avait bien entendu le terme roi et reine, ce qui faisait de Cathy... Une princesse ?

- Ca ne me dit toujours pas pourquoi on veut me tuer ! Grogna Cathy.

- Votre Makaria, là... Elle chasse les héritiers légitimes et illégitimes, n'est-ce pas ? Morden acquiesça gravement. Cathy passa de Laval à Morden, blêmissant soudainement.

- Mais c'est insensé ! Je ne veux pas de son trône de merde ! Encore moins de son titre !

- Croyez-moi, Makaria ne se formalise pas de ce que vous voulez ou non. Elle élimine la concurrence princesse Catherine.  Vous êtes la deuxième Dhampir royale, bien qu'illégitime. Elle ne veut surtout pas que la couronne se pose sur la tête de quelqu'un d'autre que Sven. Nous devons vous protéger.