Sincère

CHAPITRE 3: Désillusions

- Romer, c'est ça ? Le jeune homme blond releva les yeux vers Cathy.

- Oh ! Bonjour, je ne pensais pas que vous passeriez de sitôt ! Il sourit, visiblement content de la voir.

- En fait, le Lieutenant Laval a dû déposer quelque chose pour moi, une autorisation écrite pour les archives de la bibliothèque. Romer pointa un doigt dans direction d'un air entendu. Il attrapa une feuille avec la signature de Laval et le cachet du commissariat.

- Vous êtes une sacrée veinarde. Laval ne prend pas la peine de se déplacer pour ce genre de chose lorsqu'il est en télétravail. Cathy fronça les sourcils.

- Il fait du télétravail ? Un type comme lui. Romer gloussa, hochant la tête.

- Ouai, je sais, on ne dirait pas mais il a des problèmes de santé. C'est un deal qu'ils ont trouvé avec le commissaire. Moins il se fatigue mieux c'est apparemment. Cathy en venait à bénir la langue trop pendue de Romer. Une idée germa alors dans son esprit farfelue, l'idée d'en apprendre plus sur Laval lui plaisait bien.

- Dîtes, vous seriez libre pour aller boire un verre chez mémé Jeanine ce soir ? Romer fut surpris un quart de seconde avant de sourire de toutes ses dents.

- Ce serait avec plaisir Miss...?

- Cathy.

- Enchanté Cathy, je suis Jérémie.

- Moi de même Jérémie, je vous laisse, à ce soir. Elle attrapa l'autorisation et fila rapidement du commissariat. Utiliser Jérémie pour en savoir plus sur Laval était digne d'un enfant de cinq ans, mais c'était un mal pour un bien. Puis... Elle n'avait pas eu de compagnie depuis un très long moment, trop long moment...

Cathy brandissait victorieusement son autorisation devant les yeux de  miss zozotement, qui a contre-coeur, la laissa accéder aux archives sous la bibliothèque. Le décor était comment dans les films, pas de fenêtres, néons qui sautent et poussière à foison. Cathy tenta de ne pas éternuer, elle observa les étagères où les cartons s'empilaient parfaitement. Heureusement pour elle, elle n'eut pas à farfouiller longtemps, les archives étaient triées par année. Cathy se plaça devant l'année quatre vingt six qui ne contenait que deux cartons. Elle ne trouva que des documents administratifs de la mairie et des photos du carnaval de Sincère. Loin de se décourager elle passa à l'année quatre vint sept.

- Rien... Il n'y a rien. IL N'Y A RIEN. Hurla-t-elle en regardant pour les autres années qui l'intéressaient. Ce n'était pas possible, l'étagère était entièrement vide. Cathy se mit à chercher dans la pièce si les archives des années manquantes n'avaient pas été déplacées. Elle eut beau faire le tour de la pièce six fois, fouiller de fond en comble... Elle dut se rendre à l'évidence. Les archives de quatre vingt sept à quatre vingt neuf avaient disparu.

Ses mains commencèrent à trembler. La jeune femme serra les poings tellement fort que ses jointures craquèrent. Dans un élan incontrôlé, elle balança un coup de poing sur l'étagère vide. Celle-ci se brisa en deux. Cathy prit conscience de ce qui venait de se passer, choquée par sa propre force, elle se recula et attrapa son sac à dos avant de sortir de la bibliothèque. Miss zozotement arrivait en même temps, alertée par le bruit sourd provenant d'en bas.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- J'ai cassé une de vos étagères. Répondit calmement la blonde.

- Mais pourquoi cela ? Demanda miss zozotement, outrée.

- Je ne trouvais pas ce que je voulais, il n'y a aucunes archives entre quatre vingt sept et neuf ! S'emporta la blonde. Miss zozotement fronça les sourcils.