Se laissant guidé par une voix robotique dans ses écouteurs, Martin faisait le va-et-vient dans les couloirs de la clinique afin de mémoriser au mieux les lieux et l'emplacement de chaque salle quand il poussa tout naturellement la porte de celle des urgences. Au centre de la pièce, plusieurs médecins et infirmières s'affairaient autour d'un même et unique patient qu'ils firent glisser d'un brancard à son lit en à peine quelques secondes.
L'attention du jeune interne fut tout particulièrement attirée par ce médecin aux mèches poivre et sel plutôt séduisant... bon oui ok carrément canon qui se tenait non loin de son patient. Le regard du brun dévia instantanément sur la main gauche de ce dernier : aucune alliance à son annulaire, ouf ! Mazeltov ! Alléluia ! La vie valait encore la peine d'être vécue !
- je veux nfs, chimi, iono et on lui fait les gaz du sang, vite !
Décidément, le médecin canon savait mener ses troupes comme personne et se démenait corps et âme pour sauver la vie de son patient. Totalement captivé par ce moment et par le sang-froid sans faille dont faisait preuve cet homme qui semblait si sûr de lui et du moindre de ses faits et gestes, Martin retira aussitôt ses écouteurs et afin de l'admirer pleinement, il les remit avec soin dans la poche de sa blouse blanche avec son téléphone.
- toi le p'tit nouveau, ne reste pas là à rien faire ! Rends-toi utile, vas t'entraîner à faire des points dans la salle d'à côté !
C'était la voix criarde du docteur Lellouche qui lui revenait aux oreilles, déçu, Martin resta figé un instant et malgré le sentiment d'immense déception qui l'envahit à ce moment précis, il s'exécuta sans dire un mot.
La démarche lente, qui faisait douloureusement écho à son humeur du moment, il rejoignit finalement cette maudite salle de suture où à sa plus grande surprise jonchaient au sol plusieurs ustensiles nécessaires à réaliser des points. Ce fut sans la moindre hésitation qu'il s'agenouilla pour les ramasser et les déposer avec soin dans le grand évier qui lui faisait face.
- faudra pas oublier de les désinfecter.
Cette voix infiniment douce lui donna des frissons dans tout le corps, il tourna la tête vers l'entrée de la salle et y retrouva le médecin aux mèches poivre et sel carrément canon, il se tenait au chambranle de la porte et le fixait avec attention. Il aurait voulu lui demander des nouvelles de son patient mais n'en fit rien, il n'osait pas à cause de cette putain de foutue timidité qui ne le lâchait pas, surtout quand il se retrouvait en présence de personnes aussi séduisantes.
- et de te laver les mains ensuite.
- oui, je sais.
Et sinon l'eau ça mouille. Ah oui et le feu ça brûle aussi non ? L'homme en blouse blanche, chemise bleu ciel et cravate bleue marine s'en était allé mais pas l'agacement de Martin, alors oui bon ok il était jeune interne en médecine, mais pas stupide non plus hein !
Oups, il avait parlé trop vite en fait, sa première journée n'avait été remplie que de conseils du même genre et autres évidences incontestables qui avaient le don de l'irriter au plus haut point. Son constat était sans appel, pour ces autres médecins titulaires, l'élève était encore bien loin de dépasser les nombreux maîtres des lieux, il devrait faire avec malheureusement et s'y habituer à l'avenir.
Ce matin-là, alors qu'il était encore entrain de se changer dans les vestiaires spécialement aménagés pour tous les internes masculins de la clinique, Martin prêta une oreille attentive aux propos de son collègue Julien qui se déshabillait à quelques mètres de lui tout en parlant à son ami Baptiste.
- y a un de ces médecins beau gosse aux urgences Baptou, je te raconte même pas, hier soir j'étais en mode bave pendant toute la durée de son intervention.
Alors qu'il faisait tout juste passer sa tête à travers le col de son pull, l'image du docteur Florès vint immédiatement se graver dans la tête de Martin. Florès. Il n'était pas encore très sûr que ce soit effectivement ce nom qui soit bel et bien brodé sur la blouse blanche du beau médecin, mais ce n'était qu'un point de détail, après tout, il préférait largement se laisser aller à sa douce contemplation comme celle de la veille par exemple. Il revoyait les traits fins et absolument parfaits de son visage, ses mèches poivre et sel délicieusement hirsutes, son regard bleu gris à la fois magnétique et hypnotisant, et enfin son sourire d'un blanc éclatant qui ferait fondre un iceberg en pleine banquise. Ça ne pouvait être que lui. Forcément. Il ne voyait pas d'autres médecins aussi irrésistibles. Aucun ne lui arrivait à la cheville. En toute objectivé, bien sûr.
- ben vas-y, qu'est-ce que t'attends mec ? Fonce ! Y a plus une minute à perdre !
Encore hilare après son aveu, Julien accueillit avec enthousiasme le check que Baptiste lui donna en guise d'encouragement. Cette petite scène eut le don de faire paniquer doucement Martin, et si Julien arrivait à ses fins ? Et s'il arrivait à séduire le docteur Florès ? Comment réagirait-il ? Cette question allait probablement rester là, en suspens, à traîner inlassablement dans un coin de sa tête jusqu'à la fin de son poste.
Barthès. Docteur Barthès. Et pas Florès. Martin avait finalement eu le temps de bien checker le nom sur la blouse du poivre et sel après ses nombreuses et diverses contemplations au fil des jours.
- il a quoi comme voiture Barthès ? Quelqu'un sait ?
Jusqu'alors perdu dans ses pensées, Martin en sortit dès l'instant où il entendit le nom du beau médecin être prononcé dans les vestiaires de la clinique, son cœur rata un battement, cela venait à nouveau de la bouche de son collègue Julien, encore lui, toujours lui, il n'était même plus étonné à force.
- une Macan S noire je crois, pourquoi ?
Martin remercia mentalement son ami Hugo de lui avoir posé franchement la question, lui n'aurait pas osé afin d'éviter tout soupçon sur son attirance pour le beau médecin.
- tu veux le stalker jusque chez lui, c'est ça ?
Le sourire de Martin s'élargit en entendant la provocation de son ami et le regard noir que lui adressa Julien en retour, s'il avait eu un jardin chez lui, il aurait érigé une statue à l'effigie d'Hugo Clément sur le champ !
- mais non, n'importe quoi. C'est juste histoire d'en apprendre un peu plus sur lui, je me renseigne, c'est tout. Je sais déjà qu'il est gay. Ça me paraît être un bon début.
- comment tu le sais ?
Piqué dans sa curiosité, son ami Baptiste venait de lever un sourcil dans sa direction tout en commençant à ouvrir la ceinture de son pantalon pour le baisser jusqu'à ses chevilles musclées, quant à Martin, il écoutait toujours d'une oreille attentive, sans en avoir l'air.
- c'est Vincent de l'accueil qui me l'a dit. C'est son super pote depuis une dizaine d'années au moins. D'ailleurs, c'est Barthès qui l'a pistonné pour pouvoir bosser ici.
- et genre il t'a lâché ça comme ça : « ah oui, au fait, mon meilleur pote est gay », mais bien sûr, je vais te croire tiens !
Décidément, Hugo faisait preuve de ténacité, il ne lâchait rien face à Julien au plus grand plaisir de Martin qui jubilait intérieurement de voir son rival en si mauvaise posture.
- mais non, c'est pas du tout comme ça que ça s'est passé. En fait, Vincent me parlait d'un de ses ex et la conversation a vite dévié sur Barthès parce qu'il se trouve qu'ils ont cet ex en commun. Bref, tout ça pour dire que j'ai encore toutes mes chances, plus que jamais.
Martin ne put s'empêcher de sourire jaune à la remarque remplie de certitude de Julien, d'un côté, il était heureux d'apprendre que le docteur Barthès était bel et bien attiré par les hommes, de l'autre, il n'était malheureusement pas seul sur le coup et Dieu que la concurrence était rude, ça ne servait strictement à rien d'entrer dans la course, face à Julien, il partait clairement vaincu d'avance.
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Quotidien Med
Fanficou quand un jeune interne en médecine craque secrètement pour un titulaire plus âgé que lui. 100 % AU.