Un mois que Martin vivait une rupture difficile, un mois qu'il errait comme une âme en peine dans les couloirs de la clinique, un mois qu'il n'avait plus affaire à son ex, un mois qu'il évitait de croiser son regard, un mois qu'il ne lui adressait plus un seul mot, un mois qui était rapidement devenu le plus douloureux de sa vie, et de très loin.
- ah oui je t'ai pas dit...
Entre deux cuillerées de bol de quinoa portées à sa bouche, Hugo profita d'être assis en face de son ami dans la salle de pause pour lui raconter les derniers potins dont il avait été le témoin, pas plus tard que la veille.
- ... hier à midi, j'étais assis à la même place et t'avais Julien et Baptiste qui discutaient juste derrière moi et là t'as Julien qui lui balance : « ouais, ça me soûle, depuis qu'on l'a fait, Yann arrête pas de me draguer, il me fait les yeux doux, des sourires en coin, il me mate les fesses dès que j'ai pas ma blouse et il arrête pas de me harceler pour qu'on aille boire un verre rien que tous les deux. » Enfin, tu vois le genre quoi.
- pfff vaut mieux entendre ça que d'être sourd.
Martin leva les yeux au ciel, décidément, ces deux-là s'étaient bien trouvés, dans cette histoire, il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre.
- mouais, je sais pas, j'y crois pas trop, à mon avis, c'est du mytho, Julien a dû faire exprès de dire ça parce qu'il savait que je pouvais l'entendre de là où j'étais et il voulait sûrement que je te le répète.
- peut-être, c'est possible, en même temps, je pensais connaître Yann sur le bout des doigts et tu as bien vu ce qui est arrivé... bref, tout ça pour dire qu'on ne connaît jamais vraiment les gens en fin de compte.
En guise de réponse, Hugo adressa une moue dubitative à son ami, c'était clairement la rancœur qu'il éprouvait encore envers son ex qui le faisait parler, et rien d'autre.
Lorsque le docteur Carbonnier passa juste devant le comptoir de l'accueil en ce début d'après-midi, son regard se dirigea tout de suite vers Julien et il se voulait sans la moindre pitié à son égard.
- c'est bon, notre patient va enfin pouvoir le passer son scan' crâne, c'est pas trop tôt. Et certainement pas grâce à toi.
Sur la défensive, l'interne spécialisé en neurologie était visiblement vexé que ce reproche lui ait été fait en public et surtout devant un Vincent qui pianotait sur son ordinateur et un Martin qui était plongé dans la lecture d'un dossier.
- mais j'y peux rien si la machine est restée bloquée toute la matinée, c'est pas ma faute.
Visiblement peu convaincu par ces piteux arguments, le docteur Carbonnier poursuivit sa route dans les couloirs sans rien dire, ce qui ne fut pas le cas de Martin qui se sentit tout de suite visé par les critiques de l'autre énergumène, après tout, le scanner était tombé en panne juste après que son patient de dix ans ait subi ledit examen.
- ah parce que c'est de la mienne peut-être ?
La voix du brun était métallique, il fusillait son interlocuteur du regard, ce type lui sortait vraiment par les yeux, il ne pouvait plus le voir en peinture. Ce qu'il avait appris le matin-même de la bouche d'Hugo l'avait rendu d'une humeur massacrante, il voulait lui rentrer dans le lard à ce sombre connard et il avait saisi la première opportunité qui s'était présentée à lui, et il ne comptait plus reculer, surtout pas maintenant.
- j'ai pas dit ça.
- non mais tu l'as pensé tellement fort que j'ai pu le deviner d'ici.
- pfff si tu le dis.
VOUS LISEZ
Quotidien Med
Fanficou quand un jeune interne en médecine craque secrètement pour un titulaire plus âgé que lui. 100 % AU.