Chapitre 3 : docteur Casanova et mister Coco Chanel

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- bon allez, je vous laisse, faut que j'y retourne moi.

Yann écrasa sa cigarette dans le grand cendrier prévu à cet effet au plus grand dam de Martin qui se voyait bien encore discuter des heures et des heures avec lui même dans ce froid quasiment polaire.

- salut Yaninou !

L'intéressé répondit au geste de la main de Vincent avant d'entrer dans la clinique par la porte de derrière sous le regard conquis de Martin qui se contentait de sourire timidement sans rien dire.

- c'est pas vrai. Je peux pas le croire.

La remarque du réceptionniste le fit sortir immédiatement de sa rêverie, piqué dans sa curiosité, il leva un sourcil dans sa direction, à quoi faisait-il allusion au juste ?

- quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- il y a que tu craques à fond pour lui ! À fond les ballons je dirais même !

Et merde. Il n'avait même pas tenu deux semaines avant de se faire gauler. Quatorze malheureux jours, c'était un piètre score, totalement ridicule, même pour lui.

- pour qui ?

Jouer les innocents allait-il marcher ? Surtout avec Vincent Dedienne en tant que contradicteur ? Mouais, pas sûr !

- pfff pour qui à ton avis ? Le prix Nobel de médecine ! Pour Yaninou voyons !

- quoi ? Mais non ! N'importe quoi !

- oh je t'en prie, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Tu le dévorais des yeux tout à l'heure. C'est de ta faute, t'avais qu'à être plus discret ! Et au lieu de continuer à nier, tu ferais peut-être mieux de te demander ce que tu dois faire.

- à propos de quoi ?

- ben de Yaninou ! Pour le prendre dans tes filets !

- mais j'en ai pas envie !

- vu que tu as accepté de me ramener chez moi sans rechigner, je veux bien te filer quelques tuyaux gratos, t'as de la chance, je suis pas si généreux d'habitude.

Bon oui ok, le jeune interne le reconnaissait aisément, il n'était pas franchement convaincant, ça ne servait à plus rien de nier son attirance pour le beau médecin, Vincent avait su lire clairement dans son piètre jeu d'acteur.

- alors déjà première leçon sur le mode d'emploi certifié Yann Barthès : aucune chance qu'il fasse le premier pas vu que techniquement c'est ton boss, il aurait trop peur de se prendre une plainte pour harcèlement au derrière, qu'il a de très joli d'ailleurs, bref passons, tout ça pour dire qu'il est très à cheval sur le règlement de la clinique mais pas d'inquiétude, ce n'est pas interdit de se fréquenter entre étudiants et titulaires, c'est juste fortement déconseillé. Des questions ?

Martin pesait encore le pour et le contre, est-ce que le réceptionniste était digne de confiance ? Il hésitait encore à donner une réponse franche et définitive.

- allez, vas-y, envoie, ça fait plus de dix piges qu'on se connaît lui et moi, je suis le mieux placé pour te répondre tu crois pas ?

Vincent venait de marquer un point, Martin se devait de le reconnaître. Des centaines de questions se bousculaient dans sa tête mais il y en avait qu'une qui lui brûlait les lèvres à cet instant.

- est-ce qu'il t'a déjà parlé de moi ?

- franchement ? Non. Mais rassure-toi, ça ne veut pas dire grand-chose, Yann est une tombe en ce qui concerne sa vie privée donc même si tu l'intéresses il ne le dira à personne, même pas à moi.

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