Chapitre 15 : reculer pour mieux sauter

451 18 36
                                    

Un an plus tard... ou presque :

- Martin, tu prends quand ta pause déj' ?

- shhhhhh.

Son patient de deux mois dans les bras, le jeune interne spécialisé en pédiatrie mit son index devant sa propre bouche avant de relever la tête vers son ami Hugo qui se mit tout à coup à chuchoter dans la chambre du bébé.

- c'est fou, il est toujours hyper calme quand il est dans tes bras.

Hugo se tenait debout juste à côté de la chaise de Martin qui regardait encore et toujours le petit Noah avec tendresse, né sous X, sa mère séropositive avait transmis le VIH à son enfant et le brun s'était pris d'affection pour ce véritable bout de chou depuis le premier jour de sa naissance.

- tu sais que tu ferais un très bon père, mec.

- bien sûr, je serais clairement le meilleur.

Martin répondit avec humour au compliment de son ami, lui non plus n'était pas très à l'aise avec les éloges, exactement comme son amoureux.

- vous en avez déjà discuté avec Yann ?

- non. Je sais que c'est bizarre mais on parle jamais de nos projets futurs entre nous. Disons qu'on vit au jour le jour.

Piqué dans sa curiosité, Hugo leva un sourcil intrigué vers son interlocuteur alors que Noah dormait toujours paisiblement dans les bras visiblement très confortables de ce dernier.

- pourquoi ? Ça fait plus d'un an et demi que vous êtes ensemble, ce serait la suite logique à votre relation de penser à vous construire un avenir solide à tous les deux.

- ouais, je sais.

Son ami avait l'air pensif et Hugo se permit d'insister afin de lui tirer les vers du nez.

- Martin ?

- quoi ?

- t'as peur de lui en parler, c'est ça ?

- c'est peu de le dire. Je suis terrifié rien que d'y penser. À l'idée qu'il ne veuille pas les mêmes choses que moi. Je crois que je préfère encore ne pas savoir en fait.

Martin n'avait pas quitté Noah des yeux une seule seconde durant ses pudiques confidences, comme s'il lui transmettait en quelque sorte toute sa force pour avouer ce qu'il avait vraiment sur le cœur à cet instant.

- mouais, c'est plutôt casse-gueule comme méthode, je te la conseille pas, ce serait reculer pour mieux sauter.

- tout ce que je sais c'est que je refuse de vivre sans lui, je ne veux pas le perdre alors si contrairement à moi, il se trouve qu'il ne veut pas d'enfant et ben tant pis, on n'en n'aura pas, c'est tout, c'est le destin, c'est que c'était écrit comme ça.

Joignant le geste à la parole, le jeune interne en pédiatrie se mit à hausser les épaules sur son siège à la plus grande désapprobation de son ami qui se tenait toujours debout à ses côtés.

- non mais c'est n'importe quoi. Tu peux pas sacrifier ton désir d'enfant pour rester avec lui, ce serait pas juste, pour aucun de vous deux.

- je m'en fiche, c'est lui que j'ai choisi, c'est lui et ce sera toujours lui, à chaque fois. Et puis, arrête de me faire la leçon, je suis un grand garçon je te signale, je fais encore ce que je veux.

Le regard marron de son interlocuteur se voulait agacé alors Hugo battit en retraite dans la seconde, ils n'allaient tout de même pas se fâcher pour si peu, si ?

Quotidien MedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant