Chapitre XL : Drôles de comportements

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Aujourd'hui, Alexis est un peu bizarre avec moi.
Il ne cesse de presque se coller à moi, à me renifler le cou...
Si je n'étais pas autant habituée aux gens bizarres et étranges, à commencer par Heiling, je trouverais Alexis extrêmement dérangeant. Et bizarre.
Les gens autour de nous, surtout nos amis ne trouvent aucunement ces agissements étranges.
-Ça va, vous deux ? nous lance Tina sous le regard amusé de Nadejda. Alexis devient plus démonstratif ?
-En public...rajoute Nadejda avec un petit rire empli de sens.
James se mord un doigt, le côté interne des sourcils levés. Alexis s'immobilise et regarde les autres.
-Ça suffit, on arrête de nous surveiller et se rincer l'œil ! dit-il, sourire aux lèvres.

On retourne alors en cours.
Je suis songeuse. À tout ce qui se passe autour de moi depuis quelques jours, que ce soit avec Alexis, avec Jeffrey, et tous mes amis. Je soupire. Tout est un peu, comment devrais-je dire ? Retourné, sans dessus dessous, dans ma tête...
Je ne sais plus vraiment où j'en suis. Mais ce que je sais, c'est avec qui je suis.
En ce moment, je vois tout le monde rire et s'amuser, je souhaiterais voir cela pour toujours...Je sais, c'est utopique, beaucoup trop utopique, mais personne ne peut vous interdire de rêver, on est libre de penser ce que l'on veut. Et on ne maîtrise pas vraiment nos pensées à cent pourcents alors je me dis que tant qu'à faire, autant les laisser aller où bon leur semble.

En classe, contrairement à hier, je ne cesse de soupirer avec la fougue de la colère.
Alexis me fixe à chaque soupir que j'expire, souffle chaud se répendant dans l'air ambiant. Il a les sourcils relevés de leur côté interne, au centre de son visage, expression peinée qui me rend tellement triste. Je lui tapote l'épaule à chaque fois comme pour le rassurer. Et jamais sa réaction ne manque, il sourit d'une manière tellement sincère qu'on croirait avoir un livre ouvert, une âme entièrement transparente devant soi.
J'aime sa sincérité. Jamais il ne m'a menti, aussi loin que je me souvienne, et les gens aussi sincères sont une denrée rare dans notre monde corrompu de tous les côtés.

À midi, avant d'aller manger, quand je vais à mon casier, coin un peu isolé, Alexis me suit et colle de nouveau son visage à mon cou. Je suis traversée d'un petit frisson mais je ne fais aucun commentaire. Je me contente de faire ce que j'ai à faire, c'est-à-dire ranger mes affaires et prendre celles du cours après la longue pause de midi, et la position d'Alexis ne change pas.
Je vois ses poings serrés et ses bras tremblotants, comme s'il se retenait de faire quelque chose, comme si ça le dénangeait. J'ai un peu de peine pour lui. Je lui touche alors la main avec affection, geste qui traduit une petite intimité.
Je m'entends vraiment bien avec lui. J'ai l'impression de le connaître depuis toujours, comme si nous avions grandi ensemble. Peut-on parler d'âmes sœurs ou bien sommes-nous plus rationnels et ne voulons pas y croire ? On appelle âmes sœurs deux personnes qui se ressemblent beaucoup, en somme c'est votre moitié. Après tout, on s'en fiche, parce que c'est beau. Même l'appelation est belle !
Des âmes sœurs...
C'est beau...C'est vraiment beau...
Je soupire et nous devons alors retourner en cours.

L'après-midi, nous assistons à ces derniers sans piper mot.
À la fin, je retourne à mon casier pour y déposer mes affaires. Quand je me retourne, je suis surprise de voir Alexis si proche de moi aussi subitement.
-Tu as failli me faire avoir une crise cardiaque ! dis-je en riant, un peu nerveusement.
-Pardon...murmure-t-il. Tu vas à quelque part, maintenant ?
-Oui, je dois voir quelqu'un.
Il soupire.
-Qui ?
-Il s'appelle Jeffrey.
Je vois sa bouche se pincer, sans doute car il s'est crispé et a fait crisser ses dents.
-Désolé....dit-il avec un certain mystère dans la voix.
Il se penche vers moi avant de soudainement mordre mon épaule à pleines dents ! J'ouvre mes yeux de stupeur, trop ébahie, ahurie et hébétée pour produire un seul son. Il insiste un peu et je sens alors ses dents, qui sont très pointues, s'enfoncer dans ma chair. Je serre les miennes pour tenter de pallier à la douleur que me procure cette morsure.
Finalement, Alexis me lâche et me regarde fixement, comme s'il attendait quelque chose de précis. Je balbutie, haletant un peu :
-Alexis, mais qu'est-ce que tu...
Il a alors immédiatement un air déçu et peiné avant de me couper :
-Rien...Pardon...Tu ne comprends pas et tu as le droit de me détester. Pardon !
Il s'enfuit alors en courant, avec une vitesse déconcertante, me laissant seule et presque sonnée suite à ces événements soudains...Je respire fort, on doit m'entendre dans tout le couloir. Je porte ma main gauche à mon épaule droite, celle qu'il a mordue et qui saigne. Ce n'est pas dramatique mais ce n'est pas spécialement agréable non plus...

Mon lycanthrope favoriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant